Suites de l'affaire du chef du Bureau du gouvernement
L'affaire du chef du Bureau du gouvernement continue de susciter l'attention des médias et la réprobation de l'opinion publique.
Tout d'abord, un bref rappel des faits : le cabinet, lors de sa première réunion, a choisi Pavel Pribyl comme chef du Bureau du gouvernement, sur la recommandation du Premier ministre, Stanislav Gross. Rien d'étonnant à cela, puisque Pribyl était son proche collaborateur quand Stanislav Gross était ministre de l'Intérieur. Tous les ministres de la coalition étaient donc pour. L'affaire a éclaté au grand jour, quand la presse a révélé que Pavel Pribyl avait commandé l'une des unités du Bataillon d'intervention de la police communiste, avant 1989. Plus précisément lors de la semaine de manifestations contre le régime communiste, en janvier 1989, des manifestations réprimées de la manière la plus brutale par les unités de ce bataillon.
Les milieux culturels et des anciens dissidents ont immédiatement réagi en lançant une pétition, une manifestation a eu lieu devant le siège du gouvernement, demandant la révocation de Pavel Pribyl. Le Premier ministre, Stanislav Gross, a pris la défense de son collaborateur. Il sera révoqué si on démontre que lui-même a brutalisé les manifestants. Recherches donc dans les archives de la police communiste. Elle peuvent durer quelques jours et les spécialistes sont sceptiques : une bonne partie des archives a été détruite. Au sein du cabinet, dans les rangs des partis qui forment la coalition avec les sociaux-démocrates, on proteste, mais exception faite, pas très fort. Du côté des chrétiens-démocrates ou des unionistes, on invoque surtout le manque d'information de la part du Premier ministre, lors de la présentation du candidat à la direction du Bureau du gouvernement. La presse publie aussi les opinions de ces lecteurs : dans la grande majorité, ils sont pour le départ de Pavel Pribyl. Pour eux, l'important n'est pas ce qu'il a fait, battu ou non les manifestants, mais ce qu'il représentait : l'appareil de répression du régime totalitaire dont il accomplissait aveuglément les ordres.Pavel Pribyl, lui-même, l'avoue dans une interview publiée par le quotidien Pravo. Il avait 25 ans, il était dans la police, car il se voyait déjà un grand inspecteur de la criminelle, et il accomplissait de son mieux les ordres qu'il recevait. Aujourd'hui, à la lumière de ce qu'il a appris sur le régime communiste d'avant 1989, il regrette de ne pas avoir été du bon côté de la « barricade », en ce temps-là. Ces regrets seront-ils suffisants pour qu'il conserve son poste de chef du Bureau du gouvernement ?