Petr Pavel a rendu visite aux « Tchèques de l’Amérique »
Chicago et Cedar Rapids, deux villes où d’importantes communautés tchèques et slovaques se sont formées aux XIXe et XXe siècles, ont été, en cette fin de semaine, les dernières étapes du voyage du président Petr Pavel outre-Atlantique.
Après s’être exprimé, mercredi, lors de l’Assemble générale de l’ONU, le président tchèque a quitté New York pour Chicago, où il a été accueilli par le maire de la ville Brandon Johnson. Ensemble, ils ont rendu hommage au premier président tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk qui a donné des cours à l’Université de Chicago au début des années 1900. Devant les étudiants de cette même université, Petr Pavel a prononcé un discours sur les liens transatlantiques.
Dans la « sokolovna » locale, c’est-à-dire dans la salle de sport et lieu de rencontre des membres de l’organisation patriotique tchèque Sokol, fondée à Chicago en 1866, le chef de l’Etat a rencontré des membres de la communauté tchèque locale, dont certains en costumes traditionnels.
« Nous, en Tchéquie, nous pourrions probablement réapprendre certaines traditions grâce à vous » a remarqué le président, avant de souligner que les compatriotes tchèques de l’étranger cultivent les liens entre les États-Unis et la Tchéquie ce qui est selon lui, « plus important que jamais ».
La première vague d’émigration tchèque aux Etats-Unis commence dès l’année révolutionnaire 1848. Les Tchèques débarquent généralement à la Nouvelle-Orléans avant de rayonner dans les environs par le fleuve Mississipi. Une deuxième vague, de 1870 à 1920, voit nombre d’entre eux s’installer à Chicago et dans le Midwest. En 1931, le Tchèque Antonín Čermák est élu maire de Chicago, devenant le tout premier maire à ne pas être né sur le sol américain.
Les Tchèques s’installent également à Cedar Rapids, dans l’Iowa, où Petr Pavel et son homologue slovaque Peter Pellegrini inaugurent, ce vendredi, une horloge astronomique rénovée, unique en son genre aux États-Unis.
Le monument se trouve devant le Musée tchèque et slovaque, fondé il y a tout juste 50 ans. Ancienne journaliste de Radio Prague Int., Rosie Johnston est partie en 2009 aux États-Unis pour rassembler des témoignages d’immigrés tchèques et slovaques. Elle nous décrit dans quelles circonstances a été créé ce musée à Cedar Rapids, une ville de 130 000 habitants :
« Il y a toujours des gens qui préservent leur patrimoine culturel là-bas. Il y avait même des familles qui parlaient encore tchèque il y a vingt ans. Au XIXe siècle, des présidents américains ont offert des terres et beaucoup de Tchèques sont partis pour tenter une nouvelle vie dans le Nouveau Monde. La communauté a commencé à rassembler dans les années 1970 des artefacts tchèques, des choses que leurs grand-mères avaient apportées avec elles de leur pays natal. De cela est né un tout petit musée dans une maison, puis dans les années 1990 un nouveau bâtiment construit pour abriter ce musée a été inauguré par Václav Havel. »
Comme l’a récemment raconté au micro de Radio Prague Int. la directrice du musée Cecilia Rokusek, le musée a été complètement rénové après les inondations de 2008. Il a rouvert ses portes en 2012 et abrite actuellement cinq galeries. Dans ses collections, on trouve 23 000 objets, dont l’une des plus grandes collections de périodiques tchèques et slovaques au monde.
Lors de ses rencontres avec ses compatriotes aux États-Unis, le président Petr Pavel n’a pas manqué de rappeler que l’année prochaine, les Tchèques de l’étranger auront, pour la première fois, l’occasion de voter par correspondance.
Parmi toutes les rencontres faites par le couple présidentiel, une a été particulièrement émouvante : celle avec Eva Neugebauer-Haňková, une Tchèque de 99 ans installée à Chicago, prise en photo en tant que petite fille avec le président T. G. Masaryk. Son histoire, ainsi que celle de l’image apparue même sur un timbre-poste, a inspiré un livre intitulé « Holčička ze známky » qui vient de sortir aux éditions Práh.
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