Presse : quel dirigeant libéral en Europe centrale après la présidente slovaque Zuzana Čaputová ?
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur ’les réactions, en Tchéquie, après la décision de la présidente slovaque Zuzana Čaputová de ne pas briguer un deuxième mandat présidentiel. Deux autres sujets traités : le durcissement des conditions pour les réfugiés ukrainiens et la chute dramatique du taux de natalité en Tchéquie. Le magazine s’intéresse également aux conditions de vie des Pragois habitant au centre-ville.
La décision de la présidente slovaque Zuzana Čaputová, « l’étoile libérale de la politique centre-européenne », selon Hospodářské noviny, de ne pas représenter sa candidature à la prochaine élection présidentielle en Slovaquie a reçu un grand écho dans les médias tchèques. L’éditorialiste du journal estime qu’elle aura un impact considérable sur la politique slovaque et, dans une certaine mesure, sur celle de l’Europe centrale :
« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les partis démocratiques slovaques à l’approche des élections législatives de septembre. Les populistes et les nationalistes disposeront d’un espace plus ouvert pour attaquer à la fois la présidente et les politiciens démocratiques. Comme la désinformation russe est très active en Slovaquie et qu’une grande partie des Slovaques se laissent séduire par ses récits, l’orientation pro-occidentale de la politique slovaque s’en trouvera affaiblie. »
Désormais, comme l’indique le journaliste du quotidien économique, c’est le président tchèque Petr Pavel qui sera le représentant de la politique libérale en Europe centrale.
« Avec le départ de Zuzana Čaputová, notre voisin slovaque sera de nouveau un peu plus vulnérable », a estimé pour sa part l’éditorialiste du journal Deník. Il a expliqué pourquoi :
« Pour la Slovaquie, Zuzana Čaputová était plus qu’une présidente. Elle était la dernière ancre dans la mer politiquement agitée qu’est devenu notre voisin de ’l’est au cours des quatre dernières années. Elle s’est bien acquittée de ses fonctions, mais elle n’a pas changé la Slovaquie et n’a pas réussi à convaincre les Slovaques. Toutefois, si elle gère la dernière année de son mandat en Slovaquie avec autant de dignité que les quatre précédentes, elle restera une figure politique de l’histoire moderne de la Slovaquie. »
Le regard du journaliste du magazine Reflex sur la présidente slovaque a été plus critique. Il a écrit :
« Zuzana Čaputová est l’exemple qui montre que les jugements précoces peuvent s’avérer fallacieux en politique. Par exemple, en mai 2019, avant son entrée en fonction, elle avait reçu le prix de la Personnalité européenne de l’année à Bruxelles. Ce prix est censé être décerné à des dirigeants pour leurs réalisations exceptionnelles dans les domaines de la politique, des affaires et de l’innovation. Pourtant, on ne sait toujours pas dans lequel de ces domaines Zuzana Čaputová a eu un succès extraordinaire. Peu de temps après avoir quitté ses fonctions, elle sera oubliée parce qu’elle était faible en tant que politicienne. »
Durcissement des conditions pour les réfugiés ukrainiens
Au début de l’invasion russe en Ukraine, l’Etat tchèque s’est montré généreux et très accueillant à l’égard des réfugiés ukrainiens. Aujourd’hui, comme l’indique l’éditorialiste du site aktualne.cz, la situation est en train de changer. « Pourquoi ? », s’interroge-t-il avant de préciser :
« A partir du mois de juillet, la Tchéquie a décidé de réduire considérablement l’aide accordée jusqu’ici aux réfugiés ukrainiens. Ainsi, la possibilité de bénéficier d’un hébergement gratuit sera désormais supprimée. Elle ne s’appliquera qu’aux personnes qui viennent dans le pays pour la première fois et qui obtiennent un statut de protection temporaire. Elle durera 150 jours à compter de la date d’octroi du visa. Cette mesure ne s’appliquera pas aux ‘personnes vulnérables’, comme les personnes mineures, les personnes en charge d’enfants de moins de six ans, les femmes enceintes et autres. Autre nouveauté : le montant de l’allocation humanitaire dépendra de l’âge du réfugié et de ses enfants. »
