Quelle évolution en Europe, après le double veto ?
Quelle sera évolution dans le processus de l'intégration européenne ? Il va de soi que la question ne préoccupe pas seulement, et de loin, les représentants politiques qui se sont réunis à Bruxelles. Ecoutons l'interview qu'a réalisée à Bordeaux Magda Segertova, lors d'un colloque consacré à Vaclav Havel. Geneviève Even-Grandboulan est professeur émérite à l'Université François Rabelais de Tours.
« Je vais être claire, j'ai voté oui...mais je pense que c'est un projet qui a été très mal présenté, d'une manière très obscure, parce qu'on ne peut pas présenter au peuple un texte qui fait des centaines de pages, ça c'est un peu ridicule. Si l'on avait réduit le texte à quelques dizaines de pages selon le modèle de la Constitution américaine, en parlant seulement de choses qui était l'objet constitutionnel, alors on voterait vraiment sur la Constitution, le peuple doit voter sur les grandes orientations et le reste c'est de la démocratie représentative, on n'a pas besoin de démocratie directe, pour ça... En ce qui concerne l'avenir de l'Europe... je ne suis pas Cassandre pour le savoir. Il est très très difficile à le dire, certains pensent que ça va continuer comme avant, mais moi je n'en suis pas absolument sûre. C'est un moment de crise, mais il y avait déjà plusieurs crises, y compris sous le général de Gaulle, les Français ont provoqué déjà plusieurs crises dans la Constitution, les Anglais aussi de temps en temps, je pense que ce sont des crises d'adolescence, parce que l'Europe se construit quand même et progresse. Le problème pour l'Europe c'est que, comme le disait déjà Jan Patocka, l'Europe se fonde sur l'héritage judéo-chrétien et il faut donc avoir le souci de l'état de son âme et si l'on ne part pas de valeurs spirituelles, on ne fera jamais une Europe durable. Ce qui unit les Européens, c'est un certain socle des valeurs ».