En garde, Diables rouges, les Tchèques rêvent d’une nouvelle Coupe du monde
Quelles sont les formations politiques vers lesquelles les mécontents qui critiquent la gestion par le gouvernement de la pandémie pourront se retourner ? Telle est une des questions qui préoccupent les médias tchèques à un peu plus de six mois des prochaines élections législatives. Dans cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée, nous découvrirons quelles réponses ils proposent. Autres sujets : la mort de l’une des dernières survivantes du massacre de Lidice par les nazis en 1942, la République tchèque qui serait un pays dans lequel il fait bon vivre ou encore les qualifications pour la Coupe du monde de football 2022 et l’optimisme tchèque.
C’est un des effets notoires de la pandémie. Tout laisse à penser qu’elle fait évoluer les préférences politiques des Tchèques. L’auteur d’une analyse publiée sur le site Forum24.cz rapporte que nombreux en effet sont les électeurs qui ont réévalué leurs précédentes sympathies, ainsi que les indécis dans l’optique des élections législatives qui se tiendront en octobre prochain. Toujours selon lui, la grande inconnue est le potentiel du parti d’extrême droite Liberté et démocratie directe (SPD) dirigé par Tomio Okamura. Il écrit à ce propos :
« Le SPD apparaît comme un des rares formations politiques qui sache profiter de la frustration et de la colère des Tchèques qui, par principe, refusent la plupart des mesures de restriction et pensent que celles-ci sont inutiles. Or, même si les slogans du SPD selon lequel ‘les interdictions ne servent à rien’ ou ‘Le confinement n’est pas une solution’ ne sont pas particulièrement percutants, ils n’en traduisent pas moins l’humeur d’une grande partie de la population. Certes, d’autres partis profitent eux aussi de la situation, mais le SPD ne cesse de gagner en popularité. Il profite aussi de l’annonce récente de son principal concurrent, Václav Klaus junior, qui était la grande figure du mouvement ultra-conservateur Trikolora, d’abandonner ses activités politiques. »
Il est fort probable que la frustration des Tchèques continue d’augmenter, car, une fois que la pandémie aura reculée, une partie de la population ressentira lourdement ses retombées économiques. « Il faut alors se préparer à l’éventualité de voir le leader du SPD aspirer à une participation au prochain gouvernement », remarque encore le commentateur de Forum24.cz. Une telle issue aurait un impact sur l’orientation de la politique étrangère de la République tchèque, car « la présence d’Okamura au sein du gouvernement renforcerait certainement l’influence russe dans notre pays ». L’auteur écrit en conclusion :
« Le résultat que réalisera le SPD aux élections pourrait fortement influencer la formation de la prochaine coalition gouvernementale. Voilà pourquoi il convient de lui porter de l’attention et d’envisager les possibles évolutions futures. »
Commémorer Lidice, mais aussi les autres victimes des régimes totalitaires
Marie Šupíková, une des dernières survivantes de l’anéantissement du village de Lidice par les nazis en 1942, peu après l’attentat qui a entraîné la mort de Reinhard Heydrich, est décédée cette semaine à l’âge de 88 ans. « Son histoire ne nous rappelle pas seulement les atrocités de la guerre. Elle sollicite aussi notre mémoire, que nous avons souvent tendance à perdre », peut-on lire à cette occasion sur le site Aktualne.cz :
« La destruction complète du village de Lidice le 10 juin 1942 par les nazis, en réponse à l’attentat sur le protecteur de Bohême-Moravie, Reinhard Heydrich, est un des moments-clés de notre histoire récente. C’est pour cette raison que cette date et les 340 victimes du massacre, hommes, femmes et enfants, ainsi que ses rares survivants, sont régulièrement évoqués pour confirmer qu’ils sont bien inscrits dans la mémoire collective. »
