Polémique autour de la première Gay Pride à Prague

Du 10 au 14 août doit se dérouler la toute première Gay Pride à Prague. Evénement désormais courant dans de nombreuses capitales européennes comme Paris ou Berlin, cette marche des fiertés suscite avant même son lancement une virulente polémique issue des rangs mêmes de l’entourage du président de la République.

Quatre jours de festival intitulés Prague Pride et un défilé le 13 août, semblable aux autres manifestations du genre dans de grandes capitales européennes en soutien aux gays, lesbiennes, transsexuels et transgenres. Cela aura suffit à susciter une polémique aux accents homophobes. Petr Hájek, proche collaborateur du président de la République tchèque, est coutumier des coups d’éclat puisqu’il s’est fait remarquer à plusieurs reprises déjà pour ses théories conspirationnistes ou sa remise en cause du darwinisme. A l’approche de la Prague Pride, le chancelier adjoint de Václav Klaus n’y est pas allé par quatre chemins :

« Ce festival a plusieurs facettes. Il ne s’agit pas que d’un défilé. Il s’agit avant tout de la démonstration d’un caractère déviant et minoritaire qui détruit les valeurs de base de la société auxquelles nous sommes habitués : la famille qui est constituée d’une femme et d’un homme, qui fait des enfants et les éduque, qui possède une certaine échelle de valeurs. Ce type de groupe et d’organisations vont à l’encontre de ces valeurs. Leur objectif est de désensibiliser le grand public à ces choses, de faire en sorte que les gens prennent tout ceci comme quelque chose de normal, alors qu’il s’agit de quelque chose d’anormal, de hors normes. »

Prié de se distancier des propos homophobes de son collaborateur, par le parti social-démocrate et le plus petit parti de la coalition gouvernementale, Affaires publiques, le chef de l’Etat s’est fendu d’un communiqué dès vendredi pour lui exprimer son soutien : pour le président comme pour son conseiller, le maire de la ville de Prague (ODS) n'aurait pas dû accepter le patronage de la première marche des fiertés de la capitale tchèque. Boris Šťastný est chef de file de l’ODS à Prague et député, il soutient le maire de Prague, Bohuslav Svoboda :

Bohuslav Svoboda
« L’ODS à Prague n’a jamais discuté de cela. C’est au maire de Prague que revient le droit de prendre le patronage d’un événement de plusieurs jours, organisé par une minorité qui souhaitait exprimer son opinion, organiser différents concerts et événements culturels. Le maire de Prague est critiqué pour cela par des personnes extrémistes telles que M. Ladislav Bátora, et j’estime de mon devoir de le soutenir et de faire face à ces tendances chauvinistes et xénophobes. Il faut dire une chose : Prague est une ville ouverte à tous et je souhaite qu’elle le soit comme d’autres métropoles, Paris, Munich ou Berlin. »

Au-delà de la controverse et de la guerre des mots, une chose est sûre, cette affaire révèle une fois de plus le fossé qui s’est creusé entre différentes personnalités anciennement membres de l’ODS et les actuels membres de ce parti de la droite libérale.

Ladislav Bátora,  photo: CTK
Cette polémique met également l’accent sur le nombre de personnes au passé douteux qui gravitent dans les cercles du pouvoir, comme Ladislav Bátora, mentionné plus haut, autrefois engagé dans le parti d'extrême droite Národní strana et actuellement employé au ministère de l'Education, où il dirige le service du personnel. Ladislav Bátora est également le chef de l'initiative souverainiste DOST, proche du président Klaus. Celle-ci a envoyé une lettre ouverte ce lundi au maire de Prague et à l’ambassadeur des Etats-Unis à Prague pour protester contre leur soutien affiché à la Prague Pride. Celle-ci est également officiellement soutenue par plus d’une dizaine d’ambassades.

Dans ce contexte, nous aurons l’occasion de revenir cette semaine sur les cinq ans du partenariat enregistré en République tchèque, qui avait également suscité la désapprobation du président tchèque, et sur la toute première Gay Pride à Prague qui débutera dans quelques jours.