Olga Havlová, une Première dame qui a su séduire les Tchèques

Olga Havlová, photo: ČT24

Olga Havlová, première épouse de l’ex-président tchèque, Václav Havel, décédée il y a de cela 20 ans, a eu le mérite d’avoir ressuscité dans le pays les œuvres de bienfaisance. La ville de Brno met sur pied une intéressante expérimentation sociale liée aux personnes sans abri. La condition économique des Tchèques est nettement meilleure qu’il y a 25 ans, mais leur regard sur l’avenir est plus sceptique. La littérature tchèque est très populaire en Pologne. Tels sont les sujets au menu de cette revue de presse.

Olga Havlová,  photo: ČT24
Ce 27 janvier, vingt ans se seront écoulés depuis le décès d’Olga Havlová, première épouse de l’ancien président tchèque, Václav Havel, décédé, lui, il y a plus de quatre ans de cela. Pour rappeler cet anniversaire, la dernière édition de l’hebdomadaire Týden a mis en relief les activités caritatives de celle qui semble avoir également défini pour de bon l’image de la Première dame aux yeux des Tchèques. Dans une note rédigée par Tomáš Menschik on a pu aussi lire :

« Vers la fin du XXe siècle, on n’avait pas en Tchéquie l’habitude de faire son deuil en public. C’est seulement en 1969 pendant les obsèques de l’étudiant Jan Palach qui s’était immolé par le feu en signe de protestation contre la léthargie dans laquelle la société avait sombré après l’occupation du pays par les troupes soviétiques, que les gens ont manifesté spontanément et publiquement leur deuil. Une situation pareille ne s’est reproduite que 27 ans plus tard, à l’annonce du décès d’Olga Havlová. Celle-ci a fait venir au Château de Prague des dizaines de milliers de personnes souhaitant lui rendre hommage et lui dire un dernier adieu, en dépit de longues heures d’attente passées sous un froid glacial ».

« Droite comme une règle ». C’est comme ça qu’Olga Havlová a été caractérisée par Michael Žantovský, un des proches collaborateurs de l’ancien président Václav Havel. Pour les Tchèques, Olga Havlová a incarné pendant de longues années la bienfaisance et c’est aussi son engagement dans des œuvres caritative qui les a le plus séduits. En 1990, au lendemain de l’investiture présidentielle de son mari, elle a fondé avec ses amis le Comité de bonne volonté dont le but consistait dans la création de meilleures conditions pour les gens en marge de la société. Ainsi, elle a en quelque sorte renoué avec ce qu’elle faisait sous le régime communiste au sein du Comité pour la défense des personnes injustement poursuivies.

« Un chez-soi d’abord » : une expérimentation sociale version tchèque

Photo: Kristýna Maková
Une intéressante expérimentation sociale qui se propose d’améliorer la situation des personnes sans abri établies dans la ville de Brno, capitale de la Moravie du Sud et deuxième métropole de République tchèque, est le sujet d’un texte qui a été mis en ligne sur le site echo24.cz. Appelé Housing First, « Un chez-soi d’abord », le programme a pour objectif de fournir des logements aux personnes sans-abris. Tout en étant critiqué par l’opposition, ce projet inspiré par des expériences américaines a obtenu l’aval de la municipalité de la ville. Kristýna Novotná a cité dans son article les propos de Matěj Holán, un des initiateurs de ce programme révolutionnaire :

« Si l’on veut travailler avec les gens en marge de la société, c’est en s’occupant de leur besoin le plus urgent, celui d’un toit. Il s’agit là d’un concept de politique sociale moderne. Fournir des logements sociaux aux sans-abris est plus efficace que d’avoir recours à des foyers ou des centres d’accueil. En plus, cette façon d’affronter le problème semble moins coûteuse. Un des objectifs importants du programme est également d’empêcher la création de ghettos. »

A l’heure actuelle, on trouve à Brno près de 2 000 personnes sans-abris. Ceux qui souhaitent participer au programme seront placés sous le contrôle de travailleurs sociaux et auront à payer un certain loyer. La distribution des logements aura lieu selon des critères précis, avec une priorité donnée aux familles avec enfants et aux jeunes de moins de 25 ans qui ont grandi dans des foyers pour enfants et qui vivent en situation de précarité. Le coût du projet qui doit s’étendre sur deux ans est évalué à près de dix millions de couronnes, l’équivalent de près de 370 370 euros. Une grande partie sera couverte par des fonds européens.

