Prague prépare le Brexit

Tomáš Prouza, photo: ČTK
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Depuis mercredi, le Royaume-Uni a une nouvelle première ministre en la personne de Theresa May, qui aura la charge d’engager et de mener à bien la sortie de son pays de l’Union européenne. De son côté, Prague met en place à partir de ce jeudi un groupe de travail dont la mission est de préparer les négociations avec les Britanniques. Avec un objectif : que le Brexit s’effectue dans les conditions les plus avantageuses possibles pour la République tchèque.

Theresa May,  photo: ČTK
Définir la position tchèque pour aborder les négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, telle est l’ambition de ce groupe de travail, dont la création a été annoncée quelques jours seulement après la tenue du référendum britannique et qui débute ses travaux ce jeudi. Ses conclusions devraient être présentées à la fin du mois de septembre, c’est-à-dire bien avant le début des négociations puisque Theresa May a indiqué qu’elle n’engagerait certainement pas la procédure de sortie de l’UE, prévue par l’article 50 du traité de Lisbonne, avant la fin de l’année.

Le groupe de travail est dirigé par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Tomáš Prouza, surnommé « Monsieur Europe » par certains médias, qui a précisé les modalités de son action :

Tomáš Prouza,  photo: ČTK
« Je vois deux principaux intérêts nationaux pour la République tchèque. Le premier, c’est le libre-accès des entreprises tchèques sur le marché britannique aussi bien pour s'y installer que pour l’exportation. Ensuite, il s’agit de la possibilité pour les ressortissants tchèques de vivre et de travailler au Royaume-Uni aux mêmes conditions qui seront définies pour les Britanniques au sein de l’Union européenne. »

Idéalement pour la partie tchèque, l’ambition est de préserver les règles qui prévalent actuellement avec le Royaume-Uni dans l’Union européenne, en particulier pour les dizaines de milliers de citoyens tchèques qui vivent dans les îles britanniques. Cette volonté de maintenir les libertés dites fondamentales, que sont aujourd’hui « la libre-circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux », semble pourtant contradictoire avec l’un des axes de la campagne des partisans du Brexit, à savoir de restreindre la possibilité pour les étrangers d’immigrer et de travailler en Grande-Bretagne.

D’autant plus que les pays de l’UE n’ont pas forcément les mêmes conceptions sur les conditions de négociations du Brexit. Tomáš Prouza :

« Je pense que sur la question des règles fondamentales, comme la libre-circulation des personnes, tous les pays de l’UE sont d’accord pour faire en sorte de les maintenir. Nous aurons certainement des débats portant sur des nuances, sur le prix que devront payer les Britanniques pour accéder au marché unique, et s’il s’agira plutôt d’un chemin à la Norvégienne ou à la Suisse (deux pays situés hors de l’UE, ndlr). Mais ce sont des nuances. Sur le principe de la réciprocité, que tous les citoyens européens aient les mêmes droits que les Britanniques, tous les pays de l’UE sont d’accord sur ce point. »

Radek Špicar,  photo: ČT24
Plusieurs centaines d’entreprises britanniques sont présentes en République tchèque, avec une dizaine de milliers d’emplois à la clef. Selon la chambre de commerce britannique, certaines de ces sociétés pourraient retarder de futurs investissements en raison du Brexit. C’est un point sur lequel le groupe de travail entend se pencher et une crainte pour Radek Špicar, de la Fédération de l’industrie et des transports, une organisation patronale :

« Les investissements britanniques en République tchèque ne sont pas négligeables. Le Royaume-Uni fait partie des dix pays investisseurs les plus importants en Tchéquie. Les entreprises britanniques emploient ici des milliers de personnes. Donc cette situation tendue pourrait avoir un impact sur l’attractivité de la République tchèque et conduire à une baisse des activités d’investissements. »

Le groupe de travail mené par Tomáš Prouza est également investi d’une autre mission d’importance : lancer des pistes de réflexion sur le nouveau visage que pourrait prendre l’Union européenne à 27 Etats membres.