Presse : le Covid-19, ce virus dont on ne parle presque plus

Cette nouvelle revue de la presse observe d’abord le faible intérêt voué actuellement au coronavirus en Tchéquie. Elle s’intéresse ensuite à la lutte difficile contre la désinformation. La probable chute brutale du niveau de vie des Tchèques sera un autre sujet traité. Quelques remarques enfin concernant l’agenda international : le gaz russe, l’élection présidentielle française et les aspirations européennes de l’Ukraine.  

« Le Covid-19 est presque tombé dans l’oubli bien qu’il n’ait pas encore disparu et bien qu’il soit à l’origine d’un taux de mortalité particulièrement élevé, le nombre de décès qui y sont liés se situant en Tchéquie autour de 40 000 », constate l’auteur d’un article publiée sur le site www.rozhlas.cz/plus. Selon lui, le virus ne tardera pas, tôt ou tard, à se rappeler aux Tchèques :

« On passe d’une crise à l’autre. A l’heure actuelle, nous sommes pleinement préoccupés par l’invasion russe en Ukraine, la vague de réfugiés, la vie chère, la crise énergétique et ses éventuelles retombées sociales. Pour cette raison, l’attention vouée précédemment au coronavirus s’est considérablement affaiblie. En Tchéquie, l’obligation du port du masque concerne désormais seulement des établissements sanitaires et ceux de soins sociaux. »

Pourtant, comme le rappelle le commentateur, faute d’une vaccination obligatoire, il y a dans le pays des dizaines de milliers de personnes âgées qui ne sont pas vaccinées. De concert avec les personnes souffrant de maladies chroniques, elles constituent des groupes les plus menacés. Son texte indique enfin :

« Le cabinet de Petr Fiala peut se féliciter de ce que dans la situation difficile à laquelle il est confronté il n’est pas appelé à gérer une nouvelle épidémie de Covid-19. Il devrait pourtant mettre sur pied une législation de crise en la matière et envisager des mesures pour que le virus ne nous prenne pas entièrement au dépourvu. Selon certaines prévisions d’experts en effet, une nouvelle vague de coronavirus est à attendre au plus tard à l’automne pour ne pas dire cet été. »

Un combat difficile contre les fake news

« L’Ukraine en tant qu’Etat n’a jamais vraiment existé. La guerre en Ukraine a été initiée par la CIA et les Etats-Unis. Les réfugiés ukrainiens vivent chez nous mieux que la population locale ». Telles sont quelques-uns des fake news et des mensonges qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux ou sur différents sites et qui cumulent beaucoup de vues. Selon l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt, la situation est grave :

Photo illustrative: rawpixel,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« A en croire les sondages, 30 % des Tchèques croient aux infox dont beaucoup menacent la sécurité du pays et de ses habitants. Comme telles, elles devraient être mises hors la loi. Mais en Tchéquie, le mensonge n’est pas un acte criminel, tandis que la désinformation en tant que terme juridique n’existe pas. Le problème des fake news c’est aussi, outre l’impératif de la liberté d’expression, le fait que leurs auteurs et les propriétaires de sites de désinformation se cachent pour la plupart derrière l’anonymat. Ce que la loi interdit, c’est de contester le génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, la propagation du racisme ou des informations qui soutiennent des régimes perfides, nazis ou communistes. La diffusion des mensonges qui portent intentionnellement préjudice à quelqu’un est également condamnable. »

L’éditorialiste de Respekt rapporte que le gouvernement et les institutions sécuritaires tchèques cherchent à stopper le danger lié aux campagnes de désinformation, en fermant par exemple, provisoirement, certains sites de désinformation. « Mais la situation n’est pas tenable sur le long terme », précise-t-il :

« Il s’avère qu’intervenir contre les trolls pro-russes et leurs mensonges est difficile. L’une des possibilités consiste à identifier des personnes qui les diffusent et qui agissent contre les lois en vigueur. Une tâche qui incombe tant aux services de renseignement et à la police qu’aux initiatives civiques et aux médias d’investigation. »

En attendant une chute brutale du niveau de vie

Cette année, la Tchéquie connaîtra probablement la plus importante chute du niveau de vie de ses habitants de toute son histoire, car l’inflation record sera plus rapide que l’augmentation des salaires. C’est ce qu’estime l’auteure d’un texte publié sur le site echo24.cz. Elle explique :

