Presse : en Tchéquie, le mouvement anti-avortement sort du bois
Des initiatives anti-avortement se font actuellement remarquer en Tchéquie également. Plus de détails dans cette nouvelle revue de la presse. Le rapprochement entre la Tchéquie et la Pologne est un autre sujet traité. Quelques mots ensuite sur la position des Tchèques à l’égard des quotas en politique. Rappel ensuite de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à l’ombre de la guerre en Ukraine. Le magazine s’intéresse enfin à la situation des étudiants russes et biélorusses en Tchéquie à la lumière des sanctions européennes.
« Le mouvement pour la vie » ne s’intéresse guère aux personnes en détresse en dehors de la Tchéquie. C’est ce que constate l’auteure d’un texte publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui évoque le refus strict et déclaré par cette organisation ultraconservatrice des interruptions de grossesse même lorsqu’il s’agit de femmes ukrainiennes qui ont été violées par des soldats russes. La journaliste s’interroge également sur le soutien dont ce mouvement, dont les dernières déclarations ont été majoritairement perçues comme scandaleuses, jouit désormais auprès du public :
« La traditionnelle Marche pour la vie qui s’est déroulée samedi dernier à Prague en dit beaucoup. Tandis que la dernière manifestation de ce genre en 2019, donc avant la pandémie, avait réuni quelque 10 000 personnes, celle de cette année n'a rassemblé que quelque 3 000 participants. Les raisons de ce désintérêt sont évidemment multiples. Toutefois, il est certain qu’en l’espace de quelques semaines, le Mouvement pour la vie a perdu beaucoup de sympathisants, sa position à l’égard des femmes ukrainiennes lui ayant également coûté le soutien de municipalités et d’établissements sanitaires. »
La journaliste retient encore un autre point lié à cet événement. C’est le flot de drapeaux tchèques au-dessus des têtes des participants. « Dans des circonstances habituelles, cela ne voudrait pas dire grand-chose. Mais dans le contexte actuel, le recours démonstratif à ces symboles marque une certaine réticence à l’égard de l’Ukraine sinistrée », remarque-t-elle en conclusion. Un signe pour elle de ce que les ultraconservateurs tchèques s’inquiètent plus pour les enfants non nés que pour les Ukrainiens qui vivent un cauchemar et dont les vies sont menacées.
La Tchéquie et la Pologne plus proches que jamais
La guerre en Ukraine a fortement rapproché les Tchèques et les Polonais. Tel est le titre d’un article publié dans une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny dans lequel on peut lire :
« Il semble en effet que les gouvernements tchèque et polonais soient aujourd’hui plus proches que jamais. Les contacts politiques entre les deux pays sont particulièrement intenses. Un séjour du président polonais Andrzej Duda à Prague et une rencontre des chefs de gouvernements, Petr Fiala et Mateusz Morawiecki, à Varsovie ou le prochain rendez-vous des chefs de la diplomatie en sont quelques-uns des récents témoignages. »
Varsovie est devenue pour Prague un partenaire stratégique. C’est par la Pologne, comme le rappelle le texte dans Hospodářské noviny, que la plus grande partie de l’aide humanitaire et militaire tchèque est acheminée en Ukraine. C’est également le renouvelement du projet du gazoduc Stork 2 qui avait été envisagé par le gouvernement tchèque dans les années 2014-2017 avant d’être suspendu par le cabinet d’Andrej Babiš, qui est désormais en jeu. Le commentateur du journal ajoute :
« Ce rapprochement avec le gouvernement tchèque est également important pour Varsovie. La Tchéquie et la Pologne sont, par exemple, les deux derniers Etats de l’Union européenne dans lesquels l’extraction du charbon n’a pas été arrêtée. De ce fait, ils partagent les mêmes intérêts au niveau européen concernant la transformation énergétique. »
Non aux quotas… sauf pour certains
La majorité des Tchèques ne sont pas favorables à l’instauration de quotas en politique. Leur refus en lien avec la représentation des femmes sur les listes de candidats aux élections en est un exemple marquant. Il existe pourtant dans le pays des quotas extrêmement stricts en fonction de l’âge pour certaines catégories politiques qui sont tolérés et qui paraissent inébranlables. Ce constat est dressé dans un article publié sur le site Seznam Zprávy. Son auteur explique :
