Quel avenir pour l’espace Schengen, dix ans après son élargissement à la Tchéquie ?

Photo: Kai Stachowiak, Pixabay / CC0

Il y a dix ans de cela, le 21 décembre 2007, la République tchèque entrait, avec huit autres pays européens, dans l’espace Schengen. Retour sur cet événement qui a marqué, pour beaucoup, la chute définitive du rideau de fer.

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Dix-huit ans après la disparition des clôtures en fil de fer barbelé entre l’Est et l’Ouest, les hommes politiques avaient une nouvelle fois découpé symboliquement, à l’aide d’une scie, les barrières aux postes-frontières. Des cérémonies et festivités avaient été organisées à la frontière avec l’Autriche ou encore à Zittau, en Allemagne, à l’occasion de l’ouverture de la frontière tchéco-polono-allemande. L’élargissement de l’espace Schengen a été un moment tout particulier pour les habitants de Český Těšín, ville divisée pendant plusieurs décennies entre l’ancienne Tchécoslovaquie et la Pologne, mais également pour les Tchèques et les Slovaques.

Créée suite à la partition de la Tchécoslovaquie en 1993, la frontière entre les deux pays a donc été de facto supprimée. Si les Tchèques se réjouissaient de pouvoir voyager sans passeport au sein de l’espace Schengen, ils ont dû encore attendre quatre ans pour pouvoir accéder, en 2011, au marché du travail européen.

Signés en 1985 par la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, et mis en œuvre dix ans plus tard, les accords de Schengen autorisent la libre circulation des personnes et harmonisent les contrôles des voyageurs au sein de l'espace constitué aujourd’hui par vingt-six Etats européens. Vingt-deux pays signataires appartiennent également à l'Union européenne. Autrement dit, l’espace Schengen englobe actuellement plus de 400 millions d’habitants sur une superficie de plus de 4 millions de km².

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La suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’espace a été remplacée par un renforcement de la coopération des Etats membres dans les domaines de la sécurité et de la justice. Une coopération qui a pris de l’ampleur ces dernières années avec la crise migratoire. Radko Hokovský, directeur du think tank Valeurs européennes explique quels sont les principaux problèmes auxquels les Etats membres sont confrontés en matière de surveillance :

« En ce qui concerne l’immigration illégale, la route méditerranéenne centrale qui mène de la Libye en Italie est particulièrement fréquentée cette année. C’est la frontière extérieure la plus problématique de l’espace Schengen. Dans les années 2015-2016, c’est la frontière grecque qui a été particulièrement touchée. Rappelons aussi que des frontières extérieures de l’espace Schengen se trouvent également en Slovaquie ou en Pologne. Il reste que les frontières maritimes sont les plus difficiles à surveiller. »

Evoquée il y a deux ans, dans le contexte de la crise des réfugiés, la désintégration de l’espace Schengen serait particulièrement douloureuse : d’après les estimations de l’institut allemand Prognos, le rétablissement des contrôles aux frontières coûterait plus d’un billion d’euros sur dix ans.

Par ailleurs, quatre pays se portent actuellement candidats à l’adhésion à l’espace Schengen : Chypre, la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie. Ces pays font néanmoins face à l’opposition persistante de plusieurs Etats membres.