Pavel Pribyl, sans états d'âme

Pavel Pribyl, photo: CTK

La nomination de Pavel Pribyl provoque de vives réactions au sein de la société civile tchèque. Les informations révélées sur son passé dans les forces de police et dans la fameuse "unité d'intervention" ont ému beaucoup de personnes, encore marquées, quinze ans après, par la brutalité de la répression des manifestations qui avaient précédé la chute du régime communiste. Dans le quotidien Mlada fronta Dnes daté de ce mardi, Pavel Pribyl a tenu à répondre personnellement aux questions que se posent beaucoup de ses concitoyens.

Pavel Pribyl,  photo: CTK
A la question cruciale de savoir s'il était en service dans la rue lors de la semaine dite Palach, Pavel Pribyl n'hésite pas à répondre par l'affirmative, en donnant même quelques précisions géographiques. "J'étais dans la rue en janvier 1989, affirme-t-il. Une fois, j'ai été en service dans la rue Jindrisska et ai remonté toute la place Venceslas avec mes collègues, mais il n'y avait personne à ce moment-là."

Pavel Pribyl avoue avoir fait une belle carrière dans la police tchécoslovaque, promu plusieurs fois dans la hiérarchie des forces de l'ordre du régime communiste tchécoslovaque. Un policier zélé donc, à l'époque sans états d'âme: "J'avais des hommes sous ma responsabilité. On me disait où il fallait aller et quels secteurs nous devions boucler. Point." En tant que responsable de ses hommes, Pavel Pribyl, comme à peu près tous ses collègues, prétend ne jamais avoir tabassé de manifestants à coups de matraque, "car il [lui] fallait rester quinze mètres en arrière pour avoir un oeil sur tous les autres".

Curieusement, Pavel Pribyl était en vacances en novembre 1989, au moment où le régime a réellement basculé. Il indique avoir repris le service le lundi d'après, alors que tout était déjà joué. Il a ensuite poursuivi sa carrière, d'abord à l'école de la police, où il enseignait, entra autres, les techniques de combat. Ensuite, comme l'a souligné Stanislav Gross pour justifier sa nomination, il a, en tant que responsable, permis de boucler quelques dossiers compliqués dans la région de Bohême centrale, dont notamment trois affaires de meurtres. C'est à ce moment-là qu'il rencontre l'actuel Premier ministre pour la première fois. Pavel Pribyl ne semble pas douter outre mesure. Il confie au journaliste qu'il ne voit pas de raison de démissionner du poste auquel il vient d'être nommé. Pas de réel mea culpa, donc, juste un petit mot pour finir : "En résumé, je dirais qu'aujourd'hui, évidemment, tout ça n'était pas bien".