Presse : la campagne pour les européennes et quand Prague voulait les Jeux olympiques

La coalition SPOLU a lancé une affiche avec les visages d’Andrej Babiš et Kateřina Dostálová orneés de drapeaux russes. S’y ajoute l’inscription ‘ La Russie, tout pour toi »

La revue de la presse tchèque de la semaine avec au menu le début de la campagne pour les élections européennes, le Green deal, les commémorations du 8 mai, l'administration électronique et les JO à Prague.

« La campagne pour les élections européennes qui bat son plein est moche. Les mensonges et les manipulations caractérisent tant celle du mouvement ANO d’Andrej Babiš que la campagne de la coalition gouvernementale SPOLU ». Un récent cas percutant que l’auteur de ce constat décrit sur le site aktualne.cz l’illustre parfaitement:

« ANO a sorti le slogan ‘La Tchéquie, tout pour toi’. La coalition SPOLU a profité du fait que ce dernier n’ait pas enregistré le domaine avec le slogan de sa campagne pour le parodier. Elle a alors lancé une affiche sur laquelle les visages d’Andrej Babiš et de la candidate Klára Dostálová sont ornés, au lieu de drapeaux tchèques, de drapeaux russes. S’y ajoute l’inscription ‘ La Russie, tout pour toi ».

D’après l’éditorialiste, l’affirmation que Babiš entend tout faire pour la Russie est fausse, tout comme l’est celle qui dit qu’il veut tout faire pour la Tchéquie. « Certes, le leader de l’opposition fait le jeu de Poutine en prêchant la paix ou en réalisant une vidéo critique sur l’initiative tchèque en matière de munitions qui paraît fortement pro-russe et qui est l’une de ses pires initiatives », écrit-il. Mais il y a en même temps des choses que Babis n’a pas fait en faveur de la Russie :

« A l’époque, il a, par exemple, réagi correctement dans l’affaire du Novitchok et a commencé, avec les services secrets, à purger l’ambassade russe à Prague. Ou encore, au début de la guerre en Ukraine, il a déclaré que la Russie était l’agresseur et que l’Ukraine avait le droit de récupérer tout son territoire.».

Le journaliste estime que la coalition SPOLU a tort d’utiliser des méthodes similaires à celles de Babiš et de déformer la réalité par le biais de mensonges ou de semi-vérités. « Le pire, c’est que l’affiche ‘La Russie, tout pour toi’, dont elle est l’auteure, divise encore plus la société tchèque. Il est regrettable que le chef du gouvernement Petr Fiala ait à nouveau déçu une partie importante de ses électeurs  avec son anti-campagne maladroite », conclut-il.

Qui a peur du Pacte vert pour l’Europe ?

Toujours en lien avec la campagne pour les élections européennes, l’auteur d’un billet publié dans l’hebdomadaire Respekt indique que l’un des sujets les plus discutés sera le Pacte vert – le Green deal - pour l’Europe.  « Mais qui, dans les partis politique et dans les médias est à même de s’y reconnaître dans un sujet qui est  extrêmement complexe? », se demande-t-il. Voici sa réponse :

Photo illustrative: Peg Hunter,  Flickr,  CC BY-NC 2.0

« Alors que la peur de l’immigration est principalement exploitée par les populistes, les craintes liées au Pacte vert pour l’Europe sont attisées même par le mainstream politique. La plupart des partis rivalisent quant aux promesses d’un recul dans la politique climatique de l’Union européenne. Ce qui manque pourtant dans les débats qui sont actuellement menés, ce sont les faits et les données élémentaires, comme les records de températures en Tchéquie et à l’échelle mondiale, des modèles et des scénarios climatiques ou des calculs économiques. Les débats sont également en manque de visions ».

Le texte publié dans Respekt met en outre en relief la différence qui existe entre le principal courant politique et l’approche de la population tchèque :

« Différents sondages d’opinion révèlent en effet que la majorité de la population prend le changement climatique pour un problème grave et appelle les dirigeants responsables à s’en préoccuper activement. Donner plus d’investissements dans les ressources renouvelables, développer les transports publics, soigner mieux les terres agricoles, autant des revendications parmi beaucoup d’autres qui sont soutenues même par certains des adversaires acharnés de la protection du climat. »

La fin de la Deuxième Guerre mondiale et le respect pour les soldats de l’Armée rouge

« Lors des célébrations du 79ème anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il ne faut pas oublier que la majeure partie du territoire de la Tchécoslovaquie a été libérée par l’Armée rouge » - c’est ce qu’a souligné la veille de la date du 8 mai un commentateur du site Novinky.cz tout en admettant que cet appel peut paraître un peu gênant compte tenu de ce que la Russie fait aujourd’hui en Ukraine :