L’auteur regrette que le départ dans la solitude d’une des « femmes de Lidice » au cœur d’une pandémie de coronavirus qui a déjà fait 25 000 morts passe quelque peu inaperçu. « Il ne devrait pourtant pas en être ainsi », souligne-il. Il explique pourquoi :
« Le rappel du sort de Lidice nous invite à réfléchir sur le manque d’attention porté aux victimes des deux régimes nazi et communiste, qui sont moins ‘célèbres’ alors qu’ils mériteraient tout autant que l’on s’y intéresse. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, par exemple, plusieurs autres villages du pays comme Ležáky ou Ploština ont ux aussi été anéantis, et leur destin tragique, tout comme celui de nombreux résistants, reste peu connu. Nous pouvons évoquer aussi les victimes civiles du régime communiste, dont pas même aujourd’hui on ne connaît précisément le nombre, qui mériteraient une plus grande attention, avant qu’elles n’emmènent leur histoire avec elles. »
La Tchéquie, un pays où il fait bon vivre
« La corruption, le désordre, des routes régionales en mauvais état, des régions frontalières en partie dévastées ou encore une bureaucratie omniprésente. Malgré tout cela, la République tchèque fait partie des pays dans le monde où il fait bon vivre. » C’est du moins ce que prétend l’auteur d’un texte mis en ligne sur le site Hlídacípes.org. Celui-ci propose un regard inédit sur le sujet tout en se référant à de récents sondages et enquêtes:
« Le dernier Rapport mondial de l’ONU sur le bonheur fait apparaître la République tchèque à la 19e place au classement, derrière l’Allemagne et les Etats-Unis. Selon une autre enquête récente, de la société D&L Partners, relative à la qualité de vie dans 113 capitales du monde, Prague figure en 13e position. Certes, la pandémie a changé un certain nombre de choses, mais les tendances marquantes restent quand même. La République tchèque occupe géographiquement une position centrale en Europe. D’un point de vue stratégique, c’est essentiel pour les investissements. Rares sont effectivement les régions qui offrent autant d’opportunités de développement. La présence en nombre de Néerlandais qui aiment s’établir dans les régions vallonées des Monts des Géants, de Lipno ou ailleurs en Tchéquie, pour y passer une retraite tranquille, en dit long aussi sur ces différents aspects. »
« La Tchéquie dispose effectivement de tous les atouts pour demeurer un point d’ancrage discret et sûr de l’Europe », conclut l’auteur.
Foot : que la Belgique se méfie, les Tchèques rêvent d’une deuxième Coupe du monde
« La Coupe du monde de footbal reste souvent pour les Tchèques un rêve inassouvi. » C’est ce que titrait, ce jeudi, le quotidien Lidové noviny, qui a rappelé également :
« Depuis la partition de la Tchécoslovaquie, la République tchèque n’a participé qu’une seule fois, en 2006 en Allemagne, à une phase finale de Coupe du monde. Les autres fois, elle a toujours échoué en phase éliminatoire. Inversement, la Reprezentace s’est toujours qualifiée, sept fois consécutivement, à la phase finale du Championnat d’Europe. Se qualifier pour un Mondial est plus difficile, compte tenu du nombre limité de pays européens participant à la phase finale. Les Tchèques ont souvent échoué, c’est vrai, mais le problème semble d’abord être d’ordre mental. »
Le Groupe E dans lequel figure cette fois la République tchèque, en compagnie notamment de la Belgique, meilleure nation mondiale actuelle selon le classement de la FIFA, la fédération internationale de football, est une fois encore très difficile, selon Lidové noviny. Mais à la veille de la réception très attendue des Diables rouges ce samedi soir à Prague, la large victoire contre l’Estonie (6-2), mercredi, en ouverture des qualifications, invite à l’optimisme, toujours selon le journal :
« Consolidée, la sélection tchèque, qui compte dans ses rangs des joueurs évoluant dans les meilleurs championnats européens ou disputant régulièrement avec le Slavia des matchs de coupes d’Europe, est aujourd’hui suffisamment forte pour espérer se qualifier. Elle est prête à faire le maximum pour y parvenir. »