Presse : le maintien de l’ordre lors des meetings politiques en débat
Cette nouvelle revue de la presse s’intéresse d’abord à l’agitation qui accompagne les meetings politiques du chef de file du mouvement ANO Andrej Babiš. Elle propose également quelques réflexions en lien avec la Prague Pride qui se déroule cette semaine dans la capitale tchèque. Nous nous intéresserons ensuite à l’impact du changement climatique sur le débat politique. Un éventuel lien entre le réchauffement de la planète et l’incendie de forêt dans le parc national de la Suisse de Bohême est également évoqué.
L’intervention plutôt musclée de la police contre des opposants au leader du mouvement ANO Andrej Babiš lors d’un meeting dans le sud de la Bohême a provoqué un tollé de réactions sur la scène politique et dans les médias. L’hebdomadaire Respekt a remarqué :
« Les manifestations politiques sont souvent sauvages. La campagne que mène Andrej Babiš en parcourant le pays en caravane est plus sauvage que la plupart d’entre elles, en raison des émotions exacerbées qui les accompagnent et dues tant à ses sympathisants qu’à ses adversaires. Son protagoniste principal a tendance à insulter et à provoquer ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, prétendant qu’ils sont corrompus. Pour provoquer un conflit dans ses meetings, il n’hésite pas à les comparer à des nazis, afin de motiver ses partisans à prendre sa défense. »
Dans une société démocratique, les émotions des deux camps sont compréhensibles. Le problème, comme l’écrit l’éditorialiste, survient lorsque la colère est attisée de manière intentionnelle et lorsque l’intervention de la police paraît disproportionnée. Il faut donc saluer la réaction rapide et déterminée du président de la police qui a rappelé la nécessité pour les forces de l’ordre de respecter les principes législatifs et démocratiques. Une façon de dire que celles-ci doivent effectivement agir conformément à la loi, et non en fonction de leurs sympathies politiques ou personnelles.
Malgré les critiques, le festival des fiertés de retour à Prague
Cette semaine, la capitale tchèque accueille la Prague Pride. Le journal en ligne Deník Referendum relève plusieurs points à propos de ce grand festival des minorités sexuelles:
« L’édition 2022 de l’événement le plus attendu de la communauté LGBTQIA+ s’est heurtée, comme d’habitude, au refus des milieux conservateurs mais aussi à des critiques de la part d’activistes radicaux qui dénoncent la commercialisation de l’événement. Par ailleurs, en signe de désaccord, ces derniers organisent depuis 2019 un événement alternatif, l’Ostrava Pride qui, elle, se réfère à des impératifs anti-capitalistes et à la lutte pour les droits des minorités opprimées. »
Le journal rappelle qu’en Tchéquie, contrairement à la majorité des pays de l’Europe occidentale, le mariage pour tous n’existe toujours pas. Une proposition de loi soumise à la Chambre des députés demande même son interdiction au niveau constitutionnel.
Toujours en rapport avec la Prague Pride, le journal Deník note :
« Toute personne qui n’est formatée par des idéologies et des idées préconçues, se doit de reconnaître la règle de base de l’entente sociale qui veut que l’on accepte tout ce qui ne porte pas préjudice à autrui. Ainsi, les gens qui organisent une réunion ou un festival paisibles méritent d’être soutenus, même si le bon goût des parades a pu être considéré comme discutable dans le passé. Ceux qui n’ont pas envie de suivre l’événement peuvent très bien l’ignorer.. »
L’impact de la hausse des températures sur la politique
L’année en cours montre que la politique des années et décennies à venir sera influencée par la hausse des températures. L’auteur d’un texte publié dans le journal Deník N a appuyé ce constat par quelques récentes données :
« Vendredi dernier, les températures en Tchéquie ont dépassé les 37 degrés à plusieurs endroits. Le fait que cette année il ait plu ici plus que, par exemple, en Slovaquie de l’Est, et que la terre ne se disloque pas sous nos yeux, est le fruit d’un heureux hasard qui ne se reproduira pas nécessairement tous les ans. Bref, même aujourd’hui, la situation n’est pas idéale, les nouvelles sur les chaleurs insupportables étant récurrentes dans les bulletins d’information des médias. S’y ajoutent évidemment des craintes inverses, en lien avec l’absence de gaz russe et concernant la prochaine saison hivernale. »
La journaliste de Deník N fait part de toute sorte de mesures de restriction et d’économie qui sont d’ores et déjà envisagées ou réalisées par les particuliers ou par des entreprises. Pourtant, comme elle l’écrit, « le pays a lourdement sous-estimé les préparatifs aux changements climatiques et énergétiques. Un sujet qui est resté longtemps en marge de l’intérêt des politiques, toutes orientations confondues. »
Le réchauffement climatique et les incendies
Le climat est aussi le sujet d’un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny de ce mercredi. Il rapporte que l’incendie de forêt qui touche depuis plus de deux semaines le parc national de la Suisse de Bohême a soulevé un débat sur le rôle joué par le réchauffement climatique :
« Les données de l’Institut hydrométéorologique tchèque et les rapports des experts le disent clairement : l’impact de la hausse des températures sur la naissance – et surtout sur la propagation – du plus grand incendie de forêt dans l’histoire du pays a été décisif. Durant les 60 dernières années, la température moyenne en Tchéquie a augmenté de deux degrés, soit deux fois plus que dans l’ensemble du globe. Cela dit, dans la région de la Bohême du Nord, entre les villes de Teplice et de Varnsdorf où s’étend la Suisse de Bohême, les températures ont augmenté de quelques dixièmes supplémentaires par rapport à la moyenne tchèque. Le processus de la sécheresse et la présence de scolytes sont autant d’autres éléments qui ont rendu cette forêt particulièrement sensible à tout risque d’incendie massif. »
La Tchéquie manque de spécialistes IT
Le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi s’est intéressé à la situation des experts en technologies de l’information en Tchéquie :
« Selon les dernières statistiques, la Tchéquie recense près de 210 000 spécialistes en informatique, soit 4 % de l’ensemble des travailleurs dans le pays. Comme quelque 65 % des travailleurs tchèques sont d’une manière ou d’une autre liés au système de l’information, il s’agit d’un nombre beaucoup trop bas. Ainsi, par exemple, le secteur de la sécurité cybernétique qui s’avère cruciale à cause de la guerre en Ukraine manque d’un millier d’experts. Tout indique que cette pénurie va encore s’aggraver avec le développement d’une infrastructure informatique de plus en plus sophistiquée. »
La Tchéquie compte dix écoles techniques supérieures où sont enseignées les technologies de l’information. Cette discipline est également inscrite au programme d’étude d’une grande partie des écoles de formation en sciences sociales De même, des cours de programmation sont proposés par les écoles d’enseignement secondaire ou par des institutions privées.
Mladá fronta Dnes constate enfin que les jeunes experts tchèques sont fréquemment sollicités par des sociétés étrangères, « la Tchéquie étant connue comme un centre de développeurs software, innovants et talentueux. »