Pat et Mat, les deux bricoleurs maladroits, sur grand écran

Cette année, cela fait plus de 40 ans que deux petits personnages de courts-métrages d’animation, bricoleurs maladroits et étourdis, Pat et Mat, amusent des générations d’enfants à la Télévision tchèque. Aujourd’hui, ces enfants qui ont bien grandis peuvent désormais emmener leur progéniture découvrir l’univers charmant des deux bonshommes sur grand écran, puisqu’un long-métrage les mettant en scène vient de sortir en salles début avril. Retour sur l’histoire de Pat et Mat, un des symboles du cinéma d’animation tchèque.

Vladimír Jiránek, photo : ČTK

C’est une histoire sans fin que celle de Pat et Mat, les deux petits bonshommes animés qui ont fait et font toujours la joie des enfants tchèques. Sans fin, car la maladresse de ces deux personnages un peu ballots, vraisemblablement pourvus de deux mains gauches et souvent de peu de jugeote, peut être déclinée et développée à l’envi.

Pat et Mat ont été inventés par le réalisateur Lubomír Beneš et le caricaturiste Vladimír Jiránek au milieu des années 1970, mais ce n’est qu’à la fin des années 1980 qu’ils ont reçus leurs noms. Les deux sont reconnaissables par leurs pulls à col roulé colorés : un jaune pour Pat, un rouge pour Mat. Chaque épisode d’environ sept minutes met en scène leurs aventures humoristiques, où les deux bricoleurs s’efforcent de résoudre un problème en utilisant des outils probables ou improbables ou en ayant des idées farfelues. L’humour des situations découle de la naissance de nouveaux problèmes puisque ces deux bonshommes ne sont pas toujours très doués dans leur entreprise. Mais les deux parviennent toujours à trouver une solution, même si celle-ci n’est pas toujours très orthodoxe. L’essentiel de l’histoire reste positive car ces deux bricoleurs malchanceux qui se retrouvent toujours dans des situations inextricables, n’abandonnent jamais la partie jusqu’à ce qu’ils aient résolu leur problème, d’une manière ou d’une autre.

Pat et Mat, photo : Patmat film s.r.o. / CC BY-SA 3.0

Aujourd’hui, c’est le fils de Lubomír Beneš, Marek Beneš, qui a repris le flambeau, et il se souvient avec tendresse de l’époque où ces deux personnages ont vu le jour :

« J’avais 16 ans à l’époque, et même si j’avais aussi d’autres préoccupations, je me souviens que mon père a fabriqué les deux personnages en faisant couler du plâtre dans une coquille d’œuf pour faire la tête. Il y a collé des oreilles et un nez et voilà : nos deux héros étaient nés ! »

Marek Beneš, photo : ČT24

Marek Beneš est à l’origine d’une petite révolution pour Pat et Mat qui pour la première fois de leur histoire, se retrouvent sur grand écran dans les salles obscures. Du format traditionnel de 7 minutes, diffusé en général dans l’émission enfantine du soir, Večerníček, sur la Télévision publique tchèque, il a fait un long-métrage de 80 minutes où nos deux compères vivent de nouvelles aventures rocambolesques. Une digne de façon pour Pat et Mat de fêter leurs 40 ans d’existence, un âge vénérable qu’on ne leur donnerait pas, tant l’humour et le charme de ces films d’animation n’a pas pris une ride.

Et 40 ans après, la technique d’animation utilisée n’a pas changé d’un iota : il s’agit de l’animation en volume, ou stop-motion en anglais, une technique image par image permettant de créer un mouvement à partir de prises de vues fixes. Entre chaque prise de vue, les objets de la scène sont légèrement déplacés. Lors de la restitution, ces objets, pourtant immobiles lors des prises de vue, donnent l’illusion de se mouvoir. C’est aussi cette technique très précise et délicate qui donne parfois cette impression de mouvements légèrement saccadés. Marek Beneš développe l’attirail de base nécessaire à tout animateur qui se respecte :

Pat et Mat, photo : ČT

« Il faut utiliser une pincette pour les petits travaux. C’est l’outil de base des animateurs en fait. Mais également une curette de dentiste, une pince, un stylo et des tenailles. Je travaille grosso modo sur Pat et Mat depuis 2004 et ce qui me fascine toujours dans ce travail, c’est qu’il s’agit encore et toujours d’animation classique manuelle. Et puis, Pat et Mat c’est avant tout de la franche rigolade. »

Un humour qui a franchi les frontières puisque depuis leur création, les deux bricoleurs ont également séduit les petits spectateurs d’autres pays à travers le monde, comme en Allemagne et Pologne voisines, mais aussi aux Pays-Bas, où les films d’animation ne sont pas muets, mais doublés par deux comiques locaux. Mais le succès de deux compères va bien au-delà de l’Europe, comme le souligne encore Marek Beneš :

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« Déjà autrefois, mon père me disait qu’ils étaient connus dans 80 pays du monde, dans les Emirats arabes unis par exemple, mais aussi au Japon et en Corée du Sud. Je pense que le phénomène du bricolage est quelque chose d’universel et puis surtout, Pat et Mat sont des personnages optimistes. Tout ce qu’ils font est source de joie, même s’ils arrivent à un résultat différent que prévu ou qu’ils détruisent tout. Au final, ils sont toujours contents de leur travail et l’important pour eux est d’avoir passé un bon moment. »