Malgré la hausse de salaires, l’inflation continue de plomber le budget des ménages tchèques
Bien que le montant du salaire brut mensuel moyen ait augmenté de +7,1 % en glissement annuel au troisième trimestre, le pouvoir d’achat moyen des Tchèques a, lui, continué de reculer, en raison de l’inflation. Le niveau des salaires réels a ainsi diminué pour le huitième trimestre consécutif, soit la baisse continue la plus longue jamais connue en Tchéquie.
En attendant, peut-être, selon les prévisions des économistes, une amélioration de la situation et un redémarrage à la hausse à compter de 2024, le pouvoir d’achat réel des salarités tchèques est retombé au niveau où il se situait au début de l’année 2018.
Selon les données communiquées par l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), lundi, le montant du salaire brut mensuel moyen en Tchéquie, qui s’est élevé à 42 658 couronnes (1 740 euros) au troisième trimestre, a pourtant progressé de +7,1 % par rapport à l’été 2022. Une augmentation conséquente à première vue, qui ne permet cependant pas encore de compenser celle de l’indice des prix à la consommation, dont le taux moyen s’est élevé à +8 % pour la période juillet-septembre 2023.
Surtout, les inégalités restent marquantes puisque deux tiers environ des Tchèques touchent un salaire d’un montant inférieur à cette moyenne. Les différences entre les régions demeurent, elles aussi, très importantes. Ainsi, alors que les Pragois perçoivent près de 52 000 couronnes (2 120 euros) chaque mois en échange de leur travail, dans dix des treize autres régions du pays, la moyenne varie entre 37 000 et 40 000 couronnes (1 510 et 1 630 euros). Le montant moyen du salaire médian, de l’ordre de 37 492 couronnes (1 530 euros), confirme d’ailleurs cette observation.
Après une année 2022 particulièrement compliquée pour beaucoup de Tchèques, avec notamment un taux moyen d’inflation supérieur à 15 % et une baisse moyenne des salaires réels de -8,5 %, soit la chute la plus importante parmi les pays de l’OCDE, la tendance observée depuis janvier dernier laisse pourtant entrevoir une sortie de cette spirale négative.
Si la Tchéquie affiche toujours un des taux les plus élevés au sein de l’Union européenne, les 8 % d’inflation en glissement annuel du troisième trimestre n’en demeurent pas moins le niveau le plus bas depuis le premier trimestre 2022. Et si la baisse du pouvoir d’achat était encore de l’ordre de -6,6 % au premier trimestre 2023, puis de -2,2 % au deuxième, elle n’a plus été « que » de -0,8 % au troisième. Une « stagnation » de cet appauvrissement est même attendue pour la fin de cette année, avant donc une première amélioration espérée pour le début de l’année prochaine.
Du mieux, un peu, en 2024
En raison, entre autres, d’un taux de chômage toujours particulièrement faible (3,5 % en octobre, selon le Bureau du travail) et de l’importante pénurie de main-d’œuvre qui en découle, les salaires continueront d’augmenter en Tchéquie en 2024, comme le confirme Petr Gapko, économiste en chef chez Moneta Money Bank :
« La hausse des salaires sera similaire ou légèrement inférieure à celle de cette année. Tandis que la hausse moyenne pour l’ensemble de l’année 2023 devrait tourner autour de 8 %, l’année prochaine, elle devrait plutôt se situer autour de 6 à 7 %. »
Et cette fois, donc, à un rythme enfin plus soutenu que l’inflation, alors que selon une enquête menée récemment par la société Up Czech Republic auprès de plus de 1 000 employés de sociétés et diverses organisations, six salariés sur dix en Tchéquie estiment être sous-payés et que leur niveau de rémunération ne répond pas au travail qu’il leur est demandé d’effectuer.