Presse : jusqu’à quand l’Europe centrale restera-t-elle épargnée par les grands incendies ?

Un incendie à côté d'une route dans le village d'Agia Sotira près d'Athènes.

Cette nouvelle revue de presse se pose d’abord la question de savoir si l’Europe centrale est elle aussi menacée par des incendies semblables à ceux qui ravagent actuellement les pays du bassin méditerranéen. Autres sujets traités : l’avenir incertain de la presse en Tchéquie, la popularité en berne des partis de la coalition gouvernementale, la recherche d’une vision pertinente pour la Tchéquie ou encore la baisse des prix de l’immobilier.

L’incendie de l’année 2022 dans le parc national de  České Švýcarsko | Photo: René Volfík,  ČRo

« La Tchéquie et l’ensemble de l’Europe centrale ont jusqu’à présent plutôt été épargnés par les grands incendies », pouvait-on lire dans Lidové noviny, en lien avec le feu qui sévit un peu partout dans le bassin méditerranéen, et notamment en Grèce, destination très appréciée des touristes tchèques. Toutefois, comme le souligne le quotidien, la situation commence à évoluer :

« Ces deux dernières années, de grands incendies se sont déclarés en Slovaquie, en Autriche, en Allemagne et en Pologne. La Tchéquie, pour sa part, a été épargnée, jusqu’à l’incendie de l’année dernière dans le parc national de  České Švýcarsko (La Suisse de Bohême) qui a causé d’importants dommages sur une grande partie de son territoire. »

Le journal a demandé au climatologue Martin Možný si ce cas de figure est appelé à se reproduire plus souvent. Voici sa réponse :

Le parc national de la Suisse bohémienne un an après de l’incendie | Photo: Jakub Delibalta,  ČRo

« Il est certain qu’il y aura des incendies de grande ampleur ici aussi. L’année dernière, vingt journées tropicales, c’est-à-dire avec une température maximales égale ou supérieure à 30 °C, ont été mesurées en Tchéquie. Or, la moyenne par le passé pour toute l’année était de sept. Il faut donc s’y préparer. Même s’il est peu probable qu’une situation aussi grave que celle dont nous sommes actuellement les témoins dans les pays du bassin méditerranéen se produise ici aussi, nous n’y échapperons cependant pas totalement non plus. Nous avons eu un peu de chance jusqu’à présent, mais cela ne durera pas éternellement. »

De son côté, le journal en ligne Forum24.cz remarquait ceci :

« Il s’avère que le dérèglement climatique et ses effets négatifs progressent beaucoup plus vite que ce que les scientifiques avaient envisagé. Espérons que de nombreux climatosceptiques se trouvaient parmi les touristes tchèques qui ont été évacués de l’île grecque de Rhodes ces derniers jours. Pour eux, les incendies auront peut-être été une sorte de leçon pratique. Malheureusement, le réchauffement climatique ne touche pas seulement ceux qui le nient, mais chacun d’entre nous. »

L’avenir incertain de la presse écrite en Tchéquie

« L’intérêt en Tchéquie pour les journaux papier et la presse dite traditionnelle diminue continuellement depuis deux décennies. Avec Internet, tous ceux qui cherchent des informations disposent aujourd’hui d’un choix sans précédent. » Tel est le constat fait par le quotidien Deník, qui précise encore :

Photo: Martin Vaniš,  Radio Prague Int.

« Malgré ce déclin progressif, 390 000 exemplaires de différents quotidiens restent imprimés et distribués chaque jour dans un pays, la Tchéquie, qui compte un peu plus de 10 millions d’habitants. Autrement dit, pour une personne sur cinq, les journaux papier servent encore de source d'information. Cela concerne en premier lieu les personnes âgées de plus de 50 ans. »

Comme l’explique encore Deník, le gouvernement de Petr Fiala est bien au fait de cette évolution. Pourtant, il envisage  de doubler la taxe sur les journaux, une mesure qui les fragiliserait économiquement un peu plus plus encore. La motivation du cabinet n’est pas très claire, selon le quotidien :

« Il pourrait s’agir d’une volonté d’unifier les taxes. Mais dans ce cas, il serait illogique que les magazines imprimés, contrairement aux journaux, restent au taux actuel et que les livres en soient même totalement exonérés. Peut-être aussi le gouvernement essaie-t-il de boucher un trou de plusieurs milliards de couronnes dans le budget ? Probablement pas, car le profit attendu d’une taxation plus élevée des journaux ne représenterait pratiquement rien compte tenu du niveau du déficit des finances publiques. »

« La seule explication envisageable est que le gouvernement Fiala veut devenir le premier pays d’Europe qui cherche à affaiblir la position des médias traditionnels », ajoute l’auteur sur un ton ironique. « Ce même gouvernement qui a déclaré vouloir lutter contre la désinformation », souligne-t-il encore.