« En Tchéquie, il faut attendre l’âge de 40 ans pour pouvoir prétendre à candidater à la présidence de la République ou pour devenir membre de la Chambre haute du Parlement. La règle existante pour cette dernière est l’une des plus sévères à l’échelle mondiale. L’argument selon lequel ce ne sont pas l’âge mais les capacités qui devraient compter ne se fait que rarement entendre. Ainsi, les candidats à la fonction présidentielle de moins de 50 ans par exemple n’ont que peu de chance de s’imposer, car ils sont perçus comme peu expérimentés. Par ailleurs, l’âge moyen des candidats à la précédente élection présidentielle tchèque était supérieur à 62 ans. En ce qui concerne les candidats possibles à la présidentielle de janvier prochain, leur âge moyen se situerait autour de 55 ans. »
« Mis à part la reconnaissance que l’on doit à la génération d’un certain âge, les voix des plus jeunes devraient avoir elles aussi un certain poids », souligne le chroniqueur. La question qu’il pose en conclusion se veut percutante : « Qui, en réalité, a le plus d’expérience : un trentenaire qui a parcouru le monde ou un sexagénaire qui a passé toute sa vie chez lui enfermé dans sa bulle ? »
Le rappel de la fin de la Deuxième Guerre à l’ombre de la guerre en Ukraine
« Comment commémorer la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la défaite du nazisme et la libération de l’occupation allemande au moment même où l’armée russe est en train d’anéantir l’Ukraine ? » Selon l’éditorialiste du quotidien Lidové noviny, c’est une question que beaucoup de gens devraient se poser ces jours-ci :
« C’est effectivement un problème même pour ceux qui hésitent à comparer Poutine avec Hitler. Pour une grande partie de l’opinion publique tchèque, il est difficile, à la lumière de la guerre en Ukraine, d’exprimer un quelconque respect à l’armée russe ou soviétique pour la libération de mai 1945. En même temps, il ne s’agit pas de relire l’histoire ou de contester les mérites de l’Armée rouge dans la libération de la Tchécoslovaquie. Les représentants de l’Etat ne devraient pas omettre les cérémonies devant les monuments officiels dédiés aux soldats russes. »
Dans ce contexte, l’éditorialiste de Lidové noviny évoque un monument dédié à la libération du pays en mai 1945 que l’on peut trouver dans une petite commune près de la ville d’Ústí nad Labem, dans le nord de la Bohême. Celui-ci propose, selon lui, une solution alternative, car son inscription indique : A la mémoire des armées victorieuses. « Une inscription génialement universelle, utilisable partout, n’importe quand, par n’importe qui et en rappel de qui que ce soit », écrit-il.
Les étudiants russes et biélorusses en Tchéquie face aux sanctions européennes
Les sanctions de l’Union européenne contre la Russie touchent dans une certaine mesure également les jeunes Russes et Biélorusses qui font leurs études en Tchéquie. Le quotidien Mladá fronta Dnes évoque ce sujet :
« Après les Slovaques, les quelque 8 000 Russes sont les étudiants étrangers les plus nombreux dans les universités et les écoles supérieures tchèques. Le nombre d’étudiants biélorusses se situe autour d’un millier. »
Le journal indique que le ministère de l’Education nationale et l’Office d’analyses financières examinent les démarches à suivre pour éviter le risque sécuritaire que ces étudiants peuvent représenter :
« Ce sont la cyber-sécurité, les technologies de l’information, la chimie, l’aviation, l’énergétique et les télécommunications qui, d’un point de vue de la sécurité des pays membres de l’UE, représentent les domaines les plus sensibles. De ce fait, l’accueil de nouveaux étudiants de Russie et de Biélorussie qui optent pour ces disciplines pourrait être dorénavant stoppé, tandis que les universités seraient autorisées, le cas échéant, à mettre un terme aux études de ceux qui y sont déjà inscrits. Ces derniers, en plus, n’auraient plus le droit de séjourner sur le territoire tchèque. »
Le texte publié dans Mladá fronta Dnes ajoute que les sanctions envisagées devraient toucher seulement, si tel est le cas, les futurs étudiants diplômés, ceux qui préparent une thèse de doctorat ou pratiquent des recherches appliquées.