Course automobile : en Tchéquie, même le président se passionne pour le Dakar

Le véhicule Iveco d’Aleš Loprais

Depuis les premiers exploits du légendaire Karel Loprais au volant de son camion Tatra dans le désert africain dans les années 1980, le rallye Dakar n’a jamais cessé de fasciner les Tchèques. Preuve en est encore cette année lors de cette 47e édition avec les très bonnes performances des nombreux participants tchèques et, même, la présence du président Petr Pavel dans le désert saoudien.   

« Pour beaucoup de Tchèques, Karel Loprais est une sorte de héros qu’ils ont découvert dans la seconde moitié des années 1980. C’était encore l’époque du communisme et on entendait alors beaucoup parler de ses exploits à la radio. Mais même après la révolution de 1989, il est resté ‘Monsieur Dakar’. »

Sans aller jusqu’à parler d’une histoire d’amour, sauf peut-être pour certains de ses participants, le public et les médias tchèques ont toujours, depuis, porté un grand intérêt au rallye Dakar. Un intérêt mêlé de nostalgie pour tous ceux déjà d’un certain âge, comme l’amoureux de l’Afrique Jan Rajniš, qui prend donc sa source dans les premiers succès en Afrique de Karel Loprais, vite surnommé « Monsieur Dakar » ou « Le touareg de Frenštát » (nom de la petite ville de Moravie où il vivait), à une époque où la course s’appelait encore le Paris-Dakar.

Une aventure dans le désert saharien au volant de son non moins légendaire camion Tatra tout-terrain dont s’était ainsi souvenu, il y a quelques années, au micro de RPI, Josef Kalina, fidèle copilote de Karel Loprais :

« Nous avons commencé sous le système communiste. A l’époque, il était donc bien entendu question avant tout des intérêts de l’usine. Notre rôle a été de convaincre les dirigeants communistes que nous allions faire une bonne propagande de notre produit dans ‘l’autre monde’. En tant que constructeur de camions tout-terrain, Tatra s’est montré intéressé. Nous avons commencé très modestement et puis, malgré tous les changements de directeurs, de systèmes économiques, puis politiques, nous avons toujours trouvé une solution pour participer. »

Trente-neuf ans après la première participation historique de Karel Loprais et du constructeur Tatra, le « Dakar », bien qu’il n’ait aujourd’hui plus grand-chose en commun avec ce qu’il était à ses débuts, exerce toujours la même fascination sur les amateurs tchèques de sport automobile. Cette année encore, ce ne sont pas ainsi pas moins de neuf motards, deux équipages parmi les voitures, sept chez les camions et six autres encore dans la catégorie Classic (réservée aux véhicules des années 1980 et 1990) qui participent à la 47e édition de la course disputée dans le désert saoudien.

Autre preuve, si besoin encore en était, de cet intérêt tchèque, même le président de la République, Petr Pavel, lui-même motard passionné, s’est rendu (à ses frais) en Arabie saoudite, afin de pouvoir passer quelques jours de vacances dans le bivouac en compagnie des concurrents tchèques. Une visite très remarquée, et aussi critiquée par certains en raison du pays-hôte de la course, comme, par exemple, par Matouš Veselský, sociologue du sport interrogé par la Radio tchèque peu avant le départ du « Dakar » à Bisha en fin de semaine dernière :

« Ce n’est pas tout à fait habituel pour un politique de ce rang, mais comme on le sait, Petr Pavel est un passionné de sport en général. Pas seulement de sport automobile d’ailleurs, puisque tout le monde se souvient de ses deux visites dans le vestiaire de l’équipe de Tchéquie pendant le championnat du monde de hockey. Petr Pavel se présente ainsi et je pense que ce côté sportif fait partie de sa stratégie de communication pour marquer les esprits. Mais pour être honnête, je trouve que cela est plutôt sympathique. »

Sympathiques, pour ceux que la course en tant que telle intéresse, sont aussi les débuts des concurrents tchèques dans cette édition 2025 où, une fois encore, la catégorie la plus suivie par le public en Tchéquie est naturellement celle des camions.

Martin Macík défend son titre au volant d’un véhicule Iveco | Photo: Demi Baauw,  EPA/Profimedia

Sacré en 2024, où il est devenu le premier pilote tchèque vainqueur du Dakar depuis le dernier des six succès de Karel Loprais en 2001, Martin Macík défend son titre au volant d’un véhicule Iveco, une marque dont Aleš Loprais, ancien navigateur à ses débuts de son oncle Karel et deuxième de la dernière édition, porte, lui aussi, les couleurs cette année.

Au matin de la 4e étape, disputée ce mercredi, et après la victoire de Loprais mardi, Martin Macík, figurait en tête du classement général, avec une légère avance d’un peu plus de 3’30 sur son compatriote. Principaux prétendants à la victoire finale, les deux Tchèques devraient se tirer la bourre jusqu’à l’arrivée, le 17 janvier.