La question est de savoir pourquoi le gouvernement a décidé de durcir les conditions pour les quelques 300 000 réfugiés qui se trouvent actuellement en Tchéquie. Certes, comme l’écrit l’éditorialiste du site, l’un des motifs est la volonté de réduire les coûts de l’Etat. Mais il y en a, selon lui, également d’autres :
« Nous nous sommes habitués à la situation ukrainienne, comme s’il n’y avait pas de combats, pas de bombes qui tombent, pas de barrages détruits, pas de gens assassinées. Les voix qui s’élèvent contre les réfugiés et qui disent qu’il faut d’abord aider ‘les nôtres’ sont de plus en plus nombreuses. Bref, le climat au sein de la société a changé. Les ONG qui s’occupent des réfugiés sont les premiers à mettre en garde devant les conséquences négatives de ces restrictions, estimant qu’elles coûteront plus cher que l’aide accordée. »
Une inquiétante chute du taux de natalité en Tchéquie
De janvier à mars 2023, 22 000 bébés sont nés dans le pays. Un chiffre qui confirme qu’en deux ans seulement, le taux de natalité en République tchèque a chuté de 21 % d’après un nouveau rapport de l’Office tchèque des statistiques. Selon l’éditorialiste du site echo24.cz, ces données sont très inquiétantes :
« Les fluctuations des taux de natalité ne dépassent que rarement quelques points par an. Pourtant, au cours des dernières décennies, la Tchéquie a déjà connu deux fluctuations brutales. La première, entre 1993-1995, une période de transformations sociales et économiques sans précédent dans l’histoire du pays pendant laquelle le nombre de nouveau-nés a chuté de 20 %. Un autre choc démographique comparable est survenu il y a treize ans. Même à cette époque-là, le nombre de naissances a fortement baissé d’une année à l’autre. C’était pourtant un phénomène unique qui a ralenti après 2012. Il a été causé par la crise économique et financière en Europe et les craintes des gens face au scénario économique grec qui étaient fortement repris par les partis de droite. »
Quelle est la cause de la baisse actuelle de natalité et à quel constat nous amènera-t-elle ?, s’interroge en conclusion l’éditorialiste du site.
Le centre-ville de Prague, un endroit difficile à vivre pour ses habitants
Prague a raté l’occasion de devenir un centre de tourisme cultivé au lieu d’être une destination de week-end arrosés. Le chroniqueur du journal en ligne Deník Referendum l’a constaté au moment de la venue de supporters de foot déchaînés à l’occasion de la finale de la Conference League entre la Fiorentina et West Ham qui se déroulait à Prague :
« Comme d’habitude, à côté de la masse des supporters, il y avait un noyau dur de fauteurs de troubles. L’arrestation de seize ‘suspects’ a fait la une des journaux locaux, pendant que des hommes politiques ont exprimé leur indignation et leur étonnement quant à la manière dont de tels événements ont pu se produire. »
Toutefois, comme le souligne le journaliste, à Prague, les échauffourées entre les supporters de football ne sortent pas vraiment de l’ordinaire. Pour les habitants de Prague, elles ne seront bientôt plus qu’un simple épisode parmi d’autres qui accompagnent leur vie dans le centre. Il en a donné quelques autres exemples :
« Les taxis qui tournent en rond toute la nuit dans la Vieille-Ville, les propriétaires de voitures de sport qui exhibent leurs pots d’échappement bruyants et, enfin, la transformation de nombreux immeubles d’habitation en hôtels sans réception, où personne n’a la possibilité de calmer les visiteurs décidés à faire la fête bruyamment jusqu’au petit matin. La nuit pragoise est le théâtre de nombreuses fêtes alcoolisées appelées ‘pubs crawls’, d’innombrables EVG qui n’en finissent pas. Par ailleurs, plusieurs lieux de fête tels que la rue Dlouhá, la rue Národní ou la Novotná lávka sont d’ores et déjà de connus comme tels à l’étranger. »