Petr Pavel en France : entre Prague et Paris, des relations revenues au beau fixe
Pour la première visite d’un président tchèque en France depuis près de dix ans, Petr Pavel a été reçu à l’Élysée, mercredi, par Emmanuel Macron. Évolution de la situation en Ukraine et au Proche-Orient, énergie, migration ou encore élargissement de l’Union européenne ont été les principaux sujets d’échanges entre les deux chefs d’État lors d’une rencontre longue de près de deux heures qui a confirmé que les relations entre Prague et Paris étaient actuellement au beau fixe.
Après que les deux dirigeants ont fait le point sur les différents projets de coopération bilatérale et dossiers européens, Petr Pavel, dont Le Monde avait publié, quelques heures plus tôt mercredi, un entretien dans lequel il a répété toute l’importance que lui et plus généralement la République tchèque accordaient à la poursuite de l’aide à l’Ukraine, s’est d’abord félicité de la franchise avec laquelle les discussions ont été menées avec son homologue français :
« Qu’il s’agisse de questions d’actualité comme la guerre en Ukraine, la situation au Proche-Orient, la situation au Sahel, mais aussi de sujets comme la coopération énergétique, l’élargissement de l’UE, la migration, la sécurité ou le développement durable, nous trouvons toujours plus de points d’entente avec la France. Non seulement durant les présidences de l’UE, mais encore aujourd’hui, il y a de nombreuses questions sur lesquelles nous nous soutenons. »
Avant cela, Emmanuel Macron, qui a rappelé combien les deux pays « avaient renforcé leur lien avec la succession des présidences françaises et tchèques du Conseil de l’UE en 2022 » avait, lui, tenu à « saluer l’ancrage résolument européen de la République tchèque ». Un ancrage qui, vu de Paris, n’était pas nécessairement une évidence il y a encore quelque temps quand le prédécesseur de Petr Pavel, Miloš Zeman, régnait au Château de Prague, et qui, selon le président français, a concouru à rendre la coopération à la fois bilatérale et européenne de nouveau « excellente » :
« Notre partenariat européen est essentiel sur plusieurs enjeux clés : l’alliance européenne du nucléaire, le développement de l’industrie de défense européenne, les enjeux cyber ou encore les questions migratoires. Je salue à cet égard l’accord qui vient d’être trouvé sur le Pacte asile et migrations il y a quelques heures, qui permettra de réformer en profondeur nos politiques en la matière, en envoyant un signal clair sur la nécessité d’une réponse collective à l’échelle européenne pour mieux protéger nos frontières extérieures et lutter contre une immigration clandestine. Sur l’ensemble de ces sujets, nous partageons avec la République tchèque une analyse commune de ce que la souveraineté européenne peut-être dans les années à venir. »
Mercredi après-midi, avant d’inaugurer un nouveau « banc Václav Havel » à Paris en compagnie de Dagmar Havlová, la deuxième épouse de l’ancien président tchèque, Petr Pavel a aussi rencontré, et c’était là un des autres temps forts de sa visite, les dirigeants de NUWARD, filière d’EDF dédiée au développement d’un petit réacteur nucléaire modulaire. Un projet qui vise à remplacer les centrales électriques aux énergies fossiles dans le cadre de la transition énergétique et qui intéresse également fortement la République tchèque, alors que celle-ci envisage à plus ou moins long terme de faire passer la part du nucléaire dans sa production d’électricité à quelque 60 %. Pour ce voyage, Petr Pavel était d’ailleurs accompagné de Dana Drábová, directrice de l’Institut national pour la sécurité nucléaire.
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Ce jeudi après-midi, enfin, avant de reprendre l’avion direction Prague, le président tchèque, en France pour deux jours, devait également s’entretenir avec la Première ministre, Elisabeth Borne, et la présidente de l’Assemble nationale, Yaël Braun-Pivet.