Presse : Angela Merkel ou le départ d’une chancelière proche de l’Europe centrale
Les élections fédérales en Allemagne qui ont dominé l’agenda international de la presse locale de cette semaine font aussi la une de cette nouvelle revue de la presse qui s’intéresse notamment à ce que la chancelière allemande Angela Merkel a représenté pour la Tchéquie. Quelques observations ensuite concernent ce qui distingue les élections du voisin allemand de celles qui auront lieu la semaine prochaine en Tchéquie. Un bref regard également sur les tendances des jeunes Tchèques et sur certaines spécificité liées à la Chambre des députés sortante.
« Angela Merkel a été le premier et très probablement le dernier leader allemand doté d’une empathie personnelle pour les sociétés postcommunistes et leurs problèmes ». C’est ce qu’a souligné, de concert avec d’autres médias tchèques, une des récentes éditions du quotidien Lidové noviny.
« Les relations tchéco-allemandes continueront à fonctionner sans problème, sauf qu’il n’y aura plus Angela Merkel », a noté le site aktualne.cz avant de poursuivre :
« Tout le monde s’accorde sur le fait qu’aucun autre politicien allemand n’avait une telle compréhension pour la Tchéquie. Un constat que partageait même le Premier ministre tchèque Andrej Babiš qui ne s’identifiait pourtant pas avec les positions de la chancelière allemande concernant les migrations ou le changement climatique... Ce n’est que plus tard qu’on évaluera l’importance que cette femme avait pour nous. Sa jeunesse passée dans le bloc socialiste et l’attention qu’elle a accordée à une alliance économique en Europe centrale ont profité à tout le monde... Des temps plus compliqués nous attendent. »
Le chroniqueur du journal Deník estime lui aussi que « nous autres Tchèques, Polonais, Slovaques et Hongrois réaliseront l’importance d’Angela Merkel quand elle ne sera plus à la tête de l’Allemagne » :
« Angela Merkel s’intéressait à la Tchéquie et à l’Europe centrale. Elle connaissait cette région beaucoup plus que la plupart des politiciens de l’Europe occidentale et elle était toujours pleine d’égards pour nous. Et ce même au moment de la crise migratoire où nous avons trahi tous nos idéaux. Hélas, nous n’avons pas réussi à tirer de véritable profit de la période longue et favorable de son mandat. »
Selon le chroniqueur du quotidien Hospodářské noviny, « après le départ d’Angela Merkel, l’Allemagne sera plus verte et moins accueillante vis-à-vis de l’Europe centrale, ce qui se ressentira aussi en Tchéquie » :
« La politique économique du prochain gouvernement allemand aura un gros impact sur l’économie tchèque, car celle-ci y est étroitement liée. Les régulations climatiques plus rigoureuses imposées par les Verts risquent de ralentir la croissance allemande et d’affaiblir ainsi la demande en produits tchèques. D’un autre côté, il est certain que la Tchéquie et d’autres pays d’Europe centrale sont incontournables pour le commerce allemand. »
Les élections législatives tchèques comparées aux élections fédérales en Allemagne
Les élections fédérales en Allemagne ont donné lieu à quelques réflexions dans la presse tchèque, en lien avec celles qui se dérouleront en Tchéquie dans une semaine. L’auteur d’une note intitulée « Par rapport à l’Allemagne, nous sommes un pays sauvage » publiée sur le site Seznam Zprávy développe :
« Tandis que le système électoral allemand permet un vote par correspondance, ce qui est assez courant dans le monde, chez nous cette possibilité n’existe pas. En ce qui concerne les campagnes électorales, elles ont différé dans les deux pays tant par leur ton que par les sujets abordés. Il va de soi que l’Allemagne, un pays huit fois plus peuplé que la Tchéquie, est plus sûre d'elle. Cela ne justifie pas pour autant le climat d’intimidation qui traverse la campagne électorale tchèque. Les plus grands partis se plaisent en effet à dessiner l’image d’un ennemi. Le verbe ‘défendre’ est ainsi un des mots les plus fréquemment utilisés. A quelques exceptions près, l’ensemble des partis se défendent notamment contre ce qu’ils considèrent comme ‘la folie verte’, tout en prétendant que les Turcs se trouvent aux portes de Vienne. »
Des centaines de voix des jeunes seront-elles gaspillées ?
« Vous les jeunes, indignez-vous enfin ! » Tel est l’appel lancé dans le titre d’un texte publié sur le site Hlídacípes.org qui indique :
« Ils ont entre 18 et 24 ans. Ils n’ont pas connu le communisme et tout ce qui existait avant leur naissance représente pour eux une histoire ténébreuse, primitive et dépourvue de tout intérêt. Ils sont près de 650 000 et représentent autant de voix électorales. Le problème, c’est que près de 250 000 d’entre eux prévoient de s’abstenir dans les urnes. Et encore, selon une recherche effectuée par le Conseil tchèque des enfants et de la jeunesse, un tiers de ces jeunes dit vouloir aller vivre dans quelques années à l’étranger. ».
Le chroniqueur du site constate que les élections législatives d’octobre vont très probablement apporter des résultats très serrés. Ce sont ces voix que les jeunes s’apprêtent à gaspiller qui peuvent faire bouger les lignes. L’occasion pour lui de poser cette interrogation insistante : « Quand allez-vous vous indigner et faire quelque chose pour vous-mêmes, sinon maintenant ? »
Une entente difficile au sein de la Chambre des députés sortante
« La Chambre des députés dont le mandat prendra fin avec la tenue des élections législatives les 8 et 9 octobre, se distingue par deux records », signale un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt :
« Les députés ont tenu le plus grand nombre de sessions dans l’histoire de la République tchèque, tout en adoptant dans le même temps le moins de lois. Les causes de cette faible productivité sont multiples. D’abord la pandémie de coronavirus a stoppé pour un certain temps la création législative. S’y ajoute le fait que le gouvernement majoritaire du mouvement ANO et des sociaux-démocrates s’est maintenu au pouvoir grâce au soutien des communistes qui ont ainsi eu la possibilité de bloquer les projets qui ne leur convenaient pas. Ainsi une bonne moitié des projets soumis n’ont pas été adoptés. »
Un manque de volonté plus prononcé que jamais de chercher des consensus et ce même en temps de crise : tel est, selon le journaliste de Respekt, un autre trait marquant de la Chambre basse du Parlement dont le mandat touche à sa fin.