Pénurie de main d’œuvre : la Tchéquie veut attirer des travailleurs ukrainiens

Photo: Commission européenne

Le taux de chômage en République tchèque, à 5,3% au mois d’août, est l’un des plus faibles en Europe et le pays est confronté dans certains secteurs à un manque de main d’œuvre. Face à cette situation, le gouvernement a mis en place deux programmes visant à attirer annuellement jusqu’à 5000 travailleurs ukrainiens, à divers niveaux de qualification. Des dispositifs critiqués par les syndicats qui pointent du doigt les faibles rémunérations des postes à pourvoir.

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Selon les chiffres de l’Office tchèque des statistiques (ČSÚ), il y avait fin août près de 140 000 postes vacants en République tchèque, un chiffre record depuis l’année 2008. Dans certains domaines d’activités, dans le génie mécanique ou le textile par exemple, les besoins en main d’œuvre sont criants alors que les carnets de commandes sont pleins. En juin dernier, la Chambre de commerce de République tchèque, une organisation patronale, jugeait même la situation « catastrophique ».

Dès l’année dernière, le gouvernement a réagi au problème en lançant en novembre un programme destiné à attirer des travailleurs qualifiés étrangers, le plus souvent ukrainiens. Le dispositif doit leur faciliter les démarches administratives pour obtenir un visa de travail. Il a cependant été critiqué par les organisations patronales qui regrettaient qu’il ne cible que les travailleurs qualifiés. A travers ce premier programme, qui affiche des résultats modestes au premier semestre, ce sont 500 salariés ukrainiens qui sont censés être recrutés cette année.

Aussi, Prague vient de lancer en août un second programme, étendu cette fois aux travailleurs peu ou moyennement qualifiés. Dès son premier mois de fonctionnement, 170 dossiers déposés par des Ukrainiens ont été validés. C’est autant que pour les deux premières semaines de ce mois de septembre et le rythme devrait encore s’accélérer. Jan Wiesner, le président de la Confédération des employeurs et des entrepreneurs (l’équivalent du MEDEF en France), explique que ces personnes devraient commencer à arriver en République tchèque d’ici la fin du mois.

L’idée ne plaît cependant guère aux syndicats. Ils craignent que le programme permette d’exercer une pression à la baisse sur les salaires et critiquent le très faible niveau de rémunérations des postes proposés. C’est pour cette raison estiment-ils qu’ils ne sont pas pourvus.

D’après Jan Zikeš, de la même organisation que M. Wiesner, une mesure doit faire en sorte d’éviter que les salariés tchèques et ukrainiens soient « mis en concurrence ». « Ce système est construit sur le fait que l’entreprise doit prouver au Bureau du travail que le poste proposé est vacant depuis au moins 30 jours, c’est-à-dire qu’aucun travailleur tchèque n’a manifesté son intérêt pendant au moins 30 jours. Ensuite cette société peut, à travers diverses intermédiaires, chercher et trouver des employés en Ukraine », explique-t-il.