Pour l'ancien dissident Petr Uhl, les récentes initiatives anti-communistes sont "absurdes"

Petr Uhl
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Nous vous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, des initiatives ont récemment été prises contre le KSCM, le Parti Communiste de Bohême et de Moravie. Des sénateurs souhaitent notamment faire modifier le Code pénal pour interdire la diffusion des symboles et de l'idéologie communistes. Une pétition, déjà signée par près de 8000 personnes, a également été lancée pour soutenir l'initiative des sénateurs et faire en sorte que la législation en vigueur contre la propagation de l'idéologie fasciste soit également appliquée à l'idéologie communiste. Pour en parler aujourd'hui, nous nous sommes adressés à un ancien dissident enfermé dans les geôles communistes pendant dix ans, Petr Uhl, aujourd'hui éditorialiste et membre du conseil de la télévision publique tchèque. Il fait partie des opposants à ces récentes initiatives :

« Je suis résolument contre l'initiative anti-communiste et pense que c'est nuisible. A l'heure actuelle, le PC, qui garde son nom mais ce n'est pas le seul dans ce cas, recueille environ 20% des voix. Ses électeurs ne sont pas des gens qui veulent renouveler le système de la dictature bureaucratique qui régnait avant la Révolution de velours, mais ce sont des gens qui sont mécontents de la situation actuelle, de la misère relative, et aussi du fait que l'on n'ait pas atteint un degré de démocratie plus élevé. C'est à dire qu'ils n'ont pas de possibilité d'influencer la société et les rapports dans la société. Ce refus tellement fort, mêlé d'une certaine nostalgie chez certains, est lié à une xénophobie et à un nationalisme alarmants dans mon pays. Je ne suis pas partisan du PC, je n'ai jamais voté pour le PC, ni été membre du parti avant ou après 1990, mais je pense que c'est un parti légitime, alors, politiquement, c'est impossible. »

« Impossible politiquement de faire interdire le parti communiste », un parti qui ne peut être que renforcé par de telles initiatives, initiatives qui peuvent également freiner les tentatives de réformes internes, selon Petr Uhl :

« Les communistes - moi, je dis toujours 'staliniens' car je suis un ancien 'trotskyste' - vont être renforcés par cette initiative. Si, au sein du parti, il y a des gens - Jiri Dolejs, Miloslav Ransdorf et autres - qui veulent discuter de cela, parler ouvertement contre le négationisme et la nostalgie au parti, et veulent les dépasser grâce à des débats interne et public, il y a maintenant un argument de poids que peuvent employer les conservateurs contre eux : 'Vous cédez à ces revendications de la droite extrême ou des conservateurs du Sénat'. Cette discussion interne ne peut donc avoir lieu maintenant. Malheureusement, les tentatives progressistes au sein du PC sont affaiblies par cette initiative. Le PC se tait, mais c'est sa faute, ce n'est pas une raison pour l'interdire ou pour l'empêcher d'utiliser le nom 'communiste', parce que la loi serait censée aboutir non pas à l'interdiction du parti, mais à l'interdiction du nom 'communiste'. C'est absurde, absurde. »