Petr Fiala en tournée pour une semaine en Afrique
C’est un voyage rare pour un chef de gouvernement tchèque : ce vendredi, Petr Fiala s’est envolé pour une tournée d’une semaine en Afrique qui, de l’Éthiopie à la Côte d’Ivoire, le conduira dans cinq pays. Un voyage qui s’inscrit dans la volonté de la Tchéquie de prendre le train en marche après des années de désintérêt et de renforcer sa présence sur un continent en plein développement.
Longtemps, dans les années qui ont suivi la chute du régime communiste, l’Afrique, et plus particulièrement l’Afrique subsaharienne, a été un continent volontairement laissé de côté par Prague. Dans un pays en pleine transformation économique et politique, les différents gouvernements qui se sont succédés au pouvoir ont considéré qu’il y avait d’autres priorités et d’autres chats à fouetter.
Ces dernières années, la présence de la Tchéquie en Afrique s’est essentiellement résumée à la participation de plusieurs centaines de ses soldats aux missions internationales au Mali. C’est toutefois oublié certains projets d’aide au dévelopemment, tant à l’échelle du gouvernement que des ONG, et aussi différentes réussites commerciales, certaines mêmes plutôt importantes comme celle, par exemple, de l’implantation des aéroports modulaires de la société Transcon. Ambassadeur au Sénégal, Marek Skolil avait confirmé, l’année dernière au micro de Radio Prague International, que l’Afrique était bien redevenue une région prioritaire aux yeux de Prague :
« L’intérêt de la Tchéquie et des gouvernements tchèques, car cela fait partie de notre politique étrangère, depuis une quinzaine d’années, est vraiment d’essayer de revenir en Afrique, où nous avons fait de bonnes choses dans le passé. Néanmoins, dans les années 1990, nous y étions moins impliqués parce que nous nous avions d’autres choses à faire, aussi bien en Tchéquie qu’au sein de l’Europe, et de l’Union européenne. Il fallait nous retrouver au sein de notre famille proche naturelle. Mais depuis un certain temps, on voit que l’Afrique fait de nouveau partie des orientations prioritaires de la diplomatie tchèque. »
L’Éthiopie dans un premier temps, puis le Kenya, le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire, seul pays francophone dans la liste, seront les cinq pays dans lesquels Petr Fiala se rendra donc. Le principal objectif de ce voyage, pour lequel le chef du gouvernement est accompagné d’une vingtaine de chefs d’entreprise, sera d’abord de leur « ouvrir les portes » :
« Cette tournée africaine aura un format similaire à celui de ma tournée en Asie au printemps dernier qui a abouti à de nombreux résultats concrets pour les entreprises tchèques, comme par exemple la fourniture d’une trentaine de trains électriques par Škoda Group en Ouzbékistan pour près de huit milliards de couronnes. Cela confirme que dans certains pays, un appui politique est indispensable. Notre économie a besoin de s’implanter sur d’autres marchés en dehors de l’Europe et c’est donc là bien évidemment aussi l’objectif de mon voyage en Afrique. Nous devons changer notre approche de ce continent qui présente un immense potentiel et nous, politiques, sommes là pour aider nos entreprises qui possèdent déjà une bonne renommée à l’international. À l’avenir, l’Afrique doit être un partenaire plus important pour la Tchéquie et plus généralement l’Union européenne. »
L’industrie de la défense, l’aéronautique, les transports, la santé, les nanotechnologies ou encore le génie mécanique sont les principaux domaines dans lesquels les entreprises tchèques entendent s’imposer sur un vaste marché où ils savent aussi que la demande pour un tel savoir-faire est particulièrement importante.
Avant de monter dans l’avion qui devait l’emmener à Addis-Abeba ce vendredi, Petr Fiala a regretté que l’Europe avait par trop négligé le développement de ses relations avec l’Afrique au cours des dernières années, et que la Russie et la Chine en avaient profité. « De nombreux pays européens ont des liens historiques et naturels avec des pays africains, mais l’Union, elle, a sous-estimé ces relations », a-t-il ainsi déclaré.
Et s’il a reconnu que l’Afrique n’était a priori « pas le terrain de coopération le plus naturel pour la Tchéquie », Petr Fiala a insisté sur le fait qu’il fallait que cette vision des choses évolue. « Si nous voulons trouver des alternatives pour ne pas dépendre des approvisionnements de certains pays spécifiques qui posent un risque pour la sécurité, nous devons étendre nos liens », a-t-il encore ajouté. Car si l’Afrique, toujours selon le Premier ministre tchèque, représente un potentiel en termes de marchés d’exportation, elle est aussi « la clé pour résoudre le problème de l’immigration vers l’Europe ».