Presse : en attendant un virage réel de la Tchéquie vers l’Occident
Le nouveau gouvernement face à l’Europe. Tel est le premier sujet traité dans cette nouvelle revue de presse. Ce magazine s’intéresse également aux motivations des gens qui s’opposent à la vaccination et aux problèmes d’ordre financier que la population tchèque aura désormais à affronter. Il fait également mention de la présence de l’écrivain Milan Kundera dans l’agenda culturel tchèque avant de porter un regard critique sur la compétition du tennis mondial féminin, la Coupe Billie Jean King.
« C’est à l’égard de l’Europe que les Tchèques ont la plus grande dette à payer ». C’est ce qu’estime un commentateur du site Seznam Zprávy en rapport avec la formation du nouveau cabinet de coalition de centre-droit. Il écrit :
« La Tchéquie a une chance unique de faire un virage vers l’Occident. Après un épisode de quatre ans marqué par un populisme dépourvu de valeurs et la servilité présidentielle à l’égard de l’Est, elle aura désormais l’opportunité de se comporter comme un membre souverain, lisible et responsable de la communauté occidentale. Des caractéristiques qui n’étaient pas les siennes au cours des dernières années. Les partis pro-occidentaux sont alors appelés à confirmer leur victoire électorale par des actes le plus vite possible ».
L’enjeu pour la Tchéquie, selon l’éditorialiste, consiste à se détourner de la Russie et à s’éloigner du groupe de Visegrad, car « la Slovaquie nous demeurera proche malgré tout ». Il s’agit aussi de redéfinir les relations avec la Chine communiste qui, « à la différence de la Russie, représente une véritable puissance ». Le texte publié sur Seznam Zprávy indique en conclusion :
« Peu importe finalement qui sera le chef de la diplomatie et le ministre chargé des affaires européennes. L’essentiel, c’est de rejoindre enfin l’Europe, à laquelle les Tchèques ne semblent appartenir que grâce aux contrats conclus. Or, il n’y a personne qui puisse aimer les passagers clandestins ».
Convaincre les non vaccinés : mission impossible
Pourquoi la réputation du vaccin contre le coronavirus est pire que celle des médicaments proposés sur Internet, s’interroge un journaliste du quotidien économique Hospodářské noviny. En cherchant une réponse à cette question d’actualité au moment où le taux de vaccination en Tchéquie demeure insuffisant et où la pandémie de Covid se propage de nouveau rapidement, il souligne :
« Prendre les contestataires de la vaccination pour des gens inintelligents serait fallacieux, car on trouve parmi eux des diplômés, des gens érudits et même des médecins. Si certains étayent cette méfiance à l’égard du vaccin par des arguments, plus nombreux sont ceux qui s’opposent aux démarches officielles par principe. Leur comportement est lié à leurs positions politiques, beaucoup s’identifiant à des groupes nationalistes et radicaux. En opposition au système, ils demeurent complètement indifférents à toute campagne de persuasion. »
Les bulles d’informations constituent un autre facteur que le journaliste met en relief dans ce contexte. « Nous aimons les mauvaises nouvelles. En plus, toute une génération a vécu dans un système qui lui a appris à croire que ceux qui sont au pouvoir disent des mensonges », explique-t-il. L’occasion également d’évoquer le cas de la Slovaquie où les protestations des nouveaux « résistants » ont quitté Internet pour se propager dans la vie réelle, par exemple en bloquant les caisses d’un supermarché :
« Chez nous, heureusement, on en n’est pas arrivé là. Toutefois, les non-vaccinés sont soumis à une pression qui peut donner lieu à un cocktail explosif notamment à la veille de Noël, une période qui est émotionnellement chargée. »
Lorsqu’on aura à se serrer la ceinture
Outre la crise du marché énergétique, c'est la hausse des prix causée par l’inflation évaluée dans un proche avenir à 6% qui inquiète le plus les Tchèques à l’heure actuelle. Par ailleurs, selon le secteur des finances, l’accélération de l’inflation est devenue un problème macroéconomique grave. C’est ce que rapporte un texte publié sur le site echo24.cz qui indique également :
« Les gens auront à se serrer la ceinture plus que jamais durant les vingt dernières années. Ce constat touche en premier lieu, mais pas seulement, ceux qui vivent dans la précarité financière. La cherté pourra donc élargir le nombre de gens qui vont se retrouver dans une situation difficile. C’est l’année prochaine que le niveau de vie des Tchèques risque de baisser le plus depuis la crise de 2013. »
Le texte publié sur le site echo24.cz rapporte également que selon les données d’une récente enquête, un Tchèque sur cinq n’arrive pas à épargner et à mettre de côté à la fin du mois. Sont notamment concernées les femmes et les personnes de moins de 35 ans. Le maximum d’économies mensuelles que la majeure partie de la population est capable d’assurer varie autour de 4 000 couronnes (l’équivalent de près de 160 euros).
