Presse : l’appel entre Trump et Poutine ou la géopolitique du hockey sur glace
Cette nouvelle revue de presse s’intéresse à un passage de la conversation téléphonique entre Trump et Poutine lié au hockey sur glace. L’avenir incertain des stations de radio RFE/RL, la difficile accessibilité des écoles maternelles, ou encore un rappel du voyage de Petr Fiala à Kyiv, il y a trois ans de cela, font partie des sujets du jour.
Le hockey sur glace. Voilà un point de la conversation téléphonique entre le président américain Donald Trump et le dirigeant russe Vladimir Poutine sur un cessez-le-feu partiel en Ukraine, qui a été retenu par le quotidien Hospodářské noviny. « Le communiqué du Kremlin dit que Donald Trump soutient l’idée de Vladimir Poutine d’organiser des matches entre joueurs de hockey russes et américains qui se tiendraient aux Etats-Unis et en Russie. Bien qu’il n’y ait rien de tel dans la déclaration de la Maison Blanche, et étant donné que l’équipe de Trump n’a pas confirmé cette information, on peut faire confiance aux Russes cette fois-ci », indique le texte avant de poursuivre :
« La NHL continue d’autoriser la participation des joueurs russes aux compétitions. Elle est également favorable au retour des Russes sur la scène internationale. Pourtant, les responsables nord-américains du hockey ont été quelque peu pris au dépourvu. S’agissant du milieu du hockey tchèque, les premières réactions sont nettement négatives, car la promesse d’un tel match de hockey apparaît comme une concession de Donald Trump à Vladimir Poutine. Pour Dominik Hašek, célèbre gardien de la sélection tchèque, il s’agit même d’une trahison. Le dirigeant russe dont la passion pour le hockey est bien connue est évidemment mécontent de la situation actuelle. La Fédération internationale de hockey sur glace a interdit à la Russie de participer à tous les tournois depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, et la Russie tente par tous les moyens de passer outre cette interdiction. D’éventuels matches entre des joueurs russes et américains pourraient contribuer à son retour sur la scène des compétitions internationales. »
Bien entendu, Vladimir Poutine souhaite avant tout la participation de la sélection russe de hockey au tournoi olympique de 2026 à Milan. Le journal rappelle que lors des Jeux d’été de l’année dernière à Paris, le Comité international olympique n’a pas autorisé les équipes russes à participer et n’a permis aux athlètes de prendre part au tournoi que de manière individuelle, sous bannière neutre. Cependant, aucune décision n’a encore été prise pour les Jeux d’hiver :
« La participation des Russes dépendra non seulement de la possibilité de parvenir à la paix, mais aussi de la personne qui remplace désormais Thomas Bach à la tête du Comité international olympique. »
L’avenir incertain de RFE/RL
La décision de l’administration américaine de couper le financement de Radio Free Europe/Radio Liberty a soulevé une vague d’émotion tant sur la scène politique locale que dans les médias. « Depuis 1951, date à laquelle les émissions de RFE en tchèque ont commencé, nous considérons cette radio comme un bijou de famille, d’autant plus qu’elle s’est établie en 1995 à Prague. Pour toute une génération, elle évoque la nostalgie de l’époque où les écouter avait tout du plaisir de croquer un fruit défendu », écrit, par exemple, le journal en ligne Lidovky.cz qui note également :
« Selon Elon Musk, ces médias sont terriblement gauchistes. Pourtant, leurs émissions sont principalement destinées à des pays où l’enjeu n’est pas un duel entre la gauche et la droite. Elles ciblent entre autres les minorités russes des pays baltes afin qu’elles ne dépendent pas uniquement de la propagande d’Etat de Moscou. RFE et d’autres ‘émetteurs incendiaires’ comme le régime communiste les appelait il y a quarante ans sont principalement écoutées par ceux qui souhaitent éviter les mensonges russes ou autres. »
Ce constat n’empêche pas l’éditorialiste du journal de soulever la question de savoir si nous ne nous faisons pas un peu d’illusions sur l’influence et l’impact réels de cette radio en termes de démocratie et de liberté. Mais sa réponse est claire : « Sur la base de l’expérience historique qui est la nôtre, il faut saluer la volonté de la Tchéquie et d’autres pays européens de chercher à maintenir en vie Radio Free Europe/Radio Liberty».
