Photographie : après Paris et Rome, les Ruines de Josef Koudelka exposées à Prague
Après Paris et Rome, la dernière œuvre du photographe Josef Koudelka, Ruines, est présentée au musée des Arts décoratifs de Prague. La collection photographique de monuments anciens a été patiemment bâtie par l'auteur entre 1991 et 2017 dans plus de deux sites archéologiques autour de la Méditerranée. Le photographe de renommée mondiale, originaire de la ville de Boskovice en Moravie du Sud, a présenté l'exposition à Prague ce mardi. Elle est à voir jusqu’au 30 mars 2025.
Pour photographier ces ruines, Koudelka a visité une vingtaine de pays en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En France, en Italie, en Grèce, en Turquie, en Syrie, en Israël, en Jordanie, en Égypte, au Maroc et en Algérie, par exemple, il a exploré ce qui subsiste encore de l'époque de la Grèce antique et de l'Empire romain. Il montre comment l'ingéniosité humaine, l'art de la construction et le résultat du travail des esclaves ont défié les ravages du temps pendant deux millénaires. Et un paysage contemporain marqué par les conflits et l'industrie.
Cette exposition a été conçue avec certaines citations du livre conçu avec Schnapp, archéologue français, qui avait également travaillé sur cette exposition intitulée Ruines, à la BNF de Paris en 2020. Et à propos de la France, où Josef Koudelka avait émigré dans les années 1980 avant la chute du communisme, le maître nous a dit quelques mots – en français :
« Moi, je suis français. J’ai deux passeports. Un tchèque – je n’ai jamais perdu ma nationalité tchèque – et un français que j’ai ‘gagné’. La France a été très importante pour moi parce qu’elle m’a accordé l’asile. Beaucoup de photos que vous pouvez voir dans cette exposition ont pu être prises grâce à la France. »
« Il y avait ma grande exposition à Marseille. Je n’avais pas beaucoup de photos en Afrique. Et c’est grâce à l’Institut français et aux ambassades françaises que j’ai pu aller en prendre là-bas en Afrique. Je veux remercier la France pour ça. »
« Je ne me suis jamais senti Français et maintenant je ne me sens pas Tchèque non plus. Je me sens sans nationalité. J’ai fait une exposition à Chicago et le catalogue s’intitulait ‘Nationality doubtful’. »
La série Ruines fait partie d'une collection de deux mille cinq cents photographies que l'auteur, a offerte au musée des Arts décoratifs de Prague. Les cycles photographiques précédents de Koudelka, Invasion, Débuts, Expériences, Théâtre, Tziganes, Exilés et Panorama, faisaient également partie du don. « Je suis né dans ce pays. Je pense qu'il est normal que ce que j'ai fait reste ici », a déclaré Josef Koudelka. D'autres œuvres ont été léguées à la Galerie morave de Brno et au Musée national.
L'actuel projet du photographe, qui prend toujours des clichés à 86 ans, porte sur une institution psychiatrique en Sicile.
