Presse : en 2025, les défis de la cacophonie sur la scène politique et des inégalités régionales
L’incapacité à s’entendre entre les partis de la coalition gouvernementale et ceux de l’opposition et les inégalités régionales sont deux des défis qui attendent la Tchéquie en 2025 et auxquels cette nouvelle revue de presse s’intéresse cette semaine. Le regard que les médias tchèques portent sur l’ascension d’Elon Musk, le vingtième anniversaire de l’armée professionnelle tchèque et les malentendus entre les randonneurs et les skieurs de fond en montagne sont les autres sujets au programme.
En ce début de nouvelle année, la plupart des médias s’interrogent sur les défis et les perspectives qui seront ceux du pays durant les douze prochains mois. L’éditorialiste du site Aktualne.cz s’intéresse, par exemple, à ce qui apparaît actuellement comme un des principales faiblesses de la politique tchèque :
« Tout laisse à penser qu’il n’existe aucun intérêt commun entre l’opposition et les partis au pouvoir, comme si deux univers que tout oppose se faisaient face en Tchéquie. Ce négativisme concerne surtout l’opposition qui, en s’appuyant sur un marketing grossier, fait passer le gouvernement pour une vaste escroquerie et un mal. Mais les avertissements lancés par le Premier ministre Petr Fiala au sujet d’un possible retour ‘du chaos’, en cas de victoire aux prochaines élections législatives de son prédécesseur Andrej Babiš, ne sont guère plus positifs. Or, la faiblesse tchèque réside clairement dans le fait que les deux camps ne cherchent aucunement à trouver un terrain d’entente pour coopérer davantage et ne mettent pas l’accent sur ce qui devrait pourtant être leur priorité commune, à savoir la protection de la liberté et de la souveraineté acquises ou encore celle des médias indépendants. »
Comme l’ajoute toujours Aktualne.cz, cet intérêt commun devrait englober également une défaite de la Russie en Ukraine et le caractère incontestable de notre appartenance à l’UE et à l’OTAN.
Réduire les inégalités entre les régions
« Souvent, les problèmes les plus brûlants restent ceux qui sont les plus négligés. » C’est ce que déplore le quotidien économique Hospodářské noviny dans un commentaire qui revient sur le discours du Nouvel An prononcé par le président Petr Pavel. « À l’exception du parti (libéral) STAN (une des quatre formations qui composent la coalition gouvernementale), personne n’a remarqué que le chef de l’État avait soulevé un problème qui est à la source d’autres problèmes du pays : les inégalités entre les différentes régions de la Tchéquie », explique ainsi l’auteur. Et ce, en dépit du fait que même des organisations comme l’OCDE, l’Union européenne ou la Banque mondiale perçoivent les disparités économiques et sociales entre les régions comme un grand frein au développement du pays :
« Peu importe qui est au pouvoir, les politiques ignorent systématiquement les régions les moins prospères que sont celles d’Ústí nad Labem, de Karlovy Vary et de Moravie-Silésie. L’histoire du ‘soutien’ aux régions frontalières dont l’environnement a été endommagé par l’exploitation minière et leur tissu économique dévasté par sa restructuration, et dont la structure sociale a été profondément transformée par le départ forcé des Allemands des Sudètes, est vraiment quelque chose de triste. Tous les gouvernements se contentent de parler de la nécessité d’aider ces régions sans jamais vraiment passer à l’action. »
Pourquoi le soutien à ces régions défavorisées est-il si lent ? La réponse, toujours selon l’auteur, réside dans les aspirations électorales ou, plutôt, dans le cynisme avec lequel les partis politiques considèrent le problème :
« Les gouvernements de centre-droit sont bien conscients qu’ils ne possèdent pas beaucoup d’électeurs dans ces régions et que les choses ne s’amélioreront pas en l’espace d’un seul mandat. Du coup, ils n’aident pas beaucoup. Quant aux partis populistes et extrémistes, une amélioration de la situation ne les intéresse pas beaucoup plus, car si les populations de ces régions commençaient à bénéficier de meilleures conditions de vie, elles n’auraient plus aucune raison d’exprimer leur mécontentement contre les ‘élites pragoises’ lors des élections. C’est pourquoi le président Pavel a appelé les partis et responsables politiques à penser davantage sur le long terme et de manière responsable, et à ne pas seulement chercher à être élus ou réélus. La réalité, malheureusement, est que nous manquons depuis fort longtemps de ce type de dirigeants, tout comme les régions du nord du pays souffrent de l’absence d’une plus grande prospérité. »
Elon Musk vu par les médias tchèques
