Il y a 100 ans naissait le peintre Bohumír Matal
Membre du Groupe 42, du Brno 57 et plus tard de l’Association Q, Bohumír Matal est l’un des peintres les plus emblématiques de la période après-guerre tchécoslovaque. Un siècle s’est écoulé depuis sa naissance.
Bohumír Matal est né le 13 janvier 1922 à Brno. Il commence à peindre dès l’âge de 10 ans et obtient en 1942 un diplôme de peinture décorative à l'Ecole des arts et métiers de Brno. Alors qu’il s’apprête à poursuivre ses études à l’Ecole d’arts appliqués de Prague, il est arrêté et déporté dans le camp de travail nazi de Lohbrück puis dans celui d’Oswitz près de Wrocław. Il sortira de ce camp en 1945. Ces trois années auront une grande influence sur son œuvre.
Bohumír Matal est connu aujourd’hui pour avoir été, à partir de 1945, le plus jeune membre du collectif d’artistes tchèque « Groupe 42 » qui sera interdit par le régime communiste en 1948. L’originalité de ce collectif notamment influencé par le cubisme, le constructivisme et le surréalisme, est sans doute qu’il se défait peu à peu de l’inspiration française qui prédominait jusque-là dans l’art tchécoslovaque et s’inspire de plus en plus des artistes anglo-saxons et des artistes américains qui leur sont contemporains.
Comme beaucoup des artistes du « Groupe 42 », Bohumír Matal a comme sujet de prédilection la ville, l’industrialisation et la place de l’homme dans cette modernité.
C’est en juin 1946 que Bohumír Matal est exposé pour la première fois en France, lors d’une exposition consacrée à « la jeune peinture tchécoslovaque » à la galerie La Boétie à Paris. Avec cette exposition, les deux organisateurs, le peintre Josef Šíma, alors conseiller aux affaires culturelles de l’ambassade de Tchécoslovaquie, et le poète Paul Eluard, invité à Prague pour sélectionner les œuvres à exposer, cherchent à promouvoir une politique d’échanges culturels entre Paris et Prague.
Josef Šíma organise d’ailleurs à Paris une seconde exposition sur les « 30 ans de la peinture et de la sculpture tchécoslovaques » à l’Orangerie et une exposition de la peinture française à la galerie Mánes à Prague. L’exposition consacrée à « la jeune peinture tchécoslovaque » est un succès et bon nombre de personnalités sont présentes au vernissage, comme Louis Aragon et Tristan Tzara, pour n’en citer que quelques-uns. Elle permet à Bohumír Matal de se faire connaître et d’être repéré par des peintres qu’il admire lui-même, parmi eux, Georges Braque et Ferdinand Léger. Le peintre passera une année entière à Paris.
De retour en République tchèque en 1947, Bohumír Matal est exposé pour la première fois à Brno à la Maison des Arts. Après cela, le peintre morave ne sera que très peu exposé dans son pays natal en raison du changement de régime politique. L’exposition au Cabinet d’art de Brno de 1955 doit par exemple être démontée plus tôt que prévu en raison de sa mauvaise réception.
Dans ce contexte, Bohumír Matal s’oppose à de nombreuses reprises à la série d’interdictions d’associations artistiques à Brno organisées par le régime communiste. Il participe lui-même à la création de nouveaux groupes artistiques comme le groupe Brno 57 en 1957 ou l’Association Q en 1969, un atelier d’art moderne interdisciplinaire.
C’est dans ces années 1960 que la peinture de Bohumír Matal connaît sa plus grande transformation. Sa peinture devient plus abstraite, son geste est plus spontané, ce qu’il représente n’est plus figuratif. Bohumír Matal est passé de l’abstraction géométrique à l’abstraction lyrique. Quelques années plus tard, en 1968, le peintre morave reprend les formes géométriques qu’il affectionnait et y intègre des formes évoquant une présence humaine.
Si Bohumír Matal est principalement connu pour sa peinture, son art ne s’arrête néanmoins pas à cela : il s’est également consacré à l’art de la mosaïque, à l’art graphique, à des réalisations architecturales et a même été costumier et décorateur-scénographe pour le théâtre de l’après-guerre.