Le journal Deník N constate pour sa part qu’« alors que les responsables politiques tchèques et européens cherchent à sauver RFE/RL, dont le siège est à Prague, son personnel continue de travailler comme si de rien n’était. »
Le boom de nouvelles valorisations automatiques
« De nouvelles valorisations automatiques étouffent le budget de l’Etat », constate l’auteur d’un texte mis en ligne sur le site info.cz :
« Jusqu’à récemment, seules les pensions de retraite s’inscrivant dans les dépenses régulières de l’Etat étaient automatiquement valorisées. Ces dernières années, cependant, ces augmentations ‘automatiques’ se multiplient. Aujourd’hui, en plus du domaine social, elles concernent également les soins de santé, l’éducation, les salaires des politiciens régionaux et, plus récemment, la défense. Selon le projet du cabinet Fiala, les dépenses liées à la défense pourraient augmenter de deux dixièmes de point par an jusqu’à la fin de la décennie. Une tendance dangereuse, selon les économistes, qui de plus n’aide en rien les dépenses publiques. »
D’après le site, les experts avertissent également qu’une fois la machine à valoriser introduite, il n’est généralement pas possible de revenir en arrière. Et cela dans une situation où les problèmes du budget de l’Etat se situent principalement au niveau des dépenses. En outre, comme il l’indique également, rares sont ceux qui se donnent la peine d’examiner si une part croissante des dépenses est réellement efficace.
La difficile accessibilité des écoles maternelles
Le manque d’écoles maternelles facilement accessibles est l’un des principaux problèmes pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, un thème qui résonne fortement aujourd’hui. C’est du moins ce qu’estime un chroniqueur du site Seznam Zprávy. Voici son explication :
« Il y a plus de 420 000 places dans les écoles maternelles, et environ 370 000 enfants y sont inscrits. La capacité est assurée, il n’y a pas lieu de se plaindre, surtout à Prague et dans ses environs. Mais à Rakovník par exemple, qui se trouve à la périphérie de la région de Bohême centrale, les places viennent souvent à manquer. La situation est similaire dans le sud de la Moravie, dans les régions de Plzeň et de Moravie-Silésie. L’enseignement préscolaire dépend encore plus que l’enseignement primaire et secondaire du lieu de résidence ou de travail des parents. »
Certes, l’Etat fait des efforts. Comme l’indique le chroniqueur de Seznam Zprávy, depuis 2017, une année d’école maternelle est devenue obligatoire, les communes ont l’obligation de s’intéresser à l’offre et à la demande de places en école maternelle et de répondre aux besoins des parents. A partir de ce mois de mai, les communes qui n’offrent pas de place pour un enfant seront obligées de dédommager les parents pour le coût, par exemple, d’un groupe de jeu. « Une chose est claire, c’est que le fait de passer deux ans ou plus à l’école maternelle augmente de manière significative les chances futures d’une éducation de qualité et donc d’une meilleure intégration sur le marché du travail. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les zones socialement défavorisées, mais pas seulement », conclut-il.
Petr Fiala à Kyiv à la mi-mars 1922 : un acte de courage symbolique
Le magazine Reflex rappelle l’heure de gloire du Premier ministre Petr Fiala il y a trois ans où il a été un des premiers hommes politiques étrangers à se rendre en Ukraine peu après l’invasion russe :
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« Au cours de sa carrière politique, Petr Fiala a remporté deux succès majeurs en l’espace de cinq mois seulement. En octobre 2021, la coalition Spolu ‘Ensemble’ qu’il dirige remporte à la surprise générale les élections législatives et prend le pouvoir avec ses partenaires. Et à la mi-mars 2022, le Premier ministre tchèque devient l’un des premiers hommes politiques étrangers à se rendre à Kyiv, alors que l’armée russe tentait toujours d’envahir la capitale ukrainienne. A l’époque, son voyage en Ukraine était risqué. Mais il était juste et courageux. Combien de fois les citoyens tchèques ont-ils pu être vraiment fiers de leur chef de gouvernement ? Nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions de ressentir quelque chose de cet ordre depuis la révolution de 1989. L’un de ces moments s’est produit à la mi-mars 2022 alors que la guerre faisait rage en Ukraine et que les Russes tentaient d’encercler Kyiv. A rebours des réfugiés ukrainiens qui tentaient à rejoindre la Pologne, Fiala est parti de la Pologne vers Kyiv, accompagné de ses homologues polonais et slovène, Mateusz Mazowiecki et Janez Janša et du vice-Premier ministre polonais, Jarosław Kaczyński. »
Les actions symboliques importantes jouent également un rôle en politique. Et c’est certainement, comme le souligne le chroniqueur de Reflex, ce qu’a représenté le voyage de Petr Fiala à Kyiv il y a trois ans. D’ailleurs, il n’a pas joué les héros à l’époque, et n’a pas éprouvé le besoin de le rappeler dès que possible. « Mais sa politique à l’égard de la guerre en Ukraine est toujours aussi claire qu’elle l’était à l’époque. C’est d’ailleurs cette politique qui a contribué à la bonne renommée à la République tchèque », observe-t-il.