Les Tchèques voient l’avenir avec un certain pessimisme

Photo: Kristýna Maková
Les Tchèques sont plus riches et leur condition est meilleure qu’il y a 25 ans. Toutefois, ils ressentent leur situation comme moins favorable. C’est ce que révèle l’étude d’une société de consultation qui a analysé les recherches de l’agence STEM et les données statistiques depuis 1990. Tereza Holanová a présenté à ce sujet quelques précisions sur le site ihned.cz :

« Depuis le début des années 1990, les revenus réels de la population tchèque ont doublé. En même temps, les écarts salariaux entre les hauts et bas salaires n’augmentent pas. Plus de 60% des Tchèques possèdent des biens dont la valeur est supérieure à un million de couronnes, l’équivalent de près de 40 000 euros, tandis qu’il y a une vingtaine d’années, seuls quelques 40% d’entre eux en disposaient. Parmi d’autres facteurs favorables, on mentionnera, par exemple, les équipements ménagers et le nombre d’automobiles par famille qui sont en hausse ».

Les sondages révèlent cependant que plus d’un quart des Tchèques estiment que d’ici cinq ans, la condition économique du pays sera pire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Une preuve de ce que le pessimisme au sein de la société est plus grand qu’en 1990 où près de la moitié de la population s’attendait à une évolution meilleure. Ce climat prédominant serait le fruit de la peur des Tchèques de l’avenir, car leur sentiment de menace n’a de cesse de croître. Une autre source de frustration des Tchèques, c’est le fait que même au bout de 25 ans, le pays n’ait pas réussi à rattraper l’Occident. En 2014, le PIB par habitant représentait 85% de la moyenne dans les pays membres de l’Union européenne.

Les Polonais se passionnent pour la nouvelle littérature tchèque

Photo: Archives de Radio Prague
Les Polonais portent beaucoup d’intérêt à la culture tchèque et, plus particulièrement, à sa nouvelle littérature. Et cela malgré le fait que près de deux tiers de Polonais ne lisent au cours d’une année ne serait-ce qu’un seul livre. C’est ce qu’a confirmé dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny le critique littéraire Radim Kopáč.

Ainsi, plusieurs maisons d’édition polonaises, dont deux particulièrement, prévoient la parution d’ouvrages de jeunes auteurs tchèques, comme Jan Balabán, Emil Hakl, Petra Hůlová, Jan Novák, Petra Soukupová, Petr Šabach, Michal Viewegh ou d’autres encore. Leurs livres se vendent bien, font l’objet de critiques favorables et leurs traducteurs reçoivent de nombreux prix. Les auteurs tchèques se voient aussi régulièrement invités à des foires et à des festivals polonais.

Selon Mariusz Szczygiel, écrivain et reporter polonais de renom, qui a à son actif trois livres à succès portant sur l’histoire, la société et la culture tchèques, la littérature tchèque compte en Pologne entre trente et quarante mille fans. S’agissant des causes d’un tel intérêt, Radim Kopáč remarque :

« On peut croire que les Polonais, conservateurs et réservés, aiment la littérature tchèque, car elle constitue pour eux une échappatoire, une sorte de thérapie. Ils se plaisent à y trouver des vulgarismes, des sujets problématiques sinon carrément tabous. Au total, près de vingt titres de la littérature tchèque paraissent annuellement en version polonaise. Ceci représente un dixième de l’ensemble du volume annuel de livres tchèques traduits en différentes langues étrangères. Leur tirage moyen varie entre 1 500 et 2 000 exemplaires ».

Outre les classiques, comme Bohumil Hrabal ou Milan Kundera, la gamme des auteurs tchèques dont les ouvrages sont publiés en Pologne est large. Comme le remarque Radim Kopáč, l’intérêt pour la littérature tchèque est dans ce pays tellement profond que même des auteurs qui ne sont guère connus dans leur propre pays arrivent de temps en temps à s’imposer sur le marché littéraire polonais. C’est le cas, par exemple, du poète surréaliste Vratislav Effenberger. Le niveau élevé de l’enseignement de la langue et de la civilisation tchèque dans plusieurs universités polonaises est un des éléments qui contribue considérablement à cet état de choses. Et l’auteur du texte publié dans Lidové noviny de conclure :

« La littérature tchèque est bel et bien en Pologne chez elle, avec tout ce que ce constat signifie. Bref, les Polonais comprennent leurs Tchèques ».