La parution de l’Ignorance ou une nouvelle année Kundera en Tchéquie
La parution en traduction tchèque du roman L’Ignorance (Nevědění) de Milan Kundera a donné à un chroniqueur de Lidové noviny l’occasion de souligner :
« Si l’année dernière dans la littérature et la culture tchèque a pu être définie comme une année Kundera, cette même dénomination peut s’appliquer également à celle qui s’achève. Le déplacement d’une partie des archives de Milan Kundera depuis la France vers la Bibliothèque de Brno, l’attribution du prestigieux Prix Franz Kafka, la publication de deux monographies consacrées à l’écrivain et, notamment, la sortie très attendue de son dernier roman La Fête de l’insignifiance en version tchèque : autant d’évènements qui ont marqué l’année ‘kunderienne’ 2020. »
Un film documentaire retraçant le travail littéraire de Kundera signé de Miloslav Šmídmajer, « aussi peu convaincant et servile que la monographie citée sur l’écrivain de la plume de Jean-Dominique Brierre », et surtout la publication en traduction tchèque du roman L’Ignorance. Telles sont les deux dernières actualités qui témoignent de la présence du romancier dans son pays natal. A ce propos, le journaliste de Lidové noviny a encore noté :
« Le nouveau livre de Kundera en tchèque est doté d’une puissante dimension philosophique. Il brosse un récit tout en l’accompagnant d’un commentaire. Il dit clairement : pour pouvoir mener une vie qui a un sens, l’homme est censé poser des questions. Et ce même si une réponse salvatrice n’arrive jamais, même si l’incertitude prévaut toujours sur la certitude. C’est un credo qui a sa valeur par tous les temps, en France, en Tchéquie ou ailleurs ».
La Coupe BJK à Prague : adieu les émotions qui accompagnaient la Fed Cup
La première édition de la Coupe Billie Jean King a confirmé les doutes de tous ceux qui avaient critiqué la nouvelle forme du tournoi mondial de tennis connu en tant que Fed Cup. Tel est l’avis de l’auteur d’un texte publié sur le site aktualne.cz au lendemain de la tenue de cet événement sportif à Prague. Son ton est assez catégorique :
« Afin d’élargir le nombre de pays participants, de gagner plus d’argent et d’attirer un nouveau public, les organisateurs ont dégradé presque tout le charme dont la Fed Cup pouvait se targuer. L’ambiance des matches disputés à Prague a été beaucoup plus froide que celle des précédents tournois disputés dans la capitale, à Ostrava ou à Brno. Certes, le fait que les Tchèques ne se soient pas qualifiées en finale y a en partie contribué. Cela dit, la demi-finale entre la Tchéquie et la Suisse avait déjà été suivie par un public moins nombreux que prévu. La finale elle-même s’est déroulée dans un milieu presqu’intime. »
Le rédacteur du site aktualne.cz dénonce en outre le prix élevé des billets et le fait que les matches se terminaient souvent vers minuit. En outre, la Coupe BJK n’a vu venir que cinq championnes classées parmi les vingt meilleures joueuses du monde. « Bref, la Coupe Billie Jean King n’est pas ce qu’était la Fed Cup, aimée par des millions de fans dans le monde pour les émotions qui l’accompagnaient », constate-t-il avant d’ajouter :
« Cette nouvelle forme du tournoi mondial féminin a essuyé un coup dur tout comme, avant lui, celle de la Coupe Davis. Les tentatives d’innovation se sont avérées incohérentes et maladroites. Evidemment, un retour en arrière est possible. Mais pour y arriver, les objections et critiques doivent être soutenues par les plus grandes stars du tennis. »