Première mondiale à Prague de la nouvelle pièce de Václav Havel

Václav Havel, photo: CTK

Evénement culturel important jeudi soir à Prague : la première mondiale de la dernière pièce écrite par Václav Havel. Odcházení, Sur le départ en français : c’est le titre de cette pièce, la première écrite par l’ex-président depuis qu’il a quitté la scène politique. Un retour au théâtre évidemment très attendu.

Václav Havel,  photo: CTK
« Je remercie les spectateurs d’avoir éteint leur téléphone portable. La vérité et l’amour doivent triompher sur le mensonge et la haine. Rallumez vos téléphones portables, bonne nuit et faîtes de beaux rêves » : c’est la voix de Václav Havel qui vient conclure la pièce, la voix de l’auteur que l’on entend à plusieurs reprises dans les haut-parleurs pendant la représentation, pour corriger le jeu des acteurs ou faire part des doutes du dramaturge sur l’évolution de l’intrigue.

Sur le départ a pour thème le départ à la retraite d’un homme d’Etat. Václav Havel était encore un dissident du régime communiste lorsqu’il a commencé à écrire cette pièce, librement inspirée du "Roi Lear" de Shakespeare et de la "Cerisaie" de Tchekov, avant de l’achever après son propre départ de la scène politique, en 2003, après avoir été chef d’Etat pendant treize ans.

« Cela fait exactement quarante ans que je n’ai pas été présent lors de la mise en scène d’une de mes pièces. La dernière fois que j’ai pu influer de la sorte sur une première mondiale, c’était en 1968, mais je n’aime pas ce terme de première mondiale, je trouve ça un peu orgueilleux », a t-il confié mercredi devant la presse.

Jamais dans l’histoire récente du pays une pièce de théâtre n’a fait couler autant d’encre. D’abord parce que c’est la première que l’auteur écrit depuis l’avènement de la démocratie à Prague, mais aussi parce que le choix du théâtre - finalement le théâtre Archa - et surtout des acteurs a fait l’objet de spéculations, rumeurs et rebondissements en tous genres.

Le rôle principal féminin avait été écrit pour son épouse Dagmar, finalement remplacée quelques jours avant la première par une autre actrice, Zuzana Stivínová.

Jan Tříska, ami de longue date de l’auteur et exilé aux Etats-Unis après 1968, interprète le rôle du chancelier Rieger dont la carrière politique se termine et qui doit faire face à l’arrogance de son successeur, qui n’est pas sans rappeler à certains le propre successeur de Václav Havel à la présidence de la République tchèque...

David Radok et Václav Havel,  photo: CTK
« J’aimerais bien que ma femme joue ce rôle dans cette pièce, peut-être dans une autre mise en scène, on verra... », a confié Václav Havel après la répétition générale. Et ce sont bien sûr les raisons de ce changement de dernière minute qui intéresse le plus les médias (des médias à tendance tabloïd habilement critiqués dans la pièce où le journal influent s'appelle Fuj!-Berk! en français), ce qui n’a pas manqué de mettre hors de lui le metteur en scène, David Radok, également très remonté contre la nouvelle politique culturelle de la ville de Prague pendant la conférence de presse.

Quoiqu’il en soit, les premières critiques de la pièce ont été positives. Le come-back du dramaturge Havel semble réussi. La première à l’étranger aura lieu à Londres fin septembre. Un projet d’adaptation au cinéma serait en cours. Et l’auteur a indiqué être déjà en train de plancher sur une nouvelle pièce.