Gaz russe : divers plans pour atteindre l’indépendance énergétique

La République tchèque envisage plusieurs scénarios énergétiques, y compris un arrêt de la livraison du gaz russe en Europe. Le cas échéant, les ménages tchèques ne devraient pas être touchés, a affirmé le ministre des Transports Martin Kupka.

Après que le président russe Vladimir Poutine a signé jeudi 31 mars un décret obligeant les clients des pays dits « non amis » à payer le gaz russe en roubles sous menace de suspension des contrats de fourniture, la République tchèque se prépare à divers scénarios d’évolution de sa situation énergétique, y compris au pire : l’arrêt pur et simple de la livraison en provenance de Russie.

Le ministre de l’Industrie et du Commerce Jozef Síkela dresse le bilan de la situation du pays :

« L’arrêt de la livraison de gaz venant de Russie fait partie de l’une des versions de scénarios possibles ; nous nous y préparons. C’est une préparation en plusieurs niveaux. A l’heure actuelle, toutes les livraisons aussi bien de gaz que de pétrole sont ininterrompues ; nous disposons de pétrole pour plus de trois mois et de gaz pour plus d’un mois ; de plus, la fin de la période de chauffage joue en notre faveur. »

Photo illustrative: Tobias Lindner,  Pixabay,  Pixabay License

Diversifier les sources

En cas d’arrêt de la livraison de gaz russe, la République tchèque a un plan précis sur la manière de procéder, a déclaré le ministre des Transports Martin Kupka, qui a précisé que l’approvisionnement des ménages ne devrait pas s’en trouver limité.

Dans un premier temps, les négociants chercheront d’autres moyens de substitution au gaz russe. Afin de diversifier ses sources, l’Etat négocierait également avec les partenaires étrangers avec lesquels il a déjà des contrats d’approvisionnement en gaz.

Ainsi le ministre de l’Industrie et du Commerce Jozef Síkela détaille l’option la plus probable :

Jozef Síkela | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« Dans l’hypothèse d’un arrêt des livraisons de gaz de Russie, ce qui semble le plus probable, c’est de faire venir du gaz de Norvège par le gazoduc NETRA. D’après nos calculs, dans une situation optimale, cela devrait permettre de couvrir entre ¼ et1/3 des besoins de la République tchèque pendant la période hivernale. »

Par ailleurs, le vice-premier ministre Vít Rakušan (STAN) a déclaré à la télévision tchèque que l’opérateur exclusif du système de transport de gaz naturel en République tchèque Net4Gas se préparait à raccorder le pays au système gazier autrichien – un raccord qui devrait être prêt en 2028.

Réserves propres

Autre solution possible : la constitution de réserves propres par le biais de l’Administration des réserves matérielles de l’Etat (SSHR), qui permettrait d’augmenter les réserves de la République tchèque. Cette proposition avait d’ailleurs déjà été envisagée début mars, avant d’être finalement rejetée par le gouvernement, en raison du prix alors extrêmement élevé du gaz. Ancien ministre de l’Industrie, Karel Havlíček (ANO) a reproché au gouvernement d’avoir donné la priorité aux économies. Selon lui, si la fourniture de gaz de Russie venait à être arrêtée, les prix augmenteraient de façon spectaculaire. Il conseille donc de ne pas perdre de temps, et de constituer ces réserves au plus vite :

« Pour ma part, je n’attendrais pas : je procéderais immédiatement à des achats par l’intermédiaire de l’Administration des réserves matérielles de l’Etat. Des achats conséquents, sans chercher à faire d’économies. »

Photo illustrative: Miroslav Kobza,  ČRo

Enfin, selon le ministre des Transports Martin Kupka, une solution évidente pour la réduction de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie est aussi l’appel d’offres pour l’extension de la centrale de Dukovany, finalement lancé mi-mars après trois reports. Le calendrier avancé par le Premier ministre Petr Fiala table sur l’attribution du contrat en 2024, un début des travaux en 2029 et une mise en service en 2036.

Action européenne concertée et de concert

Toutefois, l’essentiel, selon Martin Kupka, est que l’Union européenne agisse à l’unisson et refuse de payer le gaz en roubles. Jozef Síkela souligne également l’importance des négociations au niveau européen :

Martin Kupka | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« A l’heure actuelle, c’est au niveau européen que les négociations les plus intenses ont lieu, car nous débattons d’achats communs. Par ailleurs, au niveau national, le 7 avril, un groupe de travail ministériel se réunira pour prévoir des solutions techniques concrètes. »