Quelle politique étrangère pour Stanislav Gross?

Stanislav Gross et Vladimir Spidla, photo: CTK

Une grande inconnue. C'est ainsi que diplomates et politiciens définissent la politique étrangère du probable futur Premier ministre Stanislav Gross. L'homme que le président de la République a chargé début juillet de former un nouveau gouvernement, âgé de 34 ans seulement, va devoir faire ses preuves dans le domaine des affaires étrangères, un domaine dans lequel il n'a, pour l'instant, convaincu personne.

Stanislav Gross et Vladimir Spidla,  photo: CTK
Dans les rangs de l'opposition, on doute de l'aptitude du président en exercice de la social-démocratie à prendre position sur des sujets importants au plan international. Jan Zahradil, vice-président de l'ODS, s'interroge : "Je ne sais pas si Gross a en tête quelque opinion que ce soit en matière d'intégration européenne".

Cheminot de formation, le futur chef du gouvernement a obtenu un diplôme de droit, alors qu'il avait déjà entamé sa fulgurante carrière politique. Doué d'un certain talent pour les affaires politiques intérieures et les tractations en coulisses, il avoue lui-même avoir certaines lacunes. L'hebdomadaire Reflex décrit la manière dont il s'est présenté devant le Président de la République, quelques jours avant la démission de Vladimir Spidla : "Me nommerez-vous Premier ministre malgré mon jeune âge, ma méconnaissance de langues étrangères, et mon peu d'expérience en politiques économique et extérieure?", a-t-il demandé à Vaclav Klaus, qui lui aurait répondu sur un ton magnanime que cela ne posait pas de problème particulier, et qu'il lui suffisait de s'entourer de spécialistes compétents.

Stanislav Gross n'aura pas beaucoup de temps pour se mettre dans le bain de la diplomatie. Le calendrier qui attend le futur Premier ministre tchèque au plan international s'annonce en effet chargé. En septembre, il devra prendre position sur l'adhésion de la Turquie à l'UE lors du sommet européen. Avec notamment le budget de l'Union, la ratification de la Constitution européenne sera également l'un des thèmes majeurs des prochains mois, et le choix de la méthode lui reviendra. Il devra aussi très prochainement reconduire dans ses fonctions l'actuel commissaire tchèque à Bruxelles, Pavel Telicka, ou nommer son successeur. En ce qui concerne le domaine militaire, Stanislav Gross et son futur Cabinet auront sans aucun doute à prendre des décisions dans les plus brefs délais sur les opérations dans lesquelles sont impliqués des contingents tchèques, à savoir dans les Balkans, en Afghanistan, et en Irak.

Pour l'ancien dissident et diplomate Alexandr Vondra, Stanislav Gross va devoir faire de gros efforts pour apprendre rapidement l'anglais et les règles du jeu en politique internationale, sous peine de laisser grand ouvert un espace dans lequel pourrait s'engouffrer son futur ministre des Affaires étrangères, mais aussi et surtout le Président Klaus.