Photo illustrative: Michaela Danelová,  ČRo

« La guerre en Ukraine, les débats sur l’abandon du gaz russe en Europe et les prix record de l’électricité et des carburants donnent à croire que nous nous sommes retrouvés, désemparés, dans un piège d’influences globales. Dans cette logique, l’augmentation des prix semble constituer une tendance globale à laquelle on ne saurait échapper. Mais il ne s’agit là que d’une part de la vérité. Les deux tiers de cette inflation sont à attribuer à l’ex-Premier ministre Andrej Babiš qui, sous prétexte du Covid-19, a dépensé 900 milliards de couronnes à des fins qui n’avaient rien à voir avec la pandémie. »

Une spirale d’inflation et la baisse du niveau de vie en seraient, selon l’éditorialiste, des conséquences logiques. Une cause aussi de ce que l’invasion de Poutine en Ukraine a trouvé la Tchéquie plus vulnérable que les autres.

L’Ukraine et l’UE

« La situation dans laquelle le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remis la demande d’entrée de son pays dans l’Union européenne n’a pas d’équivalent », constate l’auteur d’un article publié dans le journal Deník dans laquelle il observe :

Photo: Dušan Cvetanović,  Pixabay,  Pixabay License

« Le questionnaire d’entrée de l’Ukraine est littéralement signé dans le sang. Pourtant, beaucoup de fonctionnaires bruxellois et de leaders européens considèrent que le pays ne remplit pas les conditions nécessaires pour cette adhésion. Certes, sur les plans purement techniques, économiques et juridiques, l’Ukraine n’aura pas une telle chance même dans cinquante ans. Mais là où il y a une volonté, une approche inédite et rapide est possible. Une chose est certaine : nous avons besoin de l’Ukraine pour qu’elle stoppe le Kremlin, tandis que l’Ukraine a besoin de nous pour être motivée à le faire. »

Il faut donc chercher une façon « de dire oui » au lieu de chercher une raison « de dire non », conclut le commentateur.

L’élection présidentielle française : l’avenir de l’Europe en jeu

« Beaucoup croient, et pour cause, que le combat pour l’Union européenne se déroule depuis plusieurs semaines sur les champs de bataille ukrainiens. Mais c’est aussi sur le petit écran, ce mercredi soir, qu’un important combat à ce même sujet doit être mené ». Voilà ce que l’on pouvait lire dans un article publié sur le site Seznam Zprávy à quelques heures du débat qui opposait les candidats présidentiels français, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « Un débat décisif au vu des centaines de milliers d’électeurs hésitants », selon son auteur :

Emmanuel Macron et Marine Le Pen | Photo: Ludovic Marin,  ČTK/AP

« Même si Marine Le Pen n’exige plus un référendum sur la sortie de l’Union européenne, son programme n’est pas compatible avec ce que celle-ci représente. Tout en présentant une politique plus modérée qu’auparavant, cette retenue ne concerne pas la politique européenne. »

De l’avis de l’éditorialiste, ce débat devrait alors avoir une importance clé non seulement pour la présidentielle française, mais aussi pour le destin ultérieur de l’Europe.

Le gaz, un point européen épineux

D’après ce qu’estime un journaliste du site aktualne.cz, le front de gaz antirusse est en train de s’émietter, pendant que l’Europe commence à piétiner. Il explique :

Photo illustrative: Tobias Lindner,  Pixabay,  Pixabay License

« La rapidité avec laquelle l’Europe a réussi à s’entendre sur les premières démarches suite à l’invasion russe en Ukraine a été impressionnante. En mars, elle a trouvé un consensus sur les achats communs du gaz russe pour que le Kremlin ne puisse pas utiliser ses tarifs comme une arme visant à la disloquer. Parmi d’autres démarches faites en commun se distingue l’interdiction par les Vingt-sept de l’importation du charbon russe. »

Tout indique que la détermination de l’Occident a surpris le président russe qui pourtant s’est vite adapté à la nouvelle donne en exigeant, par exemple, le paiement des matières premières en rouble. Dans ce contexte, le commentateur du site aktualne.cz souligne :

« Jusqu’ici, l’Union européenne a réussi à résister à cette attaque et à défendre son unité. Mais il s’est aussi avéré que certains pays étaient pour le moins prêts à envisager des négociations avec Poutine. Une des dernières preuves - la récente visite du chancelier autrichien Karl Nehammer à Moscou. »