Baromètre politique : les partis de la coalition gouvernementale au plus bas

« Les résultats des sondages sur les intentions de vote sont de nature à inquiéter les partis au pouvoir », signale le quotidien Hospodářské noviny. Selon le dernier sondage de l’agence Median, en effet, les cinq partis qui composent l’actuelle coalition gouvernementale de centre-droit recueilleraient tous esemble près de 37 % des suffrages, tandis que la principale formation d’opposition, le mouvement populiste ANO d’Andrej Babiš, réaliserait un score d’environ 35 %. Le quotidien économique observe à ce propos :

Photo: Brian Merrill,  Pixabay,  Pixabay License

« Si cette tendance se confirme, et tout laisse à penser que ce sera le cas, les partis au pouvoir seront battus non seulement aux élections européennes mais aussi législatives, et Andrej Babiš reviendra au pouvoir dans deux ans. Quelles sont les raisons de cette tendance ? D’un côté, les mesures impopulaires prises par le gouvernement et ses erreurs, de l’autre côté, le bon travail marketing de l’opposition. »

Il est vrai que les prochaines élections législatives ne se tiendront que dans deux ans et qu’il apparaît normal que les intentions de vote pour les partis gouvernementaux soient actuellement au plus bas. Toutefois, comme le prévoit Hospodářské noviny, « à moins que les partis au pouvoir ne changent fondamentalement leur processus de décision et leur communication, les prochaines élections seront pour eux synonymes de cuisante défaite. »

Quelle vision pour le Tchéquie ?

Lors d’un débat organisé dans le cadre du récent festival de musique Colours of Ostrava, le Premier ministre Petr Fiala a exprimé sa vision de l’avenir. Selon lui, la République tchèque doit aspirer à devenir l’un des dix pays les plus prospères au monde. Une vision peu réaliste toutefois, selon le site Seznam Zprávy :

Petr Fiala | Photo: Site officiel du parti Občanská demokratická strana  (ODS)

« Nous ne compterons jamais parmi les dix pays les plus performants au monde. Tout simplement parce que nous ne faisons même pas partie des dix pays les plus performants d’Europe. Loin s’en faut. Il y a aussi l’Amérique du Nord, l’Australie, des pays comme le Japon et la Corée. Et des dizaines d’autres pays de ce que l’on appelait autrefois le tiers-monde : ambitieux, affamés et émergeants. Il y a aussi la Chine et l’Inde, qui comptent à eux deux plus de deux milliards d’habitants. »

Ce dont nous avons besoin, selon l’auteur, c’est de définir un domaine dans lequel le pays serait en mesure d’exceller :

« Par exemple, nous pouvons aspirer à être parmi les dix premiers en matière d’adoption de l’IA. Oui, c’est là aussi un plan très ambitieux, mais qui a au moins le mérite d’être pertinent. C’est un objectif auquel on peut s’accrocher et pour lequel on peut commencer à agir. Il faut que le gouvernement tchèque fixe une tâche importante et visible. Quelque chose comme le premier vol vers la Lune. »

Les prix de l’immobilier en baisse

Photo: Jiří Němec,  Radio Prague International

Pour la première fois depuis plus de dix ans, les prix de l’immobilier sont en baisse en Tchéquie, selon de nouvelles données de l’Office tchèque des statistiques. Le site Echo24.cz rapporte à ce propos qu’à Prague, les prix du neuf baissent davantage que pendant la crise financière il y a quatorze ans :

« Au cours du premier trimestre de cette année, les prix des appartements neufs à Prague ont baissé de 6 %, soit la baisse la plus importante depuis 2009. Les données montrent que la dynamique de la baisse des prix de l’immobilier dépasse le rythme de leur déclin à une époque où le pays subissait les effets de la crise financière mondiale. »

Le site précise encore que la baisse des prix reflète la diminution du pouvoir d’achat, due principalement à l’inflation la plus élevée de ces trente dernières années et aux taux d’intérêt particulièrement élevés des prêts immobiliers.