Où en est la Tchéquie avec le Traité de Lisbonne ?

La République tchèque n’a pas encore ratifié le Traité de Lisbonne. La courte visite à Prague du président français, Nicolas Sarkozy, qui lui a conseillé de le faire, après le « non » de l’Irlande, a naturellement déclanché une vague de réactions des milieux politiques tchèques. Quelle est donc la position tchèque à l’égard du Traité de Lisbonne ?

Alexandr Vondra
Les Tchèques, que ce soit la scène politique ou l’opinion publique, ne sont pas unanimes, ce qui est bien naturel. Le président de la République, Václav Klaus, a été l’un des rares chefs d’Etat européens à réagir au refus irlandais avec satisfaction en déclarant que le résultat du référendum signifiait pour lui la fin du Traité de Lisbonne et l’impossibilité de continuer dans le processus de ratification. Précisons tout de suite que cette question est du ressort du Parlement et que le président exprime seulement son accord avec la décision de celui-ci. Actuellement, le Traité de Lisbonne est en cours d’examen à la Cour constitutionnelle tchèque qui doit le déclarer contraire ou non à la juridiction tchèque. La demande d’examen a été déposée par le Parti civique démocrate, leader de la coalition gouvernementale. L’un de ces représentants est le vice-premier ministre aux Affaires européennes, Alexandr Vondra. Ecoutons-le :

« J’ai dit maintes fois que ce traité est un compromis avec lequel il est possible de vivre. Nous ne l’avons jamais fêté avec joie, moi non plus, mais je ne dirais pas non plus que ce traité est condamné au cimetière. Il faut en discuter et je pense que c’est la seule politique responsable. Nous attendons la décision de la Cour constitutionnelle et la ratification est donc interrompue. Je suis pour la discussion. »

La discussion… C’est ce que demande aussi les deux autres partis de la coalition gouvernementale, les chrétiens-démocrates et les Verts. Ces derniers recommandent encore de poursuivre le processus de ratification. Dans l’opposition, alors que les communistes n’y sont pas vraiment favorables, les sociaux-démocrates affirment que ce processus ne doit absolument pas s’arrêter. L’eurodéputé social-démocrate, Libor Rouček, le confirme :

« Les gouvernements des 27 pays membres de l’Union européenne se sont engagés à assurer, d’ici à la fin de cette année, la ratification quel que soit le résultat. Le gouvernement tchèque, la Tchéquie, doivent donc réaliser cette ratification. Il serait très malheureux si dans le premier semestre 2009, la Tchéquie devrait présider l’Union européenne avec 25 pays qui ont ratifié le Traité de Lisbonne, l’Irlande qui a des problèmes, et la Tchéquie qui est indécise. Comment pourrait-elle ainsi présider cette Union ? »

Avant le sommet de l’Union européenne, ces jeudi et vendredi, le Premier ministre Mirek Topolánek a déclaré « qu’il irait y rechercher une solution temporaire, quelle qu’elle soit, afin d’éviter une crise ».