Paris : focus sur les réalisatrices qui font bouger le cinéma tchèque au festival Czech-In
Avis aux amateurs de cinéma tchèque à Paris et dans sa région : à compter de ce vendredi et jusqu’au 22 octobre, ils peuvent découvrir une sélection des meilleurs films tchèques et slovaques récents. Cela se passe au Cinéma Saint-André des Arts, dans le cadre du festival Czech-In.
La 9ème édition de ce rendez-vous désormais traditionnel du cinéma tchèque en France met en lumière la création de femmes cinéastes contemporaines. Directrice du festival, Markéta Hodoušková nous les présente, ainsi que leurs films :
La sorcellerie en Slovaquie aujourd’hui
« Nous allons projeter des films de réalisatrices qui ne sont pas forcément tchèques, mais qui ont fait leurs études à la FAMU, l’Ecole supérieure de cinéma de Prague. C’est par exemple le cas de Tereza Nvotová, une réalisatrice slovaque qui vit entre Prague et New York. En ouverture du festival, nous présentons son film ‘Nightsiren’ (‘Světlonoc’). C’est un film avec des éléments mystérieux qui a été tourné dans la campagne slovaque, au milieu d’une nature sauvage. En 2022, il a reçu le prix Léopard d’or du meilleur long-métrage au Festival international du film de Locarno. »
« Nightsiren » est une coproduction tchéco-slovaco-française : le monteur Thibault Hague et le musicien français ROB ont notamment participé à sa réalisation. Dans une vidéo tournée à New York pour le festival Czech-In, Tereza Nvotová a expliqué ce qui l’avait inspirée pour son film :
« Tout a commencé lorsque Barbora Námerová qui a ensuite co-écrit le scénario avec moi a lu le livre ‘L’ennemi de l’intérieur’. C’est une étude anthropologique qui révèle que les habitants de certains villages slovaques croient toujours dans les sorcières. Cela nous a interpellées. Nous avons commencé à réfléchir sur la façon dont nous percevons aujourd’hui les traditions et comment nous nous laissons influencer par les anciennes légendes et les préjugés. Nous nous demandons aussi ce que c’est que d’être une femme dans la société actuelle. »
Premier film tchéco-suisse
Au programme de Czech-In figure également la comédie dramatique « Perdus au paradis » (Ztraceni v ráji) de la réalisatrice Fiona Ziegler, une cinéaste suisse diplômée elle-aussi de la FAMU de Prague. On écoute Markéta Hodoušková :
« Fiona Ziegler présentera au public du festival son premier long-métrage qui est en même temps la toute première coproduction tchéco-helvétique. Elle y raconte son expérience de vie entre deux mondes : suisse et tchèque. Confrontés à ces deux cultures différentes, ses personnages essaient de se construire une vie entre les deux pays. »
« Nous avons profité de l’occasion pour inviter à Paris l’actrice Hana Vagnerová qui joue le rôle principal non seulement dans ‘Perdus au paradis’, mais également dans un autre film dont elle a co-écrit le scénario et que nous présentons cette année au festival : il s’agit du drame ‘Les limites de l’amour’ du réalisateur tchéco-polonais Tomasz Wiński. »
Explorer les limites de la monogamie
« Hranice lásky » (« Borders of Love ») raconte la vie d’un couple qui, pour relancer le désir dans sa vie sexuelle, décide d’expérimenter l’échangisme. Un film qui a fait couler beaucoup d’encre après sa sortie en salles en Tchéquie en 2022.
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« Nous sommes curieux de savoir quelles seront les réactions du public parisien à ce film sur un couple qui prend cette expérience très au sérieux. En même temps, l’histoire ne manque pas d’humour. Je pense que ce sujet n’est pas tellement montré sur les écrans en France, du moins pas de cette manière. Nous sommes ravis de pouvoir organiser un débat avec Hana Vagnerová à l’issue de la projection. »
Chronique d’une famille tchèque en 1968
La réalisatrice Beata Parkanová sera également à Paris pour présenter devant le public du festival Czech-In son film « La Parole » (« Slovo ») qui a remporté les prix de la mise en scène et de l’interprétation masculine au Festival international du film de Karlovy Vary en 2022.
« Dans son film, la réalisatrice explore l’ambiance qui règne au sein de la famille d’un notaire vivant dans une ville provinciale. C’est un film intimiste qui montre comment les gens ont vécu l’invasion du pays par les troupes soviétiques en août 1968, comment les familles pouvaient être divisées et comment les gens ont fait face, chacun à leur façon, aux changements dans la société. »
Pour son film « La Parole », Beata Parkanová s’était librement inspirée du parcours de vie de ses grands-parents, comme elle l’a expliqué au micro de Radio Prague Int. :
« Effectivement, mon grand-père était notaire dans une petite ville. Pour pouvoir occuper un tel poste, il fallait obligatoirement être communiste, mais lui a toujours refusé d’adhérer au parti, de même que ma grand-mère. Mon grand-père était très gentil et respecté, les gens l’aimaient. C’était son atout. Les communistes l’ont finalement laissé exercer son métier, c’était probablement avantageux pour eux, parce qu’il était un bon juriste, assidu et rigoureux. »
« Après août 1968, il a souffert d’une grave dépression et a été hospitalisé à plusieurs reprises. Ensuite, il est revenu au travail, mais il a continué à subir les pressions du régime. A la fin du film, le couple déménage dans une autre ville, mais en réalité, mes grands-parents sont restés. Ils ont pleuré de joie quand Václav Havel a été élu président de la République, après la révolution de Velours. Mon grand-père a pu ensuite consulter son dossier conservé dans les archives communistes. »
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La 9ème édition du festival Czech-In permet de découvrir, jusqu’au 22 octobre prochain, d’autres films encore, dont « KaprKód » de Lucie Králová et « Symphonie plastique » de Juraj Lehotský.
Plusieurs projections satellites sont prévues en novembre dans les départements d’enseignement de la langue tchèque de l’INALCO et de la Sorbonne.
Pour voir tout le programme du festival : http://czech-in-film-festival.fr/