Concernant l’agenda international, l’ascension d’Elon Musk est un des sujets souvent abordés dans les médias tchèques. Très à gauche, le journal Alarm estime ainsi que « Musk est l’homme le plus dangereux au monde qui nous a guéri de l’idée que les milliardaires puissent être nos alliés ». L’auteur explique pourquoi :
« Qu’il s’agisse de ses conversations téléphoniques avec Vladimir Poutine, de son soutien au parti allemand d’extrême droite AfD ou de ses attaques contre Keir Starmer au Royaume-Uni et Lula da Silva au Brésil, les activités politiques de Musk peuvent être interprétées avant tout comme une volonté de se débarrasser de ses concurrents et de ses opposants pour s’enraciner dans la politique mondiale et dans les infrastructures clés. L’influence combinée de la plus grande fortune du monde et du gouvernement le plus puissant du monde, qu’Elon Musk entend mettre au service de politiques néolibérales et conservatrices, est une terrible nouvelle pour tous ceux qui sont favorables à un partage démocratique des pouvoirs, au respect des principes de l’État de droit et à un système international fondé sur des règles. Enfin, l’ascension de Musk est une très mauvaise nouvelle pour l’Europe, qui devrait travailler dur pour sa résilience et son autosuffisance. S’il n’est pas encore trop tard pour cela... »
Dans le camp opposé, le rédacteur en chef du site de droite Echo24.cz considère les présentations extravagantes de Musk comme une provocation et une riposte aux diverses attaques qui visent Donald Trump. « Il convient de ne pas surestimer les activités de Musk. Il est aussi influent qu’on le veut bien. Ce qui n’enlève rien au fait que 2025 apportera encore beaucoup de surprises. »
20 ans depuis la professionnalisation de l’armée tchèque
Le journal Deník rappelle que cela fait désormais plus de vingt ans que la Tchéquie dispose d’une armée entièrement professionnelle, la fin du service militaire obligatoire remontant à la fin de l’année 2004. L’occasion pour l’auteur d’observer :
« Selon le chef d’état-major Karel Řehka, la pénurie de soldats professionnels et de réservistes est le principal problème auquel l’armée tchèque est actuellement confrontée. Selon les données du ministère de la Défense, elle comptait 27 826 soldats, parmi lesquels quelque 4 000 femmes, au début de l’année 2024. Vingt ans après l’abolition du service militaire obligatoire, l’armée possède ainsi le plus grand nombre de soldats professionnels et de réservistes. Toutefois, chaque année, le nombre de réservistes, c’est-à-dire d’hommes et de femmes qui ont suivi une formation de base mais ne sont pas engagés dans les rangs de l’armée, diminue de manière significative. Parallèlement à ce constat, le recrutement de nouveaux soldats ne permet pas de renouveler et d’augmenter les effectifs comme il le faudrait pourtant. »
Deník note toutefois aussi qu’avec la mise en valeur d’une nouvelle règle qui assouplit les conditions médicales d’aptitude requises pour les candidats à une carrière dans l’armée, la situation pourrait changer. De même, les femmes sont désormais plus nombreuses. « Selon les plans stratégiques, l’armée tchèque entend pouvoir disposer, d’ici 2030, de quelque 30 000 soldats professionnels et 10 000 réservistes », lit-on encore dans le journal.
Dans les Monts des Géants, l’hostilité entre randonneurs et skieurs de fond
La présence en plus grand nombre, en hiver, de randonneurs dans les hautes parties enneigées des Monts des Géants (Krkonoše), dans le nord du pays, est devenue une nouvelle source de tensions, comme le remarque le site Info.cz :
« Les montagnes tchèques, et en particulier les Monts des Géants, accueillent beaucoup de monde, surtout par beau temps, comme lors des dernières vacances de Noël. Et comme il y a peu de place sur les chemins, la présence de randonneurs est devenue une source de conflits avec les skieurs de fond. Et ce, d’autant plus qu’ils sont souvent mal équipés et s’enfoncent dans la neige, endommageant ainsi les pistes tracées pour les skieurs. La météo très variable et imprévisible dans les Monts des Géants, qui en quelques minutes peut passer d’un ciel ensoleillé à une tempête glaciale, est également un aspect que les marcheurs ont tendance à ignorer. Il n’est donc pas étonnant qu’ils se retrouvent souvent dans des situations dangereuses qui préoccupent les équipes de secours en montagne. »
L’auteur d’Info.cz considère que la dégradation des relations entre les randonneurs et les skieurs de fond rappelle l’atmosphère hostile qui règne depuis de nombreuses années sur les routes entre les automobilistes et les cyclistes. « Les marcheurs ont tendance à penser que la montagne leur appartient et qu’ils ont le droit d’y être majoritaires, grâce à leur supériorité numérique croissante », constate-t-il en conclusion.