Négociateur à la COP26 : une « expérience inédite » dans la perspective de la présidence tchèque de l’UE
La Conférence sur le changement climatique de Glasgow n’a apporté « aucune nouveauté », a constaté mardi le Premier ministre tchèque Andrej Babiš, alors que les débats d’experts portant sur l’évolution du climat de la Terre se poursuivront dans la cité écossaise jusqu’au 12 novembre.
« Le problème est que l’Europe ne produit que 9% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, tandis que la Chine émet 25% et les Etats-Unis 13%. Il est clair que nous ne pourrons pas résoudre tout seuls le problème du réchauffement climatique », a déclaré le Premier ministre sortant. Selon lui, les points de vue restent inchangés, un appel est passé à tous les Etats du monde, mais « tous les pays ne font pas autant d’efforts que l’Europe ».
Ministre de l’Environnement, Richard Brabec a souligné que la République tchèque s’était engagée à réduire les émissions de CO2 de 20% d'ici à 2020 par rapport à 2005 : « Nous y sommes parvenus et nous sommes en très bonne voie pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de 30% d'ici à 2030, toujours par rapport à 2005 », s’est félicité le ministre de l’Environnement.
Le charbon et le scolyte
Il n’empêche que les émissions moyennes annuelles par habitant en République tchèque s’élèvent à plus de 10 tonnes de CO2 et sont donc supérieures de 35 % à la moyenne européenne et les plus importantes en Europe centrale. Cette situation est due principalement à la dépendance du pays au charbon : le secteur de l’énergie produit près de 40% des émissions totales de CO2. A titre d’exemple, les deux plus grandes centrales thermiques en République tchèque, Počerady et Prunéřov, produisent presque autant d’émissions annuelles de gaz à effet de serre que l’ensemble du transport automobile (selon les données du site faktaoklimatu.cz).
En République tchèque, la situation est préoccupante aussi du fait de la disparition massive, ces dernières années, de forêts d’épicéas attaqués par le scolyte. Par conséquent, comme l’expliquent les scientifiques, ces forêts ont cessé de fonctionner comme un énorme « réservoir » de carbone et sont devenues elles-mêmes une source importante de gaz à effet de serre.
Pour revenir au charbon, dans son discours prononcé à la COP26, le chef du gouvernement tchèque a insisté sur le fait que chaque pays puisse choisir « son mix énergétique » pour atteindre la neutralité carbone :
« La République tchèque ne peut pas compter uniquement sur les énergies renouvelables – notre paysage et nos conditions climatiques ne le permettent tout simplement pas », a expliqué Andrej Babiš. Selon lui, « les seuls moyens par lesquels la République tchèque peut réduire à zéro les émissions de CO2 sont l’énergie nucléaire et le gaz naturel. »
Les Tchèques à la COP27 en Egypte
Au sommet de Glasgow, il est également question du Fond vert pour le climat. Géré par l’ONU, ce fond, alimenté par les pays plus avancés, est le principal instrument de financement des politiques climatiques pour les pays en développement. La République tchèque n’a contribué qu’une seule fois à ce fond, entre 2014 et 2018, par une somme de 110 millions de couronnes tchèques (4,3 millions d’euros) ce qui représente 10 couronnes (0,4 euros) par habitant. Principal négociateur tchèque à la COP26, Pavel Zámyslický du ministère de l’Environnement explique :
« La République tchèque participe aux projets climatiques menés dans les pays en développement sous forme de coopération bilatérale. Mais il est vrai que le gouvernement sortant a décidé de ne plus contribuer au Fond vert pour le climat. C’est donc au nouveau cabinet de changer éventuellement cette attitude. La possibilité de devenir à nouveau un pays donateur existe toujours. »
Mais selon Pavel Zámyslický, directeur du département à l’énergie et à la protection du climat au ministère de l’Environnement, la COP26 est importante pour la République tchèque aussi du point de vue politique et diplomatique :
« Notre rôle est de soutenir les négociateurs slovènes, car la Slovénie – qui préside actuellement le Conseil de l’UE – est chargée de faire avancer l’agenda lié à l’Accord de Paris. Pour les Tchèques, c’est une expérience unique et très importante pour l’avenir, car nous jouerons le même rôle dans un an, à la COP27 prévue en Egypte, lorsque la République tchèque assurera à son tour la présidence européenne. Nous devrons alors mener les négociations avec les autres pays au nom de toute l’Union européenne et, parallèlement, nous coordonnerons les débats au sein de l’UE, pour que celle-ci trouve pour chaque sujet une position commune. »