Roland-Garros : pour Muchová, quand la santé va, tout va
Il n’en reste plus qu’une, mais elle poursuit son chemin. Dernière Tchèque en lice en simple à l’entame de la deuxième semaine, Karolína Muchová s’est qualifiée, dimanche, pour les quarts de finale de Roland-Garros. Enfin débarassée de ses multiples ennuis de santé, la Tchèque, à qui la variété du jeu vaut régulièrement des éloges, affrontera la Russe Anastasia Pavlyuchenkova en quarts de finale, ce mardi.
Il y a un an, c’est en larmes qu’elle avait quitté Roland-Garros. Victime d’une torsion de la cheville sur une glissade, elle avait été contrainte d’abandonner au 3e tour. L’adage est pourtant bien connu : quand la santé va, tout va, et Karolína Muchová, rayonnante cette année à Paris depuis sa victoire au 1er tour contre la Grecque Maria Sakkari, tête de série n° 8, en est la parfaite illustration.
Tombeuse avec autorité de la Russe Elina Avanesyan en deux sets (6-4, 6-3), dimanche après-midi sur le court Suzanne Lenglen, la Tchèque s’est offert le quatrième quart de finale en Grand Chelem de sa carrière, le premier depuis Wimbledon en 2021, reléguant ainsi aux oubliettes de l’histoire le triste souvenir de l’année dernière :
« Je suis très heureuse d’y être parvenue sur la terre battue de Paris, qui n’est pas ma surface préférée, mais je pense que je pratique un bon tennis depuis le début du tournoi. Je prends beaucoup de plaisir sur le court et ce quart de finale est une formidable perspective. »
Contre une Elina Avanesyan repêchée des qualifications et dont le jeu vaut probablement mieux que son actuelle 134e place mondiale, Karolína Muchová a dicté le rythme du match en faisant valoir sa créativité et sa riche palette de coups dès les premiers jeux. Et même si elle a eu besoin de cinq balles de match pour conclure, elle était d’abord satisfaite de s’en être sortie en deux sets sans trembler et sans avoir laissé à la Russe, qu’elle a breaké à sept reprises, la possibilité d’espérer davantage :
« Mon adversaire s’est beaucoup améliorée au fur et à mesure que le match avançait. Elina aurait sauté sur la moindre occasion si je m’étais relâchée. Mais je savais aussi que le service n’est pas son point fort, notamment sa deuxième balle qui est assez lente, je me suis donc efforcée d’être agressive en retour. Le plus difficile a été de rester bien concentrée toute la durée du match et de maintenir un niveau de jeu suffisamment élevé pour continuer à aller chercher les points, parce que les échanges ont commencé à devenir plus longs et qu’il faisait chaud. »
En quarts de finale, Muchová retrouvera une autre Russe, une joueuse qui, comme elle, a longtemps été handicapée par les ennuis de santé. Actuellement 333e mondiale, Anastasia Pavlyuchenkova revient à la compétition après une année 2022 quasi blanche en raison d’une blessure à un genou. Mais que l’on ne s’y trompe pas : ancienne 11e mondiale et finaliste à la Porte d’Auteuil en 2021 (contre la Tchèque Barbora Krejčíková), la Russe sera une redoutable adveraire pour Muchová, plus encore sur la terre battue parisienne. La Tchèque en est bien consciente, et ce bien que que ce soit elle qui a remporté leur dernière confrontation directe, au 3e tour de Wimbledon en 2021 :
« Ce n’est pas comparable. Jouer à Wimbledon et sur terre battue, c’est le jour et la nuit. Anastasia est une adversaire difficile, elle a un bonne main et puis elle joue avec beaucoup d’envie depuis son retour à la compétition. Je m’attends à un match très compliqué et, une fois de plus, il faudra que je sois à 120 % pour avoir une chance de l’emporter. »
Un jeu qui est un éventail de couleurs
Débarassée de ses ennuis de santé, diverses blessures aux abdominaux, à la cheville donc puis au poignet qui l’ont régulièrement freinée dans son élan depuis sa demi-finale à l’Open d’Australie en 2021, Muchová peut d’abord et surtout enfin évoluer à 100 % de ses moyens. Au top de sa forme, la native d’Olomouc est capable de rivaliser avec n’importe quelle joueuse, y compris celles figurant dans le Top 10. Son classement actuel (43e mondiale), conséquence de ses multiples pépins physiques et arrêts, ne reflète d’ailleurs pas son talent.
Armée d’un jeu parmi les plus beaux et plus complets du circuit féminin, où les montées au filet et volées succèdent aux coups de slice, amorties et autres changements de rythme, la Tchèque possède indéniablement le potentiel pour viser plus haut. Jusqu’où, c’est bien évidemment toute la question et son quart de finale contre Pavlyuchenkova, déjà très attendu des observateurs et des puristes du tennis, y apportera une première réponse, avant une potentielle demi-finale contre la Biélorusse Aryna Sabalenka ou l’Ukrainienne Elina Svitolina.
Et si elle-même avoue qu’elle « se demande parfois ce qui lui passe par la tête sur le court » et qu’elle « s’amuse à tenter des coups pour le public », Karolína Muchová sait aussi parfaitement que c’est d’abord avec patience, intelligence et toute la variété d’un jeu à l’apparence d’un éventail de couleurs qu’elle continuera à construire son succès.