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1) L’Université Charles : 675 ans de savoir au cœur de l’Europe

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Fondée en 1348 par l’empereur Charles IV, sur le modèle de la Sorbonne, l’Université Charles de Prague est l’école supérieure tchèque la plus réputée au monde.

Nous avons rencontré Lucie et Eliot, deux étudiants français qui ont choisi l’une des plus anciennes universités européennes pour leur année Erasmus. Lucie, 22 ans, est étudiante en sciences politiques :

Lucie : « Je suis arrivée à la rentrée fin septembre 2022. Avant la reprise des cours, il y avait une semaine d’intégration. L’équipe de l’université nous a accueillis pour nous faire un point sur l’histoire de l’université et sur les cours que l’on allait pouvoir suivre. Ils ont aussi fait une ‘présentation’ de la vie en République tchèque notamment sur les aspects administratifs. J’ai beaucoup apprécié cette réunion car elle a permis de nous encadrer et de ne pas se sentir perdu. Pendant une semaine, des événements d’intégration étaient organisés, en soirée ou en journée, par l’association étudiante de l’université. »

Photo: Archives du journal Forum/www.cuni.cz

Prendre des cours par plaisir

« J’ai beaucoup apprécié à l’Université Charles les nombreuses possibilités de choix de cours. L’offre de cours permet de satisfaire tous les goûts de chacun. C’était vraiment rassurant au début du premier semestre. J’ai pu prendre des cours par plaisir, plus précisément ceux orientés sur les médias et les relations internationales. Néanmoins, le moment pour s’inscrire aux cours est un peu stressant. C’est en quelque sorte ‘premier arrivé, premier servi’. Certains cours très intéressants sont un peu en tension car il n’y a pas beaucoup de places. Une fois cette étape passée, il nous est possible de tester les cours pendant une à deux semaines. Il est possible de changer d’avis si le contenu du cours ou ses modalités d’évaluation ne nous plaisent pas. »

Etudiant en médecine, Eliot, 20 ans, compare les cours en France avec ceux qu’il suit, depuis septembre, à Prague :

Photo: Archives du journal Forum/www.cuni.cz

Eliot : « A la rentrée, on pouvait choisir des matières allant de la première à la sixième année. Nous avions aussi le choix entre les matières ‘classiques’, avec un cours une fois par semaine et un examen à la fin, ou bien des stages. Donc nous avions le choix sur tout, il n’y avait aucune restriction. »

« Si j’avais vraiment voulu faire correspondre mes cours ici avec ceux que j’ai en France, j’aurais pu le faire à peu de choses près, même si bien entendu les programmes ne sont pas les mêmes. Mais j’ai fait le choix de sélectionner des matières que j’avais déjà suivies en France pour avoir plus de temps. Au final, le niveau est assez élevé donc cela me demande beaucoup de travail. »

Des oraux devant des professeurs exigeants

Eliot : « En France, les évaluations ne sont que des QCMs donc nous sommes un peu des ‘robots à QCMs’ dans le sens où l’on coche des cases toute la journée. Mais en République tchèque, ce sont des oraux devant trois ou quatre professeurs de la fac qui posent énormément de questions. Il y a un site pour chaque matière avec plusieurs questions par chapitre susceptibles de tomber. Le jour de l’examen, ils en choisissent une par chapitre et il faut y répondre à l’oral. »

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo

Près de 7 000 étudiants étrangers sont actuellement inscrits à l’Université Charles. Ils peuvent choisir entre environ 260 programmes d'études en anglais, allemand, russe ou français. Ces études effectuées dans des langues étrangères sont payantes, comme le remarque Eliot :

Eliot : « Je ne sais pas vraiment pour les autres facs, mais pour la médecine en tout cas, les professeurs me semblent assez exigeants. Beaucoup d’étudiants loupent leur année et doivent la redoubler. En France, il est possible de rater sa première année mais une fois intégré dans le cursus, on le finit. En plus, les études en anglais sont chères. Je crois que le prix s’élève à plus de 10 000 euros l’année. En comparaison, en France c’est 250 euros l’année. Donc pour le prix que certains étudiants payent, cela représente beaucoup de travail mais au moins, j’imagine qu’ils ont un très bon niveau en médecine à la fin. »

Photo: Archives du journal Forum/www.cuni.cz

Etudiant Erasmus, Eliot a perçu, lui, une aide financière :

Eliot : « J’ai eu des aides de ma région en France et une bourse Erasmus. Par ailleurs, l’Université de Charles nous donne 160 euros par semestre. Nous n’étions même pas au courant, mais nous avons reçu un mail indiquant de se rendre dans une banque pour recevoir cet argent. »

Fondée en 1348, l’Université Charles est l’une des plus anciennes universités européennes. Elle compte 17 facultés (14 à Prague, 2 à Hradec Králové et une à Plzeň) qui accueillent actuellement près de 53 000 étudiants, dont environ 7 000 étudiants étrangers – nombre qui augmente progressivement.

