Le Slavia et le foot tchèque, grands vainqueurs d’un derby des « S » pragois de niveau européen
Des buts, du suspense, un engagement total et une qualité de jeu digne d’une rencontre européenne, le tout sur un rythme effréné et dans une ambiance de feu. Dimanche soir, le traditionnel derby des « S » pragois a offert un magnifique spectacle. Vainqueur (2-1) devant son public, le Slavia possède désormais, après dix journées, six points d’avance sur le Sparta en tête du championnat de Tchéquie.
Quelques jours seulement après leurs résultats nuls (1-1) contre Stuttgart en Ligue des champions pour le Sparta et l’Ajax Amsterdam en Ligue Europa pour le Slavia, c’est un nouveau duel d’une intensité « européenne » que les deux grands rivaux ont livré lors du traditionnel derby de Prague, le 312e de l’histoire.
Un affrontement certes comme souvent très tendu, et sur la fin un poil peut-être trop engagé, comme en témoignent les quatorze cartons jaunes et deux cartons rouges distribués par l’arbitre, mais qui restera dans les mémoires d’abord pour la qualité de jeu proposée par les deux équipes. Et cela est suffisamment rare pour ne pas le souligner.
Tout n’a bien évidemment pas été parfait, cela reste un match du championnat tchèque, mais pour qui aime le foot, et plus encore le foot total, ce Slavia-Sparta aura été un régal.
Le jeune défenseur sénégalais Diouf a encore régalé
Et si le Slavia, dominateur en première mi-temps, en est finalement ressorti vainqueur, c’est entre autres grâce au but le plus rapide de l’histoire du derby, inscrit dès la 65e seconde de jeu par son attaquant Mojmír Chytil, après un bijou de slalom sur son côté gauche d’El Hadji Diouf.
Comme souvent depuis le début de saison, le défenseur sénégalais, que ni l’ambiance ni l’enjeu ne semblent impressionner malgré ses 19 ans, a été un des hommes de la rencontre. Avec lui, le milieu norvégien Cristos Zafeiris, un autre de ses jeunes joueurs, qui, vingt minutes plus tard, d’une frappe limpide du gauche d’une vingtaine de mètres, permettait au Slavia de doubler la mise et de prendre, déjà, un avantage décisif.
Cette victoire, sa neuvième en dix journées, permet ainsi au Slavia de prendre ses aises dans le fauteuil de leader de la Chance Liga, nom officiel du championnat de Tchéquie de football. Mais bien que les Rouge et Blanc possèdent désormais six longueurs d’avance sur le Sparta, c’est autre chose que leur entraîneur Jindřich Trpišovský préférait retenir de ce derby :
« Je n’ai pas envie de regarder le classement. Ce qui importe à mes yeux, c’est d’abord le contenu des matchs. L’avance que nous possédons est une bonne chose, mais nous ne pourrons la maintenir que si nous continuons à bien jouer. Ce soir, grâce aux deux équipes, nous avons vu un très bon match de foot, plus difficile et d’un meilleur niveau je pense même que certains matchs que nous disputons en coupes d’Europe. Le seul petit regret est que nous n’ayons pas vu davantage de buts, car le niveau de jeu le méritait. La saison dernière, les derbys n’avaient pas été en notre faveur, c’est donc une bonne chose de le gagner ce soir, pour tout le club, car il n’y a pas de match plus important que le derby. Mais ne pensons pas au classement, car la saison est encore longue. »
Un derby porteur de belles promesses pour les deux « S »
Du côté du Sparta, si une défaite dans le derby reste toujours difficile à encaisser pour les supporters, et ce d’autant plus qu’il s’agit du deuxième revers consécutif en championnat après le surprenant raté à domicile contre Olomouc (2-3) lors de la journée précédente, ce n’était pas tout à fait la soupe à la grimace pour autant.
Plus consistant et plus entreprenant en deuxième période, le double champion de Tchéquie en titre est d’abord parvenu à réduire le score sur un tir plein de malice de son attaquant kosovar Albion Rrahmani peu après l’heure de jeu (65e), avant de faire douter le Slavia jusqu’au bout.
Beau joueur au coup de sifflet final, c’est d’ailleurs sans peine que l’entraîneur du Sparta, le Danois Lars Friis, a reconnu les mérites de son adversaire du jour, tout en refusant bien évidemment de baisser les bras après que seulement un tiers des trente journées que compte la saison régulière du championnat ont été disputées :
« Nous nous sommes retrouvés menés au score après deux minutes de jeu et cela complique toujours beaucoup les choses dans des matchs comme celui-ci, surtout dans un endroit comme le stade du Slavia. Nous avons mieux joué en deuxième mi-temps, c’est vrai, néanmoins, notre début de match raté est la principale raison pour laquelle le résultat est ce qu’il est aujourd’hui. Nous savions pourtant ce qui nous attendait contre un adversaire qui joue avec énormément d’intensité et qui pose beaucoup de problèmes à de très bonnes équipes européennes, comme nous l’avons encore vu la semaine dernière contre l’Ajax. Ce soir, nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. Nous possédons six points de retard sur le Slavia et ce n’est bien évidemment pas la situation dans laquelle nous aimerions être, mais la saison est encore longue et si nous voulons rattraper notre retard, nous devons continuer à bien faire les choses comme depuis le début de saison. »
Une chose est sûre après ce derby passionnant de bout en bout et dont le football tchèque, plus globalement, est ressorti comme le grand vainqueur : si le Sparta et le Slavia continuent effectivement à faire les choses aussi bien que dimanche, c’est une suite de saison passionnante, tant sur la scène nationale qu’européenne, qui attend leurs supporters.