Mon année pandémique en Tchéquie : « Très rapidement, je me suis résigné »
Le 1er mars a marqué le premier anniversaire de l’annonce officielle du premier cas de coronavirus dépisté en Tchéquie. A cette occasion, Radio Prague Int. vous propose des témoignages de personnes résidant en Tchéquie, de manière provisoire ou permanente, qui reviennent sur cette année extraordinaire. Pour ce nouvel épisode, Bernardo Tonasse, Brésilien polyglotte installé à Prague depuis six ans, nous parle de la façon dont le COVID l’a contraint à reprendre le travail à la maison et de la façon dont il a vécu l’année écoulée :
« Ça n’a été une bonne expérience pour personne, mais pour moi, surtout, c’est arrivé alors que je venais de changer de travail et de mode de travail. Après dix années passées à travailler depuis chez moi, en tant que traducteur en freelance, quelques mois avant le début de la crise, j’avais changé de travail pour la première fois. J’avais commencé à travailler dans un bureau, avec des collègues et tout ce qui va avec, et paf ! Quelques mois plus tard, j’ai eu à revenir à ma vie d’avant. Ça ne me déplaisait pas particulièrement, mais c’était quand même problématique, puisque j’étais ravi du changement, d’avoir enfin quelque chose de nouveau dans ma vie… Mais voilà, ça fait donc un an que je suis à nouveau à la maison. »
Vous travaillez donc uniquement en télétravail ?
« Oui, mais ça n’a pas vraiment posé de problème, parce que ma fille est assez tranquille, et puis j’ai un bureau dont je peux fermer la porte… »
Qu’en est-il de la vie en dehors du travail ?
« Je pense qu’en un an, j’ai rencontré des amis deux, trois fois en tout. C’est assez déprimant… Tout a été annulé, j’avais prévu un voyage en Italie avec ma famille, cela aura du être le premier voyage avec ma fille… Ma famille brésilienne avait également prévu de venir à Prague… Les loisirs culturels, les loisirs de la vie citadine n’existent plus… »
Est-ce que le chant – et avec lui les rencontres, le contact social – vous manquent ?
« C’est peut-être ce qui me manque le plus. C’est la première fois en quinze ans que je ne chante pas. Ici à Prague, je chantais dans plusieurs chorales, et dans tous les endroits où j’ai habité, je chantais dans des chorales… Mais tout s’est arrêté. »
Comment êtes-vous parvenu à vous changer les idées malgré le côté anxiogène de la situation ?
« Je me suis plutôt très rapidement résigné, me disant qu’essayer d’aller à contre-courant ne servait à rien. »
Comment voyez-vous le comportement des Tchèques pendant cette crise ?
« Je ne veux insulter personne, mais je dois dire que je suis assez déçu du comportement des Tchèques : trop inconscients, faisant comme si rien ne s’était passé, et surtout je déteste cette habitude de croire que tout est la faute du gouvernement. Je comprends, d’autant que les Pragois n’aiment pas le gouvernement actuel, mais je pense qu’il faut être un peu rationnel et voir qu’on ne peut pas tout mettre sur le dos des gouvernants. »
Estimez-vous que le gouvernement tchèque a bien réagi ?
« C’est difficile de répondre, parce que je ne suis pas un spécialiste de la question, et je ne peux donc que reproduire les avis d’autres personnes, et je ne suis pas vraiment en mesure de juger ce qui est correct et ce qui ne l’est pas. En tant que citoyen – j’entends par là en tant que membre de cette communauté – je ne peux que faire confiance aux spécialistes qui décident ce qu’il y a de mieux à faire. Et là, encore une fois, je ne souhaite pas dépenser énormément de temps ou d’énergie mentale à essayer de comprendre s’il s’agit de bêtises ou pas, puisqu’il y a des gens qui savent mieux que moi. Ils peuvent se tromper, bien sûr, mais ce n’est pas à moi de leur dire qu’ils se trompent. Là encore, j’attends, et j’essaye de faire confiance le plus possible.
Bien sûr, on peut faire des commentaires sur l’attitude du gouvernement d’un point de vue politique – mais pas médical ni épidémiologique. Pour ma part, je pense que si au départ ils ont donné le bon exemple, c’est un peu dommage – et un peu de leur faute aussi – qu’ils aient ensuite laissé croire à la population que tout était réglé, que ce n’était pas un grand problème… Mais là aussi, je me mets à leur place, j’imagine que politiquement, c’est une situation extrêmement difficile – comme on dit au Brésil, on est 'entre la croix et l’épée', c’est-à-dire que quoi qu’ils fassent, cela déplaira aux gens. Oui, leur gestion de cette crise n’a peut-être pas été la meilleure, mais je ne pense pas que j’aurais fait mieux ! »
Quels sont vos projets une fois la pandémie terminée ?
« Ah ! Je suis un peu pessimiste, je pense que l’on n’apprendra rien de tout cela, c’est comme les bonnes résolutions au Nouvel An, mais je pense que tout va continuer comme avant… Mais sinon, bien sûr, des plans de voyages, des voyages que je prévois de faire depuis longtemps : aller voir ma famille au Brésil, voyager seul avec ma fille, des choses comme ça… Et retrouver une vie culturelle au quotidien, ça va de soi ! Chanter avec des gens, voir les collègues, les amis… »
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