Musique : le célèbre label tchèque Supraphon racheté par Sony
Société créée en 1932, la célèbre maison de disques Supraphon possède un nouveau propriétaire. Il s’agit de la société américaine Sony Music Entertainment, a annoncé le porte-parole de Supraphon, ce mardi. Le montant de l’opération n’a pas été précisé.
Basé à Prague et spécialisé dans tous les types de musique, du classique à la pop, Supraphon est un des plus anciens labels discographiques en Europe centrale, racheté en 2008 par Miloš Petana et dont il est resté propriétaire avec Zdeněk Kozák.
« Supraphon est un pilier du patrimoine musical tchèque, avec un catalogue inestimable et un engagement à soutenir les talents tchèques et slovaques qui correspond parfaitement à notre volonté de développer les artistes », a déclaré le président de Sony Music pour l’Europe continentale et l’Afrique.
Pendant toute la seconde moitié du XXe siècle le label régnait sur la production de disques dans toute la Tchécoslovaquie quasiment sans partage. Selon le musicologue Ivan Ruml, interrogé sur notre antenne il y a une quinzaine d'années, c’était cependant un absolutisme éclairé :
« Pratiquement jusqu’à la révolution de Velours en 1989, Supraphon détenait le monopole du marché des disques tchèques. Il n’y avait qu’une autre maison de disques qui s’occupait de la musique contemporaine et en Slovaquie la maison Opus qui suivait un peu l’exemple de Supraphon. Il faut cependant dire que Supraphon faisait un travail de qualité et même excellent, surtout grâce à son directeur Jaroslav Šeda, qui a créé tout le catalogue de la maison. »
C'est Jaroslav Šeda qui a fait enregistrer pratiquement tout le répertoire de la Philharmonie tchèque et immortalisé grâce au disque l’art de Karel Ančerl, directeur musical de cet orchestre dans les années cinquante et soixante, ainsi que les prestations d’autres grands chefs tchèques comme Václav Neumann et Jiří Bělohlávek. Et Ivan Ruml d’ajouter :
« Supraphon a gravé sur disques également les performances de grandes personnalités d’art d’interprétation tchèque dont les pianistes Ivan Moravec, Jan Panenka et Ivan Klánský ainsi que les violonistes Josef Suk et Václav Hudeček. Dans ses archives il y a aussi toute une série d’enregistrements intégraux d’opéras tchèques. La maison a conservé en plus les enregistrements des prestations de grands artistes étrangers qui se produisaient au festival Printemps de Prague notamment celles des virtuoses russes Sviatoslav Richter, Emil Gillels, Dimitri Sitkovetsky, David et Igor Oistrach.»
Pendant longtemps les formations et les musiciens classiques, de variété et même folkloriques désireux d’enregistrer des disques, ne pouvaient s’imposer sur le plan national que si Supraphon daignait signer un contrat avec eux. Figurer sur la liste des disques Supraphon était pour les artistes une véritable consécration. Et c’est grâce à cette position privilégiée que Supraphon a amassé au fil des années un trésor des enregistrements qui ne perdent pas leur prix et restent, dans certains cas, inégalés.