Otakar Vavra, doyen de la cinématographie tchèque qualifié d'« artiste de tous les régimes », fête ses 95 ans

Otakar Vavra

Les 95 ans du cinéaste tchèque Otakar Vavra fêtés ce mardi sont l'occasion pour revenir sur son parcours et sur son oeuvre qui sont une chronique du siècle écoulé.

La légende vivante, Otakar Vavra, a réalisé une cinquantaine de films et écrit plus de 80 scénarios. Dans ses mémoires « Drôle de vie d'un réalisateur » Otakar Vavra raconte que sa vie a été pleine d'erreurs, pas du tout héroïque, et souvent assez hasardeuse. Qualifié par certains de controversé et d'artiste de tous les régimes, même ses critiques reconnaissent que malgré quelques oeuvres tendancieuses et favorables à l'idéologie communiste, Otakar Vavra est l'un des réalisateurs les plus marquants du cinéma tchèque. A propos de ses films les plus critiqués - la trilogie hussite et celle sur les années de guerre 1939 - 1945, l'artiste dit : « le principal, pour moi, était d'exprimer que c'est tout simplement spectaculaire que nous nous soyons maintenus sur ce territoire depuis le VIe siècle et que les vagues germaniques ne nous aient pas emportées ».

'Un Marteau pour les sorcières'
C'est dans les années 1930, date de l'avènement du film sonore, qu'Otakar Vavra a débuté par un film expérimental. Mais déjà en 1938, son film « La corporation des vierges de Kutna Hora » s'est vu décerner le Lion d'or à la Biennale de Venise. Son étoile a commencé à monter après ses deux premiers longs métrages : « L'histoire philosophique » et « La Virginité, » les deux datés de 1937, que la critique a qualifiés d'exceptionnels. Dans ce dernier film apparaissent, dans les rôles principaux, les vedettes du cinéma d'alors : Lida Baarova, Adina Mandlova et Zdenek Stepanek avec qui Vavra travaillera à nouveau dans d'autres de ses films. Les plus appréciés de sa création sont des films historiques, dont surtout « Un Marteau pour les sorcières » - un regard sur les procès contre les femmes soupçonnées de sorcellerie à l'époque de l'inquisition, qui a été récompensé du prix de la critique au festival international du film à Mar del Plata en Argentine.

Après 1989, Otakar Vavra n'a tourné que deux documentaires : un portrait de Lida Baarova, actrice soupçonnée d'avoir collaboré avec les nazis, et Ma Prague. Son projet de tourner un film sur Jan Masaryk est resté inaccompli. En 2001, Otakar Vavra a obtenu le prix pour la contribution artistique exceptionnelle au film international au festival du film de Karlovy Vary, et il est lauréat du Lion tchèque pour sa contribution de longue durée au film tchèque. Pendant plus de 50 ans, Otakar Vavra a enseigné à la FAMU, Ecole supérieure de cinéma. Parmi ses disciples, il y a des représentants de la nouvelle vague : Evald Schorm, Vera Chytilova, Jiri Menzel, mais aussi Emir Kusturica ou Agnieszka Holland qui, eux, n'émettent pas la moindre critique à son égard. Selon Jiri Menzel, si un jour, on devait ériger un monument en l'honneur du cinéma tchèque, l'importante contribution d'Otakar Vavra à celui-ci devrait y être tout particulièrement mentionnée...