Conflit israélo-palestinien : des centaines d’artistes tchèques demandent un cessez-le-feu
Plus de 400 artistes tchèques ont signé une lettre ouverte adressée au gouvernement de Petr Fiala et au président Petr Pavel pour leur demander d’exiger un cessez-le-feu à Gaza.
Les signataires, parmi lesquels le musicien Tomáš Klus, le chanteur-acteur Vojtěch Dyk et l’actrice Tatiana Dyková, les chanteuses Tonya Graves, Bára Basiková et Jana Kirschner ou encore la musicienne et journaliste Emma Smetana, se sont alignés sur le groupe américain Artists4Ceasefire. Le 30 mars, lors de la remise des prix de la musique Anděl à Prague, certains d’entre eux ont déployé une bannière portant l’inscription « Artistes pour le cessez-le-feu ».
Un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus populaires en Tchéquie, Tomáš Klus a expliqué pour Radio Prague Int. pourquoi avoir lancé cette initiative :
« Lorsque ma femme est revenue d’un séjour à Barcelone, où un débat public est mené au sujet du conflit israélo-palestinien, nous en avons beaucoup discuté. (…) Je me suis alors rendu compte que les informations diffusées en Tchéquie étaient restreintes, que les médias tchèques ne donnaient pas suffisamment la parole aux experts qui connaissent la situation des Palestiniens et pourraient expliquer leur point de vue. L’objectif de cette initiative est de favoriser un équilibre dans le traitement médiatique du conflit. Tandis que la souffrance et la crise humanitaire à Gaza s’intensifient, des préjugés conduisent à la généralisation et à la déshumanisation des Palestiniens. Nous avons voulu réagir à cela. »
Prague soutient fermement Israël dans sa guerre contre le Hamas depuis l’attentat terroriste perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023. Ces derniers mois, plusieurs appels au gouvernement tchèque à s’impliquer davantage dans l’aide internationale à Gaza ont été lancés, par des personnalités, notamment celles œuvrant dans le domaine des droits de l’Homme. Lancée en février dernier et représentée, entre autres, par l’ancienne médiatrice de la République Anna Šabatová, la plate-forme « Parlons-en » (« Mluvme o tom ») demande au gouvernement de faire jouer ses contacts et, en coopération avec l’Union européenne et les États-Unis, faire pression sur le gouvernement israélien en faveur d’un cessez-le-feu et d’un accord avec les États arabes.
À plusieurs reprises toutefois déjà depuis le début du conflit, le gouvernement, qui soutient inconditionnellement la politique d’Israël, a fait savoir qu’il n’entendait pas revoir sa position.
Le musicien Tomáš Klus et ses collègues veulent surtout attirer l’attention du public sur la situation dans la bande de Gaza et inciter un débat dans la société tchèque :
« Je suis désolé pour les victimes des deux côtés. J’ai cependant remarqué qu’elles n’étaient pas présentées de la même manière dans les médias tchèques. Derrière les victimes israéliennes il y a des histoires, des noms et des photos. Mais les Palestiniens morts dans ce conflit sont tout simplement une foule anonyme. Ce n’est pas juste. Je ne soutiens ni l’une ni l’autre partie du conflit, je veux tout simplement que l’on se comporte comme des êtres humains. »
Ce jeudi, le nombre de signataires de l’appel lancé par le musicien s’élevait à plus de 2 000. Tomáš Klus espère réunir 10 000 signatures pour « briser le silence politique et inciter le gouvernement à réagir », a-t-il ajouté. Sur le site artistsforceasefire.cz, les artistes tchèques de tous horizons demandent entre autres que la Tchéquie exige la levée immédiate du blocus de Gaza, et notamment des convois humanitaires.