Prague, capitale européenne de l’astronomie
Trous noirs, galaxies ou encore exoplanètes sont au cœur d’une rencontre qui, jusqu’à vendredi, rassemble à Prague plus de 1 200 scientifiques du monde entier. Partage des nouveaux savoirs et vulgarisation sont au programme tout au long de cette semaine européenne de l’astronomie (EWASS) dans la capitale tchèque.
Vice-présidente de l’événement et professeure au Collège de France, Françoise Combes explique les raisons de la tenue du congrès à Prague, pour la troisième fois en vingt ans :
« C’est dû à Jan Palouš, notre président, qui est vraiment très dynamique et voulait organiser cet événement ici. Il l’a déjà organisé au niveau international, puisqu’il y a l’IAU, l’Union astronomique internationale, qu’il a organisée aussi récemment. Il n’hésite pas à organiser un événement pareil, en France on a peut-être des gens qui hésitent un peu plus. C’est quand même assez lourd, il faut beaucoup de moyens humains. Financiers aussi, mais il y a la Société européenne d’astronomie qui finance, donc surtout les moyens humains de préparer tout cela. »
Dans le cadre de cette rencontre annuelle, l’astronome française a présenté mercredi une conférence publique au sujet des trous noirs, sa spécialité. La vulgarisation est un enjeu majeur auquel Françoise Combes est très attachée :« Il y a beaucoup de difficultés mais on essaye de donner les notions, sans écrire aucune équation. On essaye de voir ce qui est à la pointe de la recherche aujourd’hui, ce qu’on connaît sur les trous noirs. Les trous noirs sont des objets fascinants. On arrive jamais à sortir d’un trou noir. C’est quelque chose qui est renfermé sur lui-même, mais paradoxalement ce sont les objets les plus brillants de l’univers. Il y a des quasars, des tas de phénomènes très intéressants. On essaye de faire passer les connaissances les plus récentes sur ce sujet, sans trop aller dans les détails et sans faire perdre le point de vue. »
Alors que l’espace continue de fasciner le grand public, les scientifiques avancent, eux, à la vitesse de la lumière.
« Quand on regarde un peu en arrière, on s’aperçoit qu’on ne connaissait rien du tout il y a un siècle. On a découvert énormément, par exemple en cosmologie. On ne savait pas du tout par exemple quel était notre univers, son contenu, son âge. D’un coup, cela s’accélère énormément, on connaît l’âge précis à partir du Big Bang. On a 13,8 milliards d’années ! On connaît exactement le contenu, on sait depuis l’an 2000 qu’il y a de l’énergie noire à 70% par exemple. La matière noire n’était pas très connue, maintenant on commence à la connaître. On ne sait toujours pas ce que c’est, mais on sait ce que ce n’est pas. On a éliminé des tas de théories. On progresse énormément, d’une façon exponentielle et il y a encore des tas de choses à découvrir ! »Pas des moindres, puisque Françoise Combes s’attend à une remise en cause prochaine de la théorie de la relativité d’Einstein, grâce aux découvertes sur les trous noirs. La chercheuse développe :
« On a appris justement qu’il y avait un trou noir supermassif dans chaque galaxie, que sa masse était proportionnelle à la masse du bulbe de la galaxie, et qu’il éjectait toute la masse de la galaxie. Dans une galaxie il y a très peu d’atomes. Les atomes sont en dehors de la galaxie parce qu’ils sont éjectés par leur trou noir. Tous les physiciens théoriciens s’intéressent aux trous noirs. Grâce à eux, on peut tester les modèles de gravités différentes par rapport à la relativité générale. On est en train de voir quand la théorie d’Einstein sera mise en défaut. C’est près du trou noir qu’elle le sera probablement. »Pour connaître les avancées à venir, il faudra être à Liverpool en 2018, pour la prochaine tenue de l’événement. Dans deux ans, il pourrait avoir lieu en France, qui ne l’a plus accueilli depuis 1999.