Prague vue par Laurent Odelain : l’écriture des montagnes et des eaux
Jusqu’au 11 novembre, l’Institut français de Prague met en avant les travaux de l’artiste Laurent Odelain avec l’exposition « Horopis a vodopis ». L’occasion d’interroger, à travers des photos, des sculptures et des captations vidéo, nos rapports avec la nature et le lien étroit entre les territoires urbains et sauvages.
Laurent Odelain, artiste originaire du nord-est de la France, a passé dix-huit semaines à Prague dans le cadre d’une résidence croisée entre le CEAAC (Centre européen d’actions artistiques contemporaines) de Strasbourg et le centre culturel pragois MeetFactory. C’est à partir de ces quelques mois passés à déambuler sur les collines pragoises qu’a été pensée l’exposition intitulée « Horopis a vodopis ». L’expression, inscrite sur des cartes de géographie trouvées par l’artiste au début de ses pérégrinations, signifie littéralement « l’écriture des montagnes et des eaux ». Mais c’est son côté poétique et ésotérique, en lien avec les rapports que la ville de Prague entretient avec la nature, qui a inspiré Laurent Odelain :
« Je suis très sensible aux énergies des lieux, et ça part toujours de déambulations dans les espaces dans lesquels je me trouve, pas seulement dans la ville mais aussi dans tous les espaces sauvages alentours, qui sont plutôt nombreux. C’est cela la particularité de Prague, qui est assez notable, c’est le fait que les espaces sauvages pénètrent dans la ville. Ou l’inverse, la ville pénètre dans les espaces sauvages, et c’est ce qui m’a intéressé au départ. »
Pour inviter à prendre de la hauteur et à mieux contempler les territoires naturels qui nous entourent, l’artiste a travaillé directement avec des objets et des matériaux trouvés sur place. C’est donc à partir de branches de charbon sèches qu’il a construit une grande structure composée de deux ailes. La mise en mouvement de son corps a ensuite donné lieu à des enregistrements vidéo, desquels ont été tirées des photos, qui composent la majeure partie de l’exposition. Un moyen pour l’artiste d’inviter le spectateur à s’interroger sur les changements vertigineux dans les liens que nous entretenons avec la nature :
« Je tire des images et j’essaie de raconter des histoires autour des spiritualités qui nous manque aujourd’hui. J’appelle de mes vœux la nature pour qu’elle se réveille et qu’elle nous donne des leçons ou au contraire des coups. J’essaie de faire vivre des formes pour qu’elles nous secouent. Sans prétention et tant bien que mal, avec ces espèces d’objets-animaux, je me transforme en un animal qui essaie, avec sa conscience humaine, de réveiller les gens. »
L’exposition, à retrouver à l’Institut français de Prague, instaure également un dialogue avec un autre territoire. En effet, avant de débuter sa résidence pragoise, Laurent Odelain se trouvait à Gdansk, en Pologne, où il avait pu créer une autre sculpture en forme de masque :
« Six mois avant, j’étais à Gdansk, où j’avais commencé à développer quelque chose. C’est le hasard du calendrier qui a fait que je suis venu ici après. C’est pour ça que les deux sont liés, pour moi c’est vraiment la même histoire qui s’est poursuivie ici avec un autre objet. Ce ne sont pas les mêmes territoires, donc on n’a pas du tout les mêmes sensations, mais je suis content de les réunir ici. A la base, la tête de cet oiseau-cerf ne devait pas avoir d’ailes, et les ailes ne devaient pas avoir de tête, mais cela se réunit. Ça me donne l’idée d’aller explorer un autre territoire pour faire une autre partie du corps, pour faire une grosse chimère à partir de toutes les pérégrinations dans les différents endroits. »
Les poursuites des travaux de Laurent Odelain restent donc à suivre de près. En attendant, l’exposition « Horopis a vodopis » permet de se plonger dans son univers singulier. A retrouver à l’Institut français de Prague jusqu’au 11 novembre.