Les Facultés de Sciences sociales, de Lettres et de Sciences naturelles sont les plus prisées par ces étudiants qui suivent des programmes en anglais, ainsi qu’en allemand, en russe et en français. L’Université Charles, qui fait partie des 500 meilleures universités au monde, leur propose également plus de 1300 programmes d’études en tchèque.

« L’ambiance est plus détendue qu’en France »

Concertant le volume horaire des cours, Eliot et Lucie n’ont pas une expérience similaire :

Eliot : « En France, nous avons cours tous les matins de la semaine, en plus des stages, mais il n’y a pas d’obligation d’aller en cours. Nous avons un système qui permet de recevoir les cours chez soi donc vont seulement en cours ceux qui estiment que c’est utile, pour mieux écouter le professeur. A Prague, nous avons plus de cours et nous sommes obligés d’y aller. Je dirais alors que le volume horaire est ici plus important. »

Lucie : « La plus grande différence que j’ai ressentie par rapport à mon école en France est que j’ai pu choisir mes cours. Les cours ont plus de crédits ECTS, donc cela signifie un volume d’heures de cours plus faible qu’en France à la semaine. Je n’ai que 8 heures de cours dans la semaine, là où en France, j’en aurai 25. Je ressens la différence. La possibilité de choisir les cours contribue aussi à choisir des cours qui nous passionnent davantage. »

Université Charles | Photo: Site officiel de l’Université Charles

« Une autre différence réside dans la pédagogie des cours. Je pense que les professeurs ont intégré le fait que nous sommes des étudiants Erasmus, que nous ne sommes pas là pour se tuer au travail mais aussi pour expérimenter des choses. L’ambiance est beaucoup plus détendue qu’en France. J’ai l’impression que les professeurs sont plus à l’écoute. Contrairement à la ‘hiérarchie’ que l’on peut ressentir parfois en France, ici, j’ai le sentiment que nous avons une relation d’adulte à adulte avec les professeurs. C’est la même chose pour les travaux à rendre : chacun décide de l’investissement qu’il souhaite mettre dans son travail finalement. Il y a moins de pression par rapport aux notes et aux examens. Le fait d’avoir les professeurs à l’écoute, des cours qui nous passionnent nous motivent pour autant à nous investir. »

« Au niveau scolaire, je ne m’attendais pas à vivre cette expérience. Personne ne nous vend l’expérience de cette manière. C’est intéressant d’avoir des cours avec des personnes venues de plusieurs pays différents. C’est un des points positifs que je vais retenir. Quand je suis en classe, je suis avec des étudiants tchèques, mais aussi des gens venus d’Asie, d’Amérique du Sud ou du Nord, de partout. Je trouve intéressant le fait que l’on ait des systèmes scolaires différents et on se retrouve dans la même salle de classe ici. C’est très enrichissant de se nourrir de l’expérience de chaque étudiant. »

Photo illustrative: Université Charles

Enfin, les étudiants étrangers mènent une vie associative riche au sein de l’Université Charles, comme nous le raconte Eliot :

Eliot : « Un groupe d’étudiants s’est motivé à organiser des événements pour les étudiants Erasmus et c’est vraiment bien. Chaque semestre, il y a une sorte de pot d’accueil et tous les étudiants Erasmus de la fac sont invités. Pendant le semestre, ils organisent quatre ou cinq ‘Day-trip’ pour partir dans les villes de Tchéquie assez connues en dehors de Prague, ou bien visiter des châteaux, des endroits à voir dans le pays. Tout est gratuit, entièrement payé par la fac. »

« Personnellement, je suis allé à Plzeň, avec une visite de la fameuse brasserie et j’ai trouvé cela vraiment bien. Mais la plupart du temps, ces visites sont organisées le samedi et étant donné que je voyage souvent durant le week-end, je n’ai pas eu l’occasion de toutes les faire. J’ai des amis qui prennent plaisir à y participer chaque fois. »

Dans le cadre de notre série consacrée au cinq meilleures universités tchèques, nous irons à la rencontre, la semaine prochaine, des étudiants de l’Université Masaryk de Brno.

Photo: Archives du journal Forum/www.cuni.cz
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