Festival Czech-In à Paris : embarquez pour un voyage à travers le cinéma tchèque !

Ce jeudi s’ouvre au Cinéma Saint-André des Arts, à Paris, la désormais traditionnelle fête du cinéma tchèque et slovaque. Pour sa 10e édition, qui se poursuivra jusqu’au 21 octobre dans la capitale française, le festival Czech-In a concocté un programme éclectique axé sur de nouveaux films de fiction, des documentaires ou encore des grands classiques du cinéma tchèque, sans oublier des rencontres et débats avec les cinéastes.

Parmi les films à ne pas manquer figure « #annaismissing », présenté en mars dernier au festival Séries Mania à Lille et qui explore les dangers des réseaux sociaux, la comédie dramatique aux accents d’horreur « Arrivée la nuit » ou encore une œuvre culte de la Nouvelle vague tchécoslovaque, « Le Meurtre de l’Ingénieur Diable » de la réalisatrice Ester Krumbachová, qui aurait fêté ses 100 ans cette année. En ouverture du festival Czech-In, le film tchèque « Amérique » qui date de 1994. Fondatrice et directrice du festival, Markéta Hodoušková explique ce choix :

'Amerika'

« Cette année, le festival rend hommage à plusieurs figures emblématiques de la culture tchèque, dont Franz Kafka. Pour rappeler le centenaire de sa mort, nous avons choisi de projeter en ouverture le film ‘Amérique’ du réalisateur Vladimír Michálek qui a été restauré en qualité numérique pour le Festival de Karlovy Vary cette année. Le film, tourné d’après le roman inachevé de Kafka [L’Amérique ou Le Disparu, ndlr], a été créé il y a trente ans. Il n’a encore jamais été montré en France. Son sujet est toujours pertinent et d’actualité. Les décors font référence au cinéaste Karel Zeman et, grâce à sa musique créée par le groupe Lucie, le film est considéré comme une œuvre culte pour toute une génération de Tchèques. »

Lucie - Amerika

Vous présentez aussi le documentaire « Ici Havel, vous m’entendez ? » de Petr Jančárek, qui retrace les dernières années de vie de l’ancien président tchèque Václav Havel. Pourriez-vous en dire plus sur cette projection un peu spéciale ?

'Ici Havel,  vous m’entendez ?' | Photo: MFDF Jihlava

« Nous sommes très heureux de pouvoir rajouter sur la liste des films que nous avons projetés par le passé et qui concernaient Václav Havel aussi ce documentaire sorti récemment en Tchéquie. Pour cette projection, nous aurons le plaisir d’accueillir le réalisateur Petr Jančárek, ainsi que le politologue Jacques Rupnik qui a été pendant de longues années le conseiller de Václav Havel. Il était  aussi à l’origine de l’attribution de doctorat honoris causa à Václav Havel à Sciences Po à Paris. Les images de la cérémonie de remise du doctorat apparaissent également dans le documentaire. A l’issue de la projection, le public parisien pourra discuter avec ces deux invités, deux hommes qui côtoyaient Václav Havel au quotidien. »

Un autre documentaire figure au programme du festival : réalisé par Jakub Tabery, il est consacré à l’historien français Ernest Denis. Ce spécialiste du monde slave a joué un rôle important dans la fondation de la Tchécoslovaquie en 1918. Cette projection aura lieu exceptionnellement en décembre, à l’Hôtel de Ville de Paris. Pourquoi ce cadre spécial ?

'Fondateur Oublié – Ernest Denis' | Photo: ČT

« Nous avons souhaité continuer notre coopération avec l’Hôtel de Ville de Paris, mais son auditorium n’est disponible pour une projection que début décembre.  C’est un lieu symbolique puisque dans le film même, on voit à plusieurs reprises des dirigeants français accueillir à l’Hôtel de Ville Ernest Denis, mais aussi le président T. G. Masaryk. Le film donne la parole à des historiens français et tchèques qui évoquent les multiples échanges et les relations étroites entre la France et la Tchécoslovaquie depuis la création de l’Etat tchécoslovaque indépendant, à laquelle Ernest Denis s’est aussi attelé. Son engagement est peu connu en France, donc le film sera une découverte pour de nombreux spectateurs. »

« Photophobia », une coproduction entre la Tchéquie, la Slovaquie et l’Ukraine, a fait parler d’elle au moment de sa sortie en salles en Tchéquie. Pourquoi avez-vous choisi de montrer ce film documentaire au public français ?

'Photophobia'

« Tous les ans, nous coopérons avec la plateforme Kino Visegrad pour pouvoir présenter des films coproduits par les pays voisins de la Tchéquie. En collaboration avec l’Institut slovaque de Paris et avec plusieurs institutions culturelles françaises, nous avons sélectionné ce film qui avait remporté le Label Europe Cinemas au Festival de Venise. Il y a une raison encore à ce choix : depuis 2022, la guerre en Ukraine est malheureusement devenue l’un des sujets de notre festival.  ‘Photophobia’ des réalisateurs Ivan Ostrochovský et Pavol Pekarčík parle d’enfants ukrainiens obligés de vivre dans les espaces souterrains du métro de Kharkiv. Pour la projection de ce vendredi, nous avons invité Pavol Pekarčík, ainsi que les représentants de la communauté ukrainienne à Paris pour un débat autour du film. »

Photophobia (2023) / International Trailer

Jury des étudiants de la Sorbonne

Pourriez-vous présenter le jury de votre festival et dire quel est son rôle, étant donné que vous n’attribuez pas de prix dans le cadre du festival Czech-In ?

Christian Paigneau | Photo: Eva Kořínková,  Institut français de Prague

« Oui, c’est exact. Le festival a toujours eu des marraines et des parrains. Cette année, nous avons développé une très belle coopération avec l’association Contre-plongée qui réunit des étudiants de la Sorbonne et avec laquelle nous avions également co-organisé deux rétrospectives des films de la Nouvelle vague tchécoslovaque. Pour la 10e édition du festival, nous avons créé pour la première fois un jury composé de trois étudiants en cinéma, en histoire du cinéma et en art audiovisuel. Le jury est présidé par le réalisateur et scénariste Christian Paigneau qui a consacré son premier film documentaire ‘Un conte de fées tchécoslovaque’ justement à la formidable production de la Nouvelle vague.

Malheureusement, nous n’avons pas obtenu suffisamment de financement pour pouvoir attribuer un prix spécial au film gagnant. Toutefois, grâce à nos partenaires, tels qu’Artus Films, l’Université Charles ou Les Bières tchèques, nous pouvons par exemple offrir des tarifs réduits et une bière gratuite aux anciens étudiants de l’Université Charles et aux étudiants Erasmus. »

Dans le cadre de la 10e édition du festival Czech-In, une rencontre des professionnels de cinéma sera organisée ce vendredi à l’Ambassade de République tchèque à Paris. Animée par Ariel Schweitzer, critique aux Cahiers du Cinéma, elle aura pour objectif de redonner un nouvel élan aux coproductions franco-tchèques.

Les amateurs du cinéma tchèque qui ne peuvent pas se rendre au festival peuvent découvrir les films tchèques présentés lors des précédentes éditions en VOD sur la plateforme UniversCiné, dans la section Kino Visegrad Corner.

https://czech-in-film-festival.fr/