Panorama
Deuxième partie de l'entretien réalisé avec Caroline Vinot, diplomate française en poste dans l’administration tchèque. Après la France, ce sera la République tchèque qui prendra la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier prochain. Une première pour cet ancien pays communiste qui est membre de l’union depuis 2004. Pour assurer le passage de relais entre Paris et Prague, il a été procédé à un échange de diplomates des deux pays. Caroline Vinot est une diplomate française en poste au service de la PESC du ministère tchèque des Affaires étrangères.
« Je crois qu’on a tous peur de se planter, même du côté français il me semble. On n’a peut-être pas peur de se planter mais on ressent toujours une certaine agitation qui va croissante, ça, c’est certain. Parce que plus on approche de l’échéance, plus il y a de travail, plus il faut aller en détail. On prépare les calendriers et c’est un exercice extrêmement complexe. Evidemment, le fait que pour la RT, c’est une première présidence, cela devient un peu un test. Les Tchèques ont suivi avec beaucoup d’intérêt et de curiosité la façon dont la Slovénie a fait face à cette responsabilité. Je pense que globalement on peut dire que l’expérience a été concluante, probablement un peu rassurante pour nos collègues tchèques. Ils se préparent beaucoup, je dois dire que l’ambiance est très studieuse, on travaille beaucoup. Il y a parfois une certaine agitation mais qui me paraît tout à fait saine, parce qu’il y a beaucoup de choses à préparer. Est-ce qu’ils ont peur de se planter ? Je ne pense pas, je crois que le principal élément d’incertitude qui créé un peu d’appréhension, c’est le fait que chaque présidence a un programme de travail mais que chaque présidence doit faire face à l’imprévu. Et c’est ça le plus difficile, précisément parce qu’on ne peut pas le prévoir et parce qu’il s’agit de situations dont on ne sait pas quelles ressources vont devoir être mobilisées pour y faire face. Le plus difficile est d’être préparé à l’imprévu. »
Y a-t-il un poids supplémentaire du fait que la République tchèque n’ait pas encore ratifié le Traité de Lisbonne ? Ses positions ne sont pas les mêmes que celle de la France dans le domaine. Pour Prague, par exemple, on peut élargir l’UE à la Croatie sans ratification préalable de ce traité. Est-ce un obstacle supplémentaire à cette présidence ?« Je ne peux pas tellement m’exprimer sur le fond. Je dirais que c’est certainement un petit peu plus délicat d’aborder la présidence dans ces conditions là du fait que cela amène une incertitude supplémentaire. Je crois que tout le monde s’attend à ce qu’une solution soit trouvée assez rapidement. De toute façon, l’administration tchèque était préparée au fait que sa présidence serait marquée par des changements institutionnels importants, en raison de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, des élections européennes et du renouvellement de la Commission. Donc, on était déjà préparé au fait que ce serait une présidence qui s’exercerait dans des conditions particulières avec ces changements institutionnels. »
Le travail qui vous attend est-il surtout logistique ou consiste-t-il principalement à préparer les dossiers en amont?
« Les deux... On a vu nos collègues slovènes récemment qui nous ont dit qu’il fallait se préparer, qu’il n’y aurait pas de week-end ni de vacances pendant six mois. Mais c’est un exercice extrêmement intéressant. Mon expérience des présidences françaises était différente parce que c’était avant l’élargissement de l’UE. C’est une période très intense, il y a énormément de travail logistique et il faut que ce soit parfait. Il y a aussi beaucoup de travail sur le fond, mais cela est préparé en amont de la présidence, depuis environ un an. Plus on approche de la présidence, plus on affine bien entendu. Mais il faudra quand même s’adapter à l’évolution des événements et donc il y aura beaucoup de travail de fond à faire aussi. »