Près d’un Tchèque sur dix n’a pas de médecin traitant

La Tchéquie est confrontée depuis plusieurs années à une pénurie de médecins qui touche l’ensemble du territoire. Selon les données communiquées par le ministère de la Santé, près de 920 000 Tchèques, dont plus de 131 000 enfants, n’ont pas de médecin traitant.

À en croire les statistiques de l’OCDE qui reflètent la situation en 2022, la Tchéquie se positionne plutôt bien en Europe en ce qui concerne l’accès aux soins de santé. Le pays compte 4,3 médecins pour 1 000 habitants. Ce nombre est inférieur en Slovaquie voisine (3,7), en Pologne (3,4), en Hongrie (3,3) ou encore en France qui compte 3,4 médecins en exercice pour 1 000 habitants. En revanche, l’Autriche et la Norvège affichent la plus forte densité en Europe, avec plus de 5 médecins pour le même nombre d’habitants.

Petr Šonka | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo

Toutefois, le nombre de médecins généralistes en Tchéquie ne répond plus à la demande croissante en soins. Plusieurs facteurs sont en jeu, en commençant par l’âge : tout comme dans d’autres pays européens, les médecins tchèques vieillissent : 40% des généralistes tchèques en exercice ont plus de 60 ans. Ceux qui ont entre 65 et 69 ans sont même les plus nombreux en Tchéquie (962), comparé aux médecins issus d’autres tranches d’âge.

Comme l’explique le président de l’Union des médecins généralistes, Petr Šonka, chaque année, près de 200 jeunes médecins passent les examens nécessaires pour pouvoir ouvrir leur cabinet de généraliste. Pour cela, il faut qu’ils suivent, après avoir obtenu leur diplôme universitaire, une formation supplémentaire d’une durée de trois ou quatre ans :

Photo illustrative: Antoni Shkraba,  Pexels

« Ces 200 nouveaux médecins généralistes suffiraient pour compenser les départs de leurs collègues âgés à la retraite. Or par le passé, le nombre de ces jeunes médecins diplômés était largement inférieur : ils n’étaient que quelques dizaines par an à ouvrir un cabinet. D’où le déficit actuel de médecins généralistes que nous avons du mal à combler. En plus, parmi ces 200 nouveaux médecins, plus de la moitié sont des femmes qui fondent aussitôt une famille et partent en congé parental pour plusieurs années. Heureusement, il y a quelques années, on a décidé d’augmenter de le 25% nombre d’étudiants admis dans les facultés de médecine en Tchéquie. En 2025, nous aurons donc pour la première fois beaucoup plus de jeunes médecins diplômés qu’auparavant. Nous devrions en profiter pour leur proposer plus de places de résidents qui leur permettraient de terminer leur formation auprès de médecins expérimentés, à Prague comme dans les régions. L’État devrait soutenir financièrement ce type de formation. »

Le ministre de la Santé Vlastimil Válek s’attend lui aussi à une augmentation progressive du nombre de médecins âgés de moins de 34 ans d’ici 2030. Actuellement, ils sont plus de 1 600 en Tchéquie à suivre leur formation de médecins généralistes.