Ligue des Champions : contre Monaco, le Sparta perd le match et la face
Au-delà de la défaite 0-2 sur sa pelouse, le Sparta a encore une fois prouvé qu’il avait un problème de racisme dans ses tribunes.
37e minute et premier but monégasque, signé Aurélien Tchouaméni de la tête sur corner devant le cop des ultras du Sparta.
Pas vraiment de doute possible : on entend des cris de singe dans les gradins, ces cris que ceux qui se prennent pour des supporters vocifèrent à l’adresse de joueurs de couleur pour tenter de les humilier.
Le buteur ainsi que d’autres joueurs, dont le capitaine de l’AS Monaco Wissam Ben Yedder, n’hésitent pas une seconde : ils vont se plaindre auprès du trio arbitral et se concertent avec leur entraineur.
Le latéral droit Ruben Aguilar a rappelé les faits après le match :
« Dans les tribunes il y a eu quelques cris. Immédiatement, Aurélien a compris et il n’était pas le seul. Il est immédiatement allé voir le banc pour se plaindre. On était tous solidaires envers lui et les autres joueurs de couleur. Ce sont des choses qui n’ont rien à faire dans un stade, ni dans le sport ni dans la société. »
« On est rentrés au vestiaire à la mi-temps. Les esprits sont retombés. Le coach nous a parlé, nous a dit que c’était compliqué et difficile mais que la meilleure façon de répondre était sur le terrain, comme on la fait en première et en deuxième période et en gagnant ce match. Mais je suis attristé que de nos jours il y ait encore des choses comme ça qui se passent. »
L’arbitre anglais Michael Oliver, qui semble lui aussi avoir entendu les cris poussés par des abrutis, a indiqué aux joueurs que la procédure de l’UEFA était suivie et le jeu a repris quelques minutes après un message d’avertissement diffusé par le speaker.
"Non au racisme. Dans le cas de comportements racistes répétés, le match pourra être terminé avant son terme. Supportez le Sparta dans l'esprit du Fair-play !", pouvait-on lire en tchèque à ce moment-là sur un écran géant dans le stade.
La suite du match s’est déroulée sans incident, mais le mal était fait, d’autant que d’autres cris ont été entendus dans les tribunes après le coup de sifflet final sur le score de 2 à 0 pour le club de la principauté.
En conférence de presse, Ruben Aguilar a estimé que les joueurs avaient bien fait de ne pas quitter le terrain :
« Arrêter un match c’est compliqué de nos jours. On était bien dans le match et on a souhaité continuer. On a aussi souhaité rendre fier Aurélien Tchouaméni, qui a activé le ‘mode machine’ pour leur répondre de la meilleure des façons. Je le félicite parce que c’est un jeune joueur qui a démontré tout son talent – physique et psychologique – avec une prestation hors-normes. Chapeau à lui et chapeau à l’équipe. On a été tous solidaires et c’est vraiment important dans des moments où il se passe de telles choses. »
En plus d’avoir boosté le mental de l’équipe adverse avec leur comportement indigne et odieux, les pseudo-supporters du Sparta ont une nouvelle fois montré l’ampleur de leur pouvoir de nuisance – pour leur club, pour le football et pour le pays en général.
Le dernier incident du genre dans les tribunes du Stade de Letná remonte à une dizaine de jours à peine, quand le Français du Sigma Olomouc, Florent Poulolo, a lui aussi subi des injures racistes.
En juin dernier, le Sparta a écopé d’une amende de 160 000 CZK imposée par la fédération tchèque après les cris de singe entendus lors des prises de balle du Congolais du Viktoria Plzeň Joel Kayamba.
Il s’agissait d’un match de coupe nationale. Cette fois-ci, la sanction imposée par l’UEFA risque d’être beaucoup plus sévère pour le club de Daniel Křetínský après le même genre d’incidents pendant un match du troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions.
Il n’aura fallu qu’une seule poignée d’écervelés pour gâcher la soirée et ternir encore plus la réputation des supporters du Sparta, alors que la rencontre avait débuté dans une atmosphère bon enfant.