Prague va accueillir la nouvelle Agence pour le programme spatial de l’UE
Les députés européens viennent d’approuver le programme spatial de l’Union européenne et l’actuelle agence basée à Prague, la GSA, qui gère notamment le système de navigation par satellites Galileo, va de fait s’agrandir pour devenir l’Agence pour le programme spatial de l’Union européenne (EUSPA). Concrètement qu’est-ce ce changement signifie pour l’actuelle agence GSA en termes de responsabilités par rapport aux activités spatiales de l’Union européenne ? Pour répondre à cette question et évoquer ce grand projet, RPI a interrogé Rodrigo da Costa, directeur exécutif de la GSA :
« La création de l’EUSPA à partir de la GSA va nous donner de nouvelles responsabilités. Des responsabilités en ce qui concerne Galileo et EUGNOS (les programmes de navigation par satellite de l’UE, ndlr) notamment sur la gestion des opérations et la provision de services. Une autre activité importante est toute l’homologation de la sécurité de tous les composants du programme spatial européen et la sécurité opérationnelle, la coordination des aspects relatifs aux utilisateurs de GOVSATCOM, le nouveau système de communication satellitaire gouvernemental de l’UE, en collaboration avec tous les Etats-membres et les entités impliquées. Enfin, le développement des marchés, mais aussi l’encouragement de l’innovation, basé sur Galileo et EGNOS et maintenant sur Copernicus (le programme européen d’observation de la Terre, ndlr). Pour faire cela, nous tirons profit de tous les mécanismes de financement, comme Fundamental Elements et Horizon Europe, les fonds de recherche et de développement de l’UE. Au-delà de ces tâches, la Commission européenne pourra aussi décider de nous déléguer d’autres tâches dans le futur comme la surveillance et sécurité des objets spatiaux ou des activités liées à la connectivité. »
Les députés européens ont également un approuvé un budget record de près de 15 milliards d’euros. Qu’est-ce que cette enveloppe va permettre de financer ?
« C’est en effet un budget record adopté dans des circonstances très particulières. Cette enveloppe va permettre de financer l’intégralité du programme spatial de l’UE, et les fonds seront répartis entre tous les acteurs du programme : notre agence évidemment, l’Agence spatiale européenne, l’industrie spatiale et les entreprises qui développeront des applications à partir des technologies spatiales. »
Venir à bout de ce projet d’Agence pour le programme spatial de l’Union européenne n’est pas allé sans quelques complications. Il semble que l’Agence spatiale européenne, l’ESA, qui, rappelons-le n’est pas une agence de l’UE mais une agence intergouvernementale, n’ait pas vu d’un très bon œil ce projet au départ. Est-que la question des compétences respectives de ces deux agences est réglée ?
« Le programme spatial de l’UE est un programme fondamental pour l’UE et aussi pour la mise en œuvre des priorités de l’UE comme le Green Deal par exemple. Donc il était clair pour tout le monde que cela devait aboutir. Avec le règlement approuvé par le Parlement européen, les compétences et les tâches sont clairement établies entre la CE, l’Agence spatiale européenne et l’EUSPA. Forcément, pendant les négociations, certains points et interrogations ont été soulevés. Mais les responsabilités de chacun ont été clarifiées et maintenant je pense que nous partons sur de bonnes bases. Les agences ESA et EUSPA sont des agences complémentaires. Comme je l’expliquais, à l’EUSPA, on est en charge de la provision de services, de la sécurité et des activités liées au développement des marchés et de l’innovation. »
La République tchèque qui accueille déjà la GSA, future EUSPA, attendait beaucoup de changement qui représente d’importants enjeux géopolitiques et économiques. Qu’est-ce que, à terme, cela peut-il apporter au pays ?
« La République tchèque n’est pas le seul Etat-membre à attendre beaucoup de ce programme spatial européen. Evidemment, le siège-social de l’EUSPA est à Prague ce qui génère des revenus et un intérêt particulier pour la Tchéquie. D’abord, parce que nous sommes presque 200 personnes qui viennent vivre ici en République tchèque. Ensuite, ensuite parce que le siège-social à Prague donne de la visibilité aux applications spatiales et encourage les entrepreneurs ici aussi. Par exemple, Prague dispose maintenant du système Galileo dans ses tramways. Mais tous les pays de l’UE profiteront de cette activité. »
Actuellement Thomas Pesquet, qui pour le coup est un astronaute de l’ESA, se trouve au sein de la station spatiale internationale où il va passer du temps dans le laboratoire Colombus, construit par les Européens. Le rover Perserverance est en mission sur Mars. On parle des projets de vols habités d’Elon Musk sur la planète rouge. Il y a beaucoup de projets américains, les Etats-Unis ayant relancé la course à l’espace, mais aussi des projets chinois, indiens. En bref, on ne parle que d’espace ces derniers temps. Quelle doit être la place du programme spatial européen à cet égard ? Comment l’UE doit-elle se positionner ?
« Concernant l’exploration spatiale, ce n’est pas une responsabilité de l’EUSPA. Pour Galileo et Copernicus qui sont des programmes mondiaux, l’UE coopère déjà au niveau international et l’EUSPA aide la Commission européenne à cet égard. D’une manière générale, l’espace est un secteur de plus en plus dynamique et je pense que l’Europe est prête à relever ce défi. »