« Le tour du monde en 80 jours », une exposition à Prague réinvente le voyage de Phileas Fogg
Au musée Náprstek des cultures asiatiques, africaines et américaines de Prague, l’exposition « Le tour du monde en 80 jours » nous livre les secrets de ce roman mythique publié il y a exactement 150 ans et de son auteur, Jules Verne.
En 1872 paraissait en France ce qui deviendra le plus grand succès de son auteur, Jules Verne, « Le tour du monde en 80 jours ». Ce roman retrace l’aventure de Phileas Fogg, un gentleman anglais qui se donne le défi de faire un tour du monde en 80 jours. L’exposition « Le tour du monde en 80 jours » au musée Náprstek redonne vie à ce personnage imaginaire, aussi célèbre que son auteur. C’est ce que précise Helena Heroldová, l’une des organisatrices de l’exposition :
« L’idée de cette exposition est apparue il y a environ un an et demi. L’idée principale est de présenter le personnage imaginaire de Phileas Fogg, personnage principal de l’œuvre de Jules Verne, comme s’il avait été un réel voyageur. C’est-à-dire qu’on se demande ce qu’il se serait passé si Phileas avait réellement voyagé à travers le monde à cette époque-là. »
En effet, l’œuvre de Jules Verne ne peut pas être étudiée en dehors de son contexte spatiotemporel. La Révolution industrielle à la fin du 19ème siècle fait émerger de nouveaux modes de transport et notamment le développement des chemins de fer et des modes de transport maritimes. Dès le sixième chapitre, l’ouverture du canal de Suez qui a eu lieu en 1869 permet à Phileas Fogg de rejoindre Bombay en une durée record. Finalement, ce dernier parvient à réaliser ce tour du monde en passant par Bombay, Hong Kong ou encore New York et San Francisco en 80 jours. L’exposition propose alors de découvrir différent objets issus des villes étapes de son voyage, à la date supposée du passage de Phileas Fogg.
« Cette exposition se compose de plusieurs parties. D’une part, il y a les objets de collection, d’Afrique du Nord, d’Asie de l’est, d’Amérique du Nord. Ces objets ont été choisis pour représenter le genre d’objets qui auraient pu être achetés à la fin du 19ème siècle. On peut dire que ce sont des souvenirs. De nombreux objets ont été produits en Inde ou en Chine pour les étrangers afin qu’ils puissent les acheter et les ramener dans leur pays d’origine. D’autre part, nous avons des photos et textes qui sont là pour répondre aux interrogations des visiteurs et renseignent sur des questions parfois très actuelles comme le colonialisme, le post-colonialisme, occidentalisation de la Chine ou du Japon. Qu’est-ce que ça veut dire de faire partie de l’Empire britannique en Inde. Nous avons des photos de collection qui représentent le monde à la fin du 19ème siècle. Nous avons également des éléments pour les enfants des modèles papier de transports, de bateaux, de machines aériennes inspirées de l’œuvre de Jules Verne. Nous avons des journaux, qui ne sont pas réels mais qui donnent des informations sur la vie à Londres, à Hong Kong à cette époque. »
L’exposition revient sur la vie et la personnalité de l’auteur Jules Verne lui-même mais également sur son immense succès au-delà des frontières françaises. Il s’agit même d’une des œuvres les plus lues et les plus traduites au monde notamment car elle aborde des enjeux qui résonnent encore aujourd’hui et partout dans le monde.
« Il est très célèbre ici. Une partie de l’exposition est consacrée à l’œuvre et à la vie de Jules Verne. Il y a deux pièces dédiées au « tour du monde en 80 jours » et une pièce entière à Jules Verne, lui-même. Nous pouvons lire différentes informations sur lui, sur ses romans et sur leurs traductions. En effet, ses œuvres ont été traduites en tchèque très rapidement après leur publication en français. A la fin du 19ème siècle on comptait 80 traductions en tchèques. Il y a encore de nombreuses publications aujourd’hui et tout le monde sait qui est Jules Verne et connaît ses œuvres les plus connues. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle l’exposition a été créée. »
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La première version traduite en tchèque du roman est publiée à Prague en 1873, grâce au travail du poète Jan Neruda. Comme en France et partout dans le monde d’autres artistes se sont inspirés de l’œuvre de Jules Verne. Le roman a notamment fait l’objet de réinterprétations en séries, dessins animés, films d’animation ou encore peintures, comme avec Karel Zeman dont certains dessins et sont également exposés. Des sculptures sont également à voir dans cette expo :
« Plusieurs auteurs, peintres, producteurs ont trouvé de l’inspiration dans l’œuvre de Jules Verne. Nous avons deux statues du sculpteur Jaroslav Róna inspirée de la science-fiction. Il y a également un clip vidéo et une interview du sculpteur lors de laquelle il parle de son intérêt pour la science-fiction mais aussi pour Jules Verne. Il prépare une nouvelle statue inspirée d’une scène célèbre de l’auteur dans laquelle, à plus de 2000 lieux de profondeur, le géant Octopus se bat avec un plongeur. »
L’exposition revisite donc le célèbre roman de Jules Verne en se concentrant sur la personnalité des personnages et de leur auteur. Elle insiste également sur le personnage de Jean Passepartout, domestique de Fogg, habituellement représenté comme un personnage simplet et drôle. Pourtant, les réalisateurs de l’exposition ont voulu mettre en avant l’ouverture d’esprit et le rôle important de Passepartout dans le succès de Phileas Fogg.