Susan Sontag et des « poèmes cinématographiques » au 25e Festival international du film documentaire de Jihlava
Du 26 au 31 octobre 2021, le Festival international de Jihlava présente l’actualité de la production cinématographique documentaire tchèque et mondiale. Outre la catégorie de films internationaux en compétition intitulée Opus Bonum, le festival accorde une place importante aux films d’expérimentation (catégorie Fascinace), aux films à thématique politique, environnementale ou scientifique (catégorie Svědectví), aux courts métrages (catégorie Krátká radost) ou encore au cinéma documentaire tchèque (catégorie Česká radost). Chaque année, le festival propose par ailleurs plusieurs rétrospectives sur des personnalités liées au cinéma.
A l’occasion de la 25e édition du Festival international du film documentaire de Jihlava, le spécialiste du cinéma français et d’Amérique latine David Čeněk présente la rétrospective dédiée à l’essayiste militante américaine Susan Sontag. Il évoque également la rétrospective consacrée au réalisateur ethnographique slovaque Karel Plicka, qui saura certainement intéresser les spectateurs de toutes origines.
« Pour le programme du festival de Jihlava, nous essayons de trouver des relations peu connues ou inhabituelles qui lient un intellectuel, un artiste ou toute autre personne importante et connue, au cinéma. Susan Sontag représente pour nous un cas idéal, et cela faisait longtemps que nous pensions à elle pour la programmation. Comme il s’agit d’une intellectuelle connue plus pour ses essais que pour ses films, je pense qu’il peut s’agir d’une découverte intéressante pour tous. »
Des essais, trois long-métrages et un documentaire
« Susan Sontag a tourné, en tant que réalisatrice, trois longs métrage de fiction ainsi qu’un film documentaire. Elle a également participé à de nombreux films. Cette année, au Festival international du film documentaire de Jihlava, nous allons projeter les films ‘Duo pour cannibale’, ‘Les Gémeaux’ et ‘Lettres de Venise’. Ce dernier n’a, je crois, jamais été diffusé en France. Nous allons également projeter son documentaire ‘La déchirure’. Nous allons également présenter le film ‘En attendant Godot à Sarajevo’, c’est un film dont elle n’est pas la réalisatrice, mais une protagoniste, car il s’agit d’un documentaire réalisé lors de son séjour à Sarajevo, où elle montait pour un théâtre la pièce de Beckett ‘En attendant Godot’. »
D’autres activités liées à la thématique « Susan Sontag » seront-elles proposées dans le cadre du festival ?
« Non, malheureusement, car le programme est déjà très chargé. Mais étant donné que le festival ne publie désormais plus de catalogue traditionnel avec la liste des films présentés, un livre en anglais et en tchèque va être publié, qui présentera des textes autour des différentes sections et rétrospectives. Il comprendra un chapitre dédié à Susan Sontag et contenant ses textes dans lesquels elle parle du cinéma. On y trouve également un court texte que j’ai écrit pour présenter Susan Sontag et son œuvre cinématographique. Y sera également présent un extrait d’un de ses scénarios, car il est intéressant de noter que les scénarios de ses films de fiction étaient publiés.
Quels sont les films présentés au festival cette année qui pourraient particulièrement intéresser les spectateurs français ou francophones ?
« La programmation du festival dans son ensemble est particulièrement intéressante pour ceux qui souhaitent découvrir la production cinématographique documentaire de la République tchèque et de l’Europe centrale et de l’Est. La section Opus bonum propose une sélection internationale de films en compétition, et je dirais que tous les films de cette section sont intéressants. »
Karel Plicka, le réalisateur poète
« Il y aura également une rétrospective sur le réalisateur ethnographique slovaque Karel Plicka qui me semble particulièrement intéressante. Karel Plicka a produit énormément de films ethnographiques qui sont en quelque sorte des « poèmes cinématographiques ». Ses films, qui portent essentiellement sur la Slovaquie, ont été distribués en France dans les années 1930 et après. Ils ont eu un impact important, car sa façon non descriptive et très poétique de traiter des sujets folkloriques était inédite. Ses films sont à mi-chemin entre textes essayistes et poèmes cinématographiques. De plus, ils seront pour la plupart projetés en copie 35 mm, ce qui est assez rare aujourd’hui. Pour moi, ça va être intéressant. »