L’Armée rouge à Hradec Králové,  1945 | Photo: Archives du Musée de Bohême de l’Est de Hradec Králové

« On ne vit pas dans un monde orwellien où l’on falsifie le passé. Voilà pourquoi tous les soldats, même ceux de l’Armée rouge qui se sont battus pour notre liberté et étaient prêts à sacrifier leur vie, méritent notre respect. Même les Russes. Par ailleurs, le premier corps de l’armée tchécoslovaque, qui a libéré une partie du pays, faisait également partie de l’Armée rouge, pendant que l’armée roumaine qui a combattu à ses côtés a libéré 1 700 de nos villages. Cela dit, nous ne devons pas oublier ce que l’arrivée de l’Armée rouge a signifié : elle nous a libérés de l’esclavage des Allemands, tout en augurant notre appartenance au bloc de l’Est. »

Le journaliste du site remarque enfin qu’au cimetière d’Olšany de Prague, où reposent les soldats soviétiques morts au combat, les noms ukrainiens prédominent sur les tombes.

Les Tchèques favorisent les contacts personnels avec les autorités

Une récente enquête réalisée par l’agence Ipsos a révélé que la majorité des Tchèques préféraient des contacts personnels avec les autorités. Et ce en dépit de ce que beaucoup de démarches aient été faites ces dernières années pour faciliter les démarches en ligne. Le site Seznam Zprávy précise :

Photo illustrative: Lucie Maxová,  ČRo

« Plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré leurs préférences pour des communications en personne. Et, étonnamment, il s’avère que même les jeunes de 18 à 24 ans sont enclins à préférer une visite personnelle à une communication téléphonique. Or, bien que les gens se plaignent souvent des manquements en matière de numérisation, ils n’utilisent pas vraiment les outils en ligne créés. Les autorités quant à elles communiquent le plus souvent par lettre écrite ou par courrier électronique. Au fond, comme le constatent les sociologues, les deux parties sont assez conservatrices, le modèle de la période austro-hongroise semblant enraciné dans la pensée des gens. »

Seznam Zprávy indique également que très peu de personnes communiquent avec les autorités par le biais de l’identité bancaire qui est un des objectifs visés par le  gouvernement et qui, après la lettre, est la variante la moins populaire.

Ces aspirations olympiques de Prague des temps lointains et récents

Cette année, cent ans se seront écoulés depuis les Jeux olympiques d’été qui ont eu lieu à Paris et pour lesquels Prague avait été l’un des candidats. L’occasion pour le chroniqueur du site info.cz d’évoquer deux autres aspirations olympiques de la capitale tchèque :

« Lorsque Prague a présenté sa candidature aux Jeux olympiques pour la première fois, elle représentait l’un des pays les plus riches d’Europe. Et comme cet événement sportif n’était pas à l’époque aussi énorme qu’aujourd'hui, sa candidature n’avait pas un caractère entièrement utopique. Plus tard, malgré le nombre croissant de participants aux JO et les exigences financières et logistiques croissantes liées à leur organisation, Prague a soumis sa candidature pour l’année 1980. Mais après l’annonce de la candidature de Moscou, elle l’a retirée. Les jeux que la capitale russe a finalement organisés ont été boycottés par la plupart des pays occidentaux en raison de l’invasion russe en Afghanistan. »

C‘est en 2003 que Prague a annoncé son intention de se porter candidate à l’organisation des Jeux olympiques pour la troisième fois. La question principale était alors de savoir, comme le rappelle le chroniqueur, si la capitale d’un pays de dix millions d’habitants situé au centre de l’Europe pouvait se permettre de les organiser, et ce pas seulement pour des raisons d’ordre financier, mais aussi d’ordre logistique. Par ailleurs, Prague aurait été la première ville dans l’histoire du mouvement olympique à accueillir les Jeux d’été dans un pays sans mer :

« Ce projet a alors semé dès le début des doutes et provoqué des réactions négatives au sein de la société. Malgré tout, le conseil municipal a décidé de soumettre la candidature de Prague pour les Jeux olympiques d’été de 2016. Celle-ci ayant échoué, il a défini comme son objectif les Jeux en 2020 ou en 2024. En 2009, Prague a fini par annuler sa décision la justifiant par les retombées de la crise économique et un soutien incertain de l’État. Aujourd’hui, ni le Comité olympique tchèque ni la ville de Prague n’envisagent